giant claw

Genre : horreur, épouvante, science-fiction  
Année : 1957
Durée : 1h15

Synopsis : (1) Lors d'une mission aérienne de calibrage de radars, un ingénieur en électronique aperçoit un objet volant non identifié dont aucun radar n'a pu détecter la présence. Ne le prenant d'abord pas au sérieux, les militaires reçoivent cependant d'autres témoignages similaires, et des avions commencent à disparaître mystérieusement. Ils réalisent rapidement qu'une créature géante, semblable à un volatile, parcourt les airs en semant la destruction, tout en étant apparemment invulnérable aux armes et aux missiles des humains... (1) 

 

La critique :

C'est en se référant au site Nanarland et en particulier sur le lien suivant (Source : http://www.nanarland.com/glossaire-definition-115-C-comme-craignos-monster.html) que l'on peut déceler la définition des "Craignos Monster", un néologisme créé par Jean-Pierre Putters, fondateur du magazine "Mad Movies". Ce terme caractérise "une créature fantastique se distinguant par sa mauvaise conception visuelle, une animation ratée, ou le caractère inabouti de son maquillage". Comme le stipule le site Nanarland, la décennie 1950 sera particulièrement fructueuse en termes d'extraterrestres polymorphes et autres monstres nantis de faciès dolichocéphales.
En outre, Paul Blaisdell, peintre, sculpteur et créateur d'effets spéciaux bricolés en toute hâte, fait partie des parangons les plus éminents de la série Z.

On lui doit notamment plusieurs créatures en carton-pâte et probablement conçues lors d'une soirée un peu trop avinée. Ainsi, des films tels que It Conquered the World (Roger Corman, 1956) et Invasion of the Saucer Men (Edward L. Cahn, 1957) peuvent se targuer de proposer les extraterrestres les plus loufoques et fantaisistes de l'histoire du cinéma de science-fiction américain. Quelques années plus tard, Ed Wood, le "pape" de la série Z, réalisera Plan 9 From Outer Space (1959), une production impécunieuse qui se soldera - l'époque - par une rebuffade commerciale.
Les producteurs et le public, extatiques, se gaussent de cette série B (série Z...) caduque qui amalgame - sans fard - extraterrestres bellicistes et morts-vivants sortis d'outre-tombe. Certes, dans ce genre de production aventureuse, les aliens ont pour vils desseins d'envahir la Terre.

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Seul bémol et pas des moindres, nos chers visiteurs se comptent sur les doigts atrophiés de la main... Les décors parcimonieux menacent à chaque instant de s'écrouler, au grand dam de comédiens largués dans la nature. Certes, tous ces longs-métrages calamiteux ne resteront pas dans les annales du noble Septième Art. Paradoxalement, c'est ce même dilettantisme qui propulse It Conquered the World et sa myriade de consortiums parmi les films les plus activement prisés et recherchés par les thuriféraires de nanars. Parmi ces longs-métrages de science-fiction avariés, le nanar escompte une autre figure proéminente. Son nom ? The Giant Claw, réalisé par la diligence (c'est un euphémisme !) de Fred F. Sears en 1957.  Ce metteur en scène débute sa carrière cinématographique en tant que comédien, essentiellement dans des rôles subalternes.

Il s'illustre néanmoins aux yeux de la populace dans la série Blondie (Chic Young, 1930) et dans plusieurs westerns de Charles Starrett. Fred F. Sears passe enfin derrière la caméra à la fin des années 1940. Aux yeux des producteurs mercantilistes, Fred F. Sears fait office de manne providentielle. Le cinéaste se taille rapidement la réputation d'un artisan patenté de la série B. Son credo ? Réaliser un maximum de films pour un minimum de budget... et de délai ! C'est à travers des films sans envergure qu'il s'érige un simulacre de gloriole. Pourtant, Fred F. Sears connaîtra une gloire éphémère avec la sortie de Les soucoupes volantes attaquent (1956).
Lors du tournage, le réalisateur s'accointe et s'acoquine avec Ray Harryhausen, le grand-père de la stop-motion (image par image). 

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Contre toute attente, Les soucoupes volantes attaquent ameute les foules dans les salles. Suite à ce succès impromptu, Fred F. Sears requiert derechef l'omniscience de Ray Harryhausen derrière les effets spéciaux et visuels de The Giant ClawA l'origine, le budget imparti est plutôt confortable. Hélas, le producteur, Sam Katzman, refuse de débourser sa pécune. Dépité, Ray Harryhausen abandonne le navire dès le premier jour de tournage. Les effets spéciaux sont alors confiés à une petite société mexicaine. C'est la firme en déveine qui est chargée de concevoir l'aigle aux proportions démesurées. Malencontreusement, le résultat est tellement catastrophique que l'équipe technique décide de dissimuler "l'animal" aux acteurs du film. Ces derniers, éberlués, découvriront l'absurdité matoise lors de la première du film. C'est évidemment la consternation qui règne en maître lors du générique final.

Nargué, conspué et ridiculisé, Fred F. Sears préfère phagocyter The Giant Claw des écrans-radars. En très peu de temps, le métrage s'arroge le qualificatif - peu enviable - de nanar décrépit. A l'instar de Plan 9 from Outer Space qui sortira deux ans plus tard, The Giant Claw contient toute une pléthore de stock-shots soutirés de divers documentaires et de reportages de guerre... A ces carences et à ces impondérables, viennent également s'apposer des erreurs de raccord, des comédiens enkystés dans une production exsangue et surtout un rapace qui fait peine à voir et qui traