Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2014
Durée : 1h29
Synopsis : Après avoir perdu Debbie, son amie d'enfance, dans des circonstances atroces, Laine tombe sur une vieille planchette Ouija dans la chambre de Debbie et tente alors d'y jouer pour dire "Au revoir" à la disparue… Pour l'heure, seul Pete, petit copain de Debbie, accepte de l'aider. Convaincue qu'il ne peut s'agir d'un suicide, Laine mène l'enquête et découvre que l'esprit convoqué par la planchette se fait appeler "DZ" et tient à poursuivre la partie coûte que coûte…Tandis que des événements de plus en plus étranges se multiplient, Laine sollicite l'aide de sa sœur cadette Sarah, de son amie Isabelle et de son petit copain Trevor.Peu à peu, les cinq adolescents se plongent dans l'histoire de la maison de Debbie et comprennent que leur amie n'était ni la première victime, ni la dernière. Et s'ils ne parviennent pas à refermer le portail qu'ils ont dangereusement ouvert, ils connaîtront le même sort que celle qui les a initiés au jeu de Ouija…
La critique :
Lors de la chronique de MA (Tate Taylor, 2019, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/11/20/37629276.html), nous avions déjà évoqué la léthargie et l'anomie du cinéma horrifique actuel. Après avoir sondé et exploré les coursives et les linéaments du torture porn durant les années 2000 - entre autres Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006), le cinéma d'épouvante a également obliqué vers les remakes faisandés. Qu'ils se nomment Leatherface, Michael Myers, Jason Voorhees ou encore Freddy Krueger, tous ces croquemitaines revanchards seront exhumés de leurs sépulcres via de nouvelles versions soporatives.
Mais peu importe. Le public, en manque de barbaque et d'érubescence, répond toujours doctement à l'appel, inlassablement à la recherche de ce fameux Saint Graal. Une chimère...
Hormis quelques exceptions notables (The Descent, Martyrs, Morse, Shaun of the Dead, Grave, Dernier Train pour Busan...), le cinéma d'horreur a perdu de sa verve et de sa luminescence. Tel est le constat dogmatique du cinéma d'horreur actuel. Et c'est ce qu'a parfaitement compris James Wan, l'auteur démiurgique de Saw premier du nom. Le cinéaste, producteur et cacographe n'a cure des instigations des producteurs. Contre toute attente, James Wan affectionne davantage l'épouvante à l'ancienne plutôt que les tortures et les supplices à profusion.
Preuve en est avec Dead Silence (2007), Insidious (2011), Insidious - Chapitre 2 (2013), Conjuring - Les dossiers Warren (2013) et Conjuring - Le Cas Endfield (2016). En l'espace d'une dizaine d'années, James Wan s'est donc arrogé la couronne sérénissime du maître du cinéma horrifique.
Pourtant, formellement, ses longs-métrages ne sont que des palimpsestes de Poltergeist (Tobe Hooper, 1982) et de La Maison du Diable (Robert Wise, 1963). Il n'en fallait pas davantage pour relancer l'engouement, voire l'effervescence du public pour les esprits démonologiques, surtout après le succès inopiné de la saga Paranormal Activity. Ainsi, la résurgence des phénomènes parapsychiques inspire et engendre toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Sinister (Scott Derrickson, 2012), Dark Skies (Scott Charles Stewart, 2013), Grave Encounters (The Vicious Brothers, 2011), Annabelle (John R. Leonetti, 2014), La Nonne (Corin Hardy, 2018), La Malédiction de la Dame Blanche (Michael Chaves, 2019), ou encore La dame en noir (James Watkins, 2012) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner Ouija, réalisé par la diligence de Stiles White en 2014. A ce jour, Ouija reste la seule et unique réalisation du metteur en scène. Pourtant, dans l'univers cinématographique, Stiles White ne fait pas vraiment office de noviciat, loin de là... L'artiste a tout d'abord démarré sa carrière en tant que superviseur des effets spéciaux (Congo, Lake Placid, Small Soldiers, Jurassic Park 3 et Le Sixième Sens, entre autres), puis en tant que scénariste (Boogeyman et The Possession). Le projet Ouija est initié par Michael Bay.
A l'origine, Ouija doit s'adresser à un public familial et épouser les artefacts du cinéma fantastique. Mais le budget escompté dépasse allègrement les sommes imparties. Le tournage est différé à maintes reprises. Après d'interminables louvoiements et atermoiements, Ouija est finalement réalisé par Stiles White en dernier recours.
