Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 1997
Durée : 1h33
Synopsis : Edward, un jeune homme réservé, est engagé comme monteur chez un producteur de films d'horreur. Il doit enlever les scènes les plus sanglantes et les plus gores des films. Mais petit à petit les images qu'il voit s'impriment dans son esprit et Edward va bientôt devenir plus démoniaque et sanguinaire que les images qu'il censure...
La critique :
Non, le cinéma d'épouvante n'est pas seulement transi par les blockbusters décrépits, les zombies anthropophages, le torture porn et les activités parapsychologiques. En vérité, c'est surtout la série B qui harangue et prédomine sur le cinéma horrifique. Ainsi, plusieurs cinéastes éminents débuteront dans le cinéma indépendant. Pour souvenance, Peter Jackson, le futur réalisateur de la trilogie Le Seigneur des Anneaux (2001 - 2003), de King Kong (2005), et de la trilogie (encore...) Le Hobbit (2012 - 2014), s'est tout d'abord attelé au cinéma bis.
Pour preuve, ses premiers travaux se nomment Bad Taste (1987), Les Feebles (1989) et Braindead (1992). Si ces trois premiers longs-métrages ne bénéficient pas d'une exploitation dans les salles obscures, ils s'illustrent néanmoins dans les festivals.
Les thuriféraires du cinéma d'horreur exultent et décèlent chez Peter Jackson un immense potentiel. Pourtant, le metteur en scène australien délaissera le gore potache, les extraterrestres cannibales et les zombies rutilants au profit de productions beaucoup plus dispendieuses et présomptueuses. En l'occurrence, Sam Raimi suivra - peu ou prou - le même parcours analogique. Le cinéaste débute en bricolant plusieurs courts-métrages, notamment Out West (1972), Uncivil War Birds (1976), Mystery No Mystery (1976), Six Months To Live (1977), ou encore It's Murder ! (1977). Sam Raimi sait qu'il peut escompter sur le soutien indéfectible de fidèles comparses.
Il se lance dans la réalisation de son tout premier long-métrage. Ce sera Evil Dead (1981), une série B nantie d'un budget de 350 000 dollars.
A fortiori, rien ne prédestine ce film au budget anémique à coudoyer les firmaments de la gloire. Mais lors de sa diffusion et de sa présentation (en compétition...) dans différents festivals, Evil Dead s'arroge toute une myriade de récompenses sérénissimes. A raison, Sam Raimi jubile. Mieux, Evil Dead devient un véritable bréviaire pour plusieurs générations de cinéastes et de laudateurs du cinéma d'horreur. Sam Raimi corrobore cette appétence pour le gore, l'horreur et cet humour égrillard en cédant à la mode du slasher (Mort sur le Grill, 1982), très en vogue durant la décennie 1980. Grisé par le succès inopiné d'Evil Dead, Sam Raimi transmute le premier chapitre en une trilogie lucrative.
Evil Dead 2 (1987) affermit la notoriété de la saga et est souvent considéré comme le volet le plus éloquent de la série.
Evil Dead 3 - L'Armée des Ténèbres (1993) conclut la franchise en apothéose en obliquant davantage vers le fantastique, le Moyen-Âge et les rodomontades. Personne n'aurait misé le moindre "kopeck" sur la saga Evil Dead. Par ailleurs, Sam Raimi aura toutes les peines du monde à trouver un distributeur pour ériger sa franchise rougeoyante, même après le succès pharaonique du premier volet. Mais peu importe. Aux yeux des amateurs patentés du cinéma d'horreur, Evil Dead s'inscrit dans la culture populaire et devient (derechef...) cette trilogie référentielle.
Bien des années plus tard, le cinéaste Fede Alvarez signera un reboot éponyme en hommage au film de Sam Raimi. Indubitablement, Evil Dead devient un véritable phénomène. Cette singularité n'échappe pas à certains metteurs en scène qui ont prêté allégeance à Evil Dead.
Preuve en est avec Evil Ed, réalisé par la diligence d'Anders Jacobsson en 1997. Le metteur en scène provient des terres suédoises. En outre, difficile de dénicher la moindre information - même élusive - sur ce cinéaste. A fortiori, selon nos sources, Evil Ed constituerait la seule et unique réalisation d'Anders Jacobsson. Depuis, le metteur en scène semble avoir mystérieusement disparu des écrans-radars... Mais vous l'aurez sans doute subodoré. Via son intitulé en mode paronyme voire quasiment paronyme, Evil Ed fait évidemment voeu d'obédience au fameux Evil Dead.
