Genre : horreur, slasher (interdit aux - 12 ans)
Année : 2008
Durée : 1h26
Synopsis : Le camp Arawak, dans lequel se déroule le premier film, a été rouvert et redevient le théâtre des opérations. De nouveaux adolescents y viennent en vacances mais parmi eux, Alan, un garçon obèse, est pris comme souffre-douleur par ses camarades qui lui font subir les pires avanies. Or les adolescents qui persécutent le garçon commencent à se faire assassiner les uns après les autres : Alan serait-il le successeur de l'impitoyable tueuse en série Angela Baker ?
La critique :
Suite et fin du cycle consacré à la saga Massacre au Camp d'Eté, soit Sleepaway Camp dans le langage et l'idiome de Shakespeare. Pour souvenance, le slasher acte et officialise sa naissance via la sortie de Black Christmas (Bob Clark, 1974), un film d'horreur qui s'inspire à la fois du giallo et de deux autres classiques sérénissmes ; j'ai nommé Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) et Le Voyeur, aka Peeping Tom (Michael Powell, 1960). Pour le maître du suspense, les éléments anamnestiques de la folie répondent à une dualité irréfragable. Le sociopathe, Norman Bates, véhicule, bon gré mal gré, l'aura machiavélique de sa matriarche revêche et acariâtre.
Dans Le Voyeur, c'est un opérateur-caméra, Mark Lewis, qui s'adonne à sa passion favorite et mortifère : photographier l'instant fatidique et scruter au plus près cet ultime trépas, ainsi que ses yeux qui se dessillent au moment où la victime exhale son dernier soupir.
Le slasher est né et invente (réinvente...) la figure psychopathologique du croquemitaine. Malicieux, John Carpenter se transmute en maître de l'épouvante et réitère les syllogismes concomitants de Psychose, Peeping Tom et Black Christmas via Halloween, la nuit des masques (1978). Cette fois-ci, c'est un certain Michael Myers qui sévit le soir de la fête d'Halloween et étrille des étudiants d'infortune. Le maniaque se tapit derrière un masque d'albâtre et incarne le mal absolu. Le slasher oblique alors vers le thriller horrifique et juvénile.
Impression corroborée par les sagas Vendredi 13 et A Nightmare On Elm Street. Dans le cas de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), les animosités se déroulent à la lisière de Crystal Lake. Sur la forme, rien de neuf à signaler.
Formellement, Vendredi 13 n'est, in fine, qu'un palimpseste d'Halloween, la nuit des masques. Seule dissimilitude et pas des moindres, c'est une matriarche atrabilaire qui estampe et supplicie de jeunes éphèbes. A postériori, la vindicte de cette maternelle donnera naissance à son fils difforme et épris de vindicte personnelle, un certain Jason Voorhees. Dans le cas de A Nightmare On Elm Street, soit Les Griffes de la Nuit (Wes Craven, 1984), le croquemitaine devient une entité démoniaque et onirique qui mutile et dilapide des jouvenceaux durant leurs fantasmagories nocturnes. Evidemment, tous ces slashers âpres et rutilants vont inspirer et engendrer toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma d'exploitation n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Dément (Jack Sholder, 1982), Maniac (William Lustig, 1980), Carnage (Tony Maylam, 1981), Le bal de l'horreur (Paul Lynch, 1980), Jeu d'enfant (Tom Holland, 1988), Massacres dans le train fantôme (Tobe Hooper, 1981), ou encore Meurtres à la Saint-Valentin (George Mihalka, 1981) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'agréger Massacre au camp d'été, réalisé par la diligence de Robert Hiltzik en 1983. Autant l'annoncer sans ambages. Ce film d'épouvante fait partie des slashers les plus probants de la décennie 1980 à cause, entre autres, de son aspect à la fois nihiliste, viscéral et rédhibitoire. Massacre au camp d'été peut notamment escompter sur un "boogeyman" enkysté par ses propres altérités sexuelles. En l'état, difficile d'en révéler davantage... Toujours est-il que le prologue final de Massacre au camp d'été (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/11/11/36761800.html) avait allègrement estourbi nos persistances rétiniennes.
En raison de ce succès inopiné, les producteurs décident de transmuter ce premier chapitre en une pentalogie lucrative et mercantiliste.