C'est donc avec peu d'enthousiasme que le metteur en scène s'affaire à la tâche. Stiles White doit également composer avec un budget famélique. Paradoxalement, le long-métrage se solde par un succès pharaonique lors de son exploitation dans les salles obscures. C'est aussi la raison pour laquelle une suite, ou plutôt une séquelle, Ouija - Les Origines (Mike Flanagan, 2016), est réalisée dans la foulée. Si le premier chapitre ameute les foules dans les salles, il récolte à l'inverse les saillies et les acrimonies des critiques et de la presse spécialisée.
Reste à savoir si Ouija mérite - ou non - de tels persiflages. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution de ce film d'épouvante se compose d'Olivia Cooke, Ana Coto, Daren Kagasoff, Bianca A. Santos, Douglas Smith, Shelley Hennig, Sierra Heuermann, Lin Shave, Claudia Katz Minnick, Vivis Colombetti et Robyn Lively.
Attention, SPOILERS ! Après avoir perdu Debbie, son amie d'enfance, dans des circonstances atroces, Laine tombe sur une vieille planchette Ouija dans la chambre de Debbie et tente alors d'y jouer pour dire "Au revoir" à la disparue… Pour l'heure, seul Pete, petit copain de Debbie, accepte de l'aider. Convaincue qu'il ne peut s'agir d'un suicide, Laine mène l'enquête et découvre que l'esprit convoqué par la planchette se fait appeler "DZ" et tient à poursuivre la partie coûte que coûte…Tandis que des événements de plus en plus étranges se multiplient, Laine sollicite l'aide de sa sœur cadette Sarah, de son amie Isabelle et de son petit copain Trevor.
Peu à peu, les cinq adolescents se plongent dans l'histoire de la maison de Debbie et comprennent que leur amie n'était ni la première victime, ni la dernière.
Et s'ils ne parviennent pas à refermer le portail qu'ils ont dangereusement ouvert, ils connaîtront le même sort que celle qui les a initiés au jeu de Ouija… Indubitablement, Ouija réitère les scansions et les arguties du scénario de L'Exorciste (William Friedkin, 1973). Là aussi, il est question d'esprits parasitaires et méphistophéliques en sommeil, subrepticement réveillés par des jouvenceaux en déveine et un peu trop téméraires. Hélas, la métaphore avec le chef d'oeuvre horrifique de William Friedkin s'arrête bien là. Après un préambule horrifique plutôt efficace, Ouija se polarise sur sa galerie de personnages sporadiques et dont on se gausse impérieusement.
Sur ces entrefaites, Ouija s'étire lamentablement sur une heure et 25 minutes de bobine et amalgame toutes les recettes éculées de l'épouvante.
Nonobstant quelques saynètes de frousse savamment fomentées, ce long-métrage d'épouvante se montre inapte à déployer la moindre trame scénaristique. Indiscutablement, Ouija s'adresse exclusivement à un public juvénile. Malencontreusement, Stiles White oublie que ce même public n'est pas un imbécile. Formellement, Ouija s'approxime à cette parfaite vulgate du cinéma d'épouvante actuel via un métrage archétypal et lesté de jump scares. En résumé, Ouija s'apparente à la plupart des DTV (direct-to-video) qui sortent à satiété.
Sans la présence de Michael Bay à la production, le film n'aurait sans doute jamais bénéficié d'une sortie au cinéma et aurait été relégué, manu militari, dans les affres des oubliettes et de la désuétude. Nonobstant ses carences et ses défectuosités, Ouija échappe de justesse à la mention "naveton" avarié, ainsi qu'au courroux fatidique de Cinéma Choc. Certes, on se surprend à tressaillir (gentiment...) quelques fois durant ce métrage horrifique falot et sans aucune envergure. Dans le même genre, on a vu pire, mais on a aussi vu beaucoup mieux. Pour les producteurs avides et mercantilistes, il serait temps, grand temps, de songer à de nouveaux scénarii, ainsi qu'à des longs-métrages un peu plus éloquents.
Hélas, cette requête ne sera pas ouïe par nos chers financeurs, fiers de renouveler derechef les inimitiés via un inévitable Ouija - Les Origines.
Note : 06.5/20
Alice In Oliver