terror firmer

Genre : horreur, gore, trash, comédie (interdit aux - 16 ans) 
Année : 1999
Durée : 1h38

Synopsis : Une petite équipe de tournage indépendante dirigée par un metteur en scène aveugle tente de mettre sur pied une nouvelle aventure du super-héros Toxic Avenger. Mais les obstacles ne tardent pas à se multiplier. Aux strictes contraintes budgétaires et surtout à l'incompétence crasse de la petite troupe, s'ajoutent les méfaits d'une tueuse en série qui sème la mort et la terreur dans les environs...

 

La critique :

Il serait probablement inconvenant, voire discourtois de réitérer la trajectoire, ainsi que la carrière cinématographique de Lloyd Kaufman dans cette chronique, puisque nous avons déjà évoqué ses tous premiers balbutiements en tant que comédien, puis en tant que scénariste, producteur et cinéaste. Pour souvenance, Lloyd Kaufman est le créateur thaumaturgique des productions Troma, une firme indépendante qui aura toutes les peines du monde à se départir lors de ses tous premiers ânonnements. C'est donc avec circonspection que Lloyd Kaufman découvre l'oligarchie hollywoodienne.
A l'époque, l'artiste démiurgique est régulièrement tancé, vilipendé et chapitré par ses pairs pour ses hâbleries, ses salacités et son humour rétrograde. Lloyd Kaufman est au mieux considéré comme un vulgaire rejeton dans cet univers corseté et galvaudé par sa ribambelle de vedettes, d'acteurs et de réalisateurs analogues.

Lloyd Kaufman n'oubliera jamais cette expérience amère et conservera de ces années hollywoodiennes quelques fêlures et excoriations indélébiles. Que soit. Lors de ses pérégrinations, il fait la connaissance de Michael Herz, un producteur indépendant avec qui il s'accointe, butine et s'acoquine. Ensemble, ils fondent la société de production Troma. Pour les deux trublions, pas question de céder face aux exhortations et aux instigations fallacieuses de l'univers hollywoodien. Troma doit imprimer son propre monogramme et surtout son appétence pour le gore et la gaudriole.
Hélas, les tous premiers essais, qu'ils se nomment Waitress (Lloyd Kaufman et Michael Herz, 1981), Squeeze Play ! (Lloyd Kaufman et Michael Herz, 1979), ou encore Zombie Island Massacre (John N. Carter, 1984), se soldent unanimement par une rebuffade commerciale. 

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Pour Michael Herz et Lloyd Kaufman, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'au milieu des années 1980 pour connaître les vicissitudes de la notoriété. The Toxic Avenger (1984) érige enfin les productions Troma au firmament de la gloire. A raison, Michael Herz et Lloyd Kaufman jubilent. Les deux histrions tiennent enfin leur revanche sur l'univers hollywoodien. Contre toute attente, cette bisserie trash et goguenarde caracole en tête de peloton via le support vidéo. Mieux, The Toxic Avenger s'arroge subrepticement le statut de film culte.
Ce long-métrage condescendant et horrifique suit les tribulations d'un vengeur toxique. Un vulgaire cacochyme se transmue en un monstre anthropomorphe et épris de vindicte à l'égard de ses pairs. Tout le monde en prend pour son grade, que ce soit le bibendum qui passe son temps à s'empiffrer de savoureux beignets, d'affriolantes gourgandines aux tenues dépoitraillées, ou encore de cette argyrocratie hollywoodienne, soit la cible privilégiée de Lloyd Kaufman et son fidèle prosélyte.

Ce n'est pas aléatoire si The Toxic Avenger s'est inscrit, voire imposé dans la culture populaire américaine. Lloyd Kaufman sait qu'il peut remercier, déifier, voire adouber Toxie, son célèbre vengeur toxique. Le metteur en scène transmute le premier chapitre en une saga lucrative et mercantiliste. D'autres films suivent dans la foulée. Poultrygeist - Night of the Chicken Dead (Lloyd Kaufman, 2006), Punk Rock Holocaust (Doug Sakmann, 2004), Tromeo and Juliet (Lloyd Kaufman, 1996), Atomic College (Richard W. Haines, 1986), Mother's Day (Charles Kaufman, 1980), ou encore Combat Shock (Buddy Giovinazzo, 1986) corroborent l'omnipotence des productions Troma sur le cinéma bis.
Vient également s'agréger Terror Firmer, réalisé par la diligence de Lloyd Kaufman en 1999. En l'occurrence, ce nouvel essai opte pour le didactisme du "film dans le film".