A l'instar de son auguste devancier, Evil Ed ne connaîtra pas les honneurs ni les faveurs d'une sortie dans les salles obscures. En l'occurrence, Evil Ed devra se colleter et se départir à travers toute une pléthore de festivals.
En sus, le film possède d'autres arguties dans sa besace et vient également renâcler du côté de Braindead, d'Eraserhead (David Lynch, 1980) et même des productions Troma. A priori, tous les argumentaires sont ici coalisés pour ériger Evil Ed parmi les séries B les plus probantes. Reste à savoir si Evil Ed mérite - ou non - qu'on s'y attarde... Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... En outre, c'est plutôt la circonspection qui est de mise puisque les critiques se montrent plutôt pondérées à l'aune des fulgurations prodiguées par Evil Ed.
La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Johan Rudebeck, Per Löfberg, Olof Rhodin, Camela Leierth, Gert Fylking, Cecilia Ljung, Dan Malmer, Kim Sulocki et Göran Lundström ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! Edward, un jeune homme réservé, est engagé comme monteur chez un producteur de films d'horreur. Il doit enlever les scènes les plus sanglantes et les plus gores des films. Mais petit à petit les images qu'il voit s'impriment dans son esprit et Edward va bientôt devenir plus démoniaque et sanguinaire que les images qu'il censure... Indiscutablement, Evil Ed n'a pas pour aspérité de se cacher derrière ses références qu'il prodigue ostensiblement (outrageusement...) durant sa durée élusive (à peine une heure et demie de bobine).
Au détour de certaines saynètes visionnées par le héros du film et au détour de quelques oriflammes qui apparaissent en filigrane (notamment La Mouche et The Toxic Avenger...), Evil Ed s'ébaudit de cet univers fantasmagorique et auréolé par les prismes de l'indécence et de l'impertinence.
Sur ce dernier point, le long-métrage d'Anders Jacobsson remplit doctement son office et devrait - à minima - satisfaire l'appétit pantagruélique des aficionados du cinéma d'horreur. Ce n'est pas aléatoire si Evil Ed est interdit aux moins de 16 ans. Au moins, côté gore, Evil Ed ne badine pas avec la barbaque et la tripaille via des corps dilacérés, des tripes qui sourdent de la cavité abdominale et des têtes ciselées, tranchées ou décapitées à satiété ! Bref, bienvenue dans Evil Ed ! Précautionneux, Lars Jacobsson apporte beaucoup d'érudition et de raffinement aux effets visuels et spéciaux, très impressionnants pour l'occasion. Malencontreusement, Evil Ed n'est pas exempt de tout grief.
Premier bémol et pas des moindres, le film n'exploite jamais - ou alors peu ou prou - un scénario pourtant prometteur.
Cette descente dans la folie et dans les limbes infernaux de la psychasthénie mentale manque singulièrement d'éloquence. Même remarque concernant l'interprétation, au mieux famélique. Mention spéciale à l'acteur principal, le pauvre Johan Rudebeck qui passe son temps à vociférer et à ondoyer dans tous les sens. In fine, on pourra également stipuler une certaine redondance narrative. Ainsi, le scénario montre rapidement ses écueils et ses principales carences. Contre toute attente, Lars Jacobsson n'élabore aucune introspection sur le rapport que le spectateur entretient avec ce cinéma inconvenant et virulent, un comble pour un film d'horreur qui traite - notamment - de la filiation que nous entretenons avec le pouvoir hégémonique de l'image. Après une première section paroxystique, Evil Ed perd subrepticement de sa verve et de sa condescendance au fil des minutes.
Cette série B souffre inévitablement de la métaphore avec Evil Dead et sa panoplie de consortiums. A défaut de faire ciller l'hégémonie rogue de ses glorieux antécesseurs, Evil Ed ne reste qu'une "bisserie" référentielle (bis repetita) et supplémentaire. Sur la forme comme sur le fond, Evil Ed ne s'approxime qu'à toute une litanie d'effusions sanguinolentes... Et c'est bien dommage...
Note : 11.5/20
Alice In Oliver