Mais dès la sortie de Massacre au Camp d'Eté 2 - Sleepaway Camp 2 (Michael A. Simpson, 1988, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/11/21/36793953.html), la franchise montre déjà de sérieux signes de fébrilité. Massacre au Camp d'Eté 2 joue la carte de l'opportunisme à tous crins et s'enlise dans les méandres du slasher lambda. A contrario, cette suite soporative rapporte suffisamment de prébendes et de pécunes pour justifier le tournage d'un troisième opus, Massacre au Camp d'Eté 3 - Sleepway Camp 3 (Michael A. Simpson, 1989, Source :).
On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence... C'est toujours Pamela Pringsteen, la soeur du "Boss" (donc, Bruce Springsteen, au cas où vous n'auriez toujours pas compris...) qui incarne le croquemitaine bilieux, empoté et revanchard.
Toutefois, la performance de la comédienne reste beaucoup trop approximative pour que ce troisième épisode demeure dans nos mémoires. Il était donc temps de redorer le blason peu soyeux de cette franchise amorphe et en déliquescence. Bien conscient de la vacuité et de l'inanité de la saga, Robert Hiltzik, le réalisateur originel, est de retour aux commandes via Blood Camp - Return to Sleepaway Camp, sorti en 2008. En raison de son statut de bisserie adventice, Blood Camp n'a pas bénéficié d'une distribution dans les salles obscures.
En outre, le metteur en scène démiurgique devra se contenter d'une sortie en vidéo. Cette quatrième prévarication sur pellicule est censée rattraper les carences et les approximations de ses antécesseurs. Reste à savoir si Blood Camp remplit - ou non - son office.
Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution de ce slasher se compose de Felissa Rose, Vincent Pastore, Jackie Tohn, Erin Broderick, Johnathan Tiersten, Isaac Hayes, Michael Gibney et Kate Simses. Attention, SPOILERS ! Le camp Arawak, dans lequel se déroule le premier film, a été rouvert et redevient le théâtre des opérations. De nouveaux adolescents y viennent en vacances mais parmi eux, Alan, un garçon obèse, est pris comme souffre-douleur par ses camarades qui lui font subir les pires avanies. Or les adolescents qui persécutent le garçon commencent à se faire assassiner les uns après les autres : Alan serait-il le successeur de l'impitoyable tueuse en série Angela Baker ?
On ne change pas une formule gagnante. Tel semble être le principal leitmotiv de la saga Sleepaway Camp depuis ses tous premiers balbutiements.
Via le retour de Robert Hiltzik derrière la caméra, le spectateur ingénu est légitimement en droit de réclamer davantage d'éloquence, de raffinement et de subtilité. La requête est partiellement ouïe par un Robert Hiltzik en mode pilotage automatique. Certes, le cinéaste a au moins le mérite de se délester de la médiocre Pamela Springsteen. En outre, on retrouve donc la fameuse Felissa Rose dans son rôle le plus notoire, celui d'Angela Baker, cet être hermaphrodite et qui a juré haro sur le camp d'Arawak. Finalement, rien n'a changé depuis le slasher des années 1980.
"Un été de rêve pour vos enfants sur un simple coup de fil !", déclame dogmatiquement la voix euphorique de la secrétaire du camp. Elle ne croit pas si bien dire... Certes, à aucun moment, Blood Camp ne réédite les fulgurations ni les impertinences du tout premier chapitre.
Certes, toutes les victimes ne sont que des figures anémiques et archétypales que Robert Hiltzik s'amuse à apostropher, à narguer, à dilapider et à rudoyer. Pourtant, au détour de tous ces visages prototypiques, Blood Camp se montre suffisamment philanthrope pour - à minima - sustenter l'appétit pantagruélique des amateurs patentés de slashers. Blood Camp remplit donc le minimum syndical, ni plus ni moins. Malencontreusement, ce slasher est aussi victime de ses propres digressions, via un humour faussement corrosif et égrillard.
Bref, il serait temps, grand temps, de cesser les belligérances rougeoyantes. Hélas, la sénescence se poursuivra via un inévitable Sleepaway Camp 4 - The Survivor (Robert Hiltzik et Jim Markovic, 2012), un quatrième méfait qui est, en réalité, le cinquième et ultime volet de la franchise. Allez comprendre...
Note : 10/20
Alice In Oliver