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Le scénario épars de Terror Firmer intègre et incorpore le tournage de The Toxic Avenger. A raison, les thuriféraires répertorient Terror Firmer parmi les crus les plus probants des productions Troma. Certains laudateurs invoquent même la quintessence de la firme Troma. Reste à savoir si Terror Firmer mérite de tels satisfécits et de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Sur Wikipédia, c'est l'interdiction aux moins de 12 ans qui prévaut. Mais sur d'autres sites, c'est la réprobation aux moins de 16 ans qui est de rigueur.
Voilà pour l'anecdote superfétatoire ! La distribution du film se compose de Lloyd Kaufman lui-même (donc à la fois devant et derrière la caméra), Will Keenan, Alyce LaTourelle, Trent Haaga, Sheri Wenden, Debbie Rochon, Yaniv Sharon, Charlotte Kaufman, Gary Hrbek, Joe Fleisher et Ron Jeremy.

Viennent aussi s'additionner, mais dans des apparitions subsidiaires, Eli Roth, Matt Stone, Trey Parker et le "frenchie" Edouard Baer (cocorico !). Attention, SPOILERS ! Une petite équipe de tournage indépendante dirigée par un metteur en scène aveugle tente de mettre sur pied une nouvelle aventure du super-héros Toxic Avenger. Mais les obstacles ne tardent pas à se multiplier. Aux strictes contraintes budgétaires et surtout à l'incompétence crasse de la petite troupe, s'ajoutent les méfaits d'une tueuse en série qui sème la mort et la terreur dans les environs...
Indubitablement, Lloyd Kaufman n'a jamais caché son engouement ni son effervescence pour le gore et le trash, version John Waters. Sur la forme, les productions Troma s'apparentent à des palimpsestes de Pink Flamingos (John Waters, 1974) et autres Desperate Living (John Waters, 1977). 

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Lloyd Kaufman n'a pas oublié. Le réalisateur sait qu'il doit tout, en particulier sa notoriété désormais luxuriante, grâce à un seul et unique film : The Toxic AvengerToujours la même antienne... Depuis, le cinéaste, scénariste et producteur américain n'a eu de cesse de crier haro et de cracher sa bile sur le petit univers hollywoodien. Et Terror Firmer ne déroge pas à la règle... A fortiori, Lloyd Kaufman a conservé de cette expérience évasive et hollywoodienne certaines cicatrices encore bien présentes, voire carrément béantes. Ainsi, Steven Spielberg apparaît comme une cible idoine que Lloyd Kaufman ne cesse de fustiger et de brocarder, notamment pour ses présomptions, son obséquiosité et sa perniciosité. Via Terror Firmer, Lloyd Kaufman ne manque jamais une occasion de gourmander un cinéma américain aseptisé et qu'il agonise d'injures.

C'est sûrement la raison pour laquelle Lloyd Kaufman leste ce long-métrage gore et répugnant de flatulences, de miasmes et autres pestilences de circonstance. Terror Firmer ne badine pas avec le gore, la barbaque et la tripaille. La séquence la plus exubérante concerne cet individu replet cisaillé, décharné et charcuté par un escalier mécanique. En filigrane, le cinéaste nous inflige également de nombreuses séquences lubriques et particulièrement explicites. Indiscutablement, Terror Firmer est probablement le métrage le plus véhément et le plus virulent des productions Troma.
Le syllogisme du "film dans le film" n'est qu'une habile matoiserie fomentée par Lloyd Kaufman afin de proposer une série B jouissive, âpre, lascive et transgressive. 
Les louangeurs des productions Troma seront ici en terrain connu et quasiment conquis, même remarque concernant les aficionados du cinéma underground. A contrario, les néophytes risquent d'être sévèrement décontenancés par cet humour égrillard et cette profusion de prothèses rutilantes. Evidemment, un tel film ne pouvait que rencontrer les dithyrambes et les plébiscites dans les colonnes de Cinéma Choc.

 

 

Note : 15/20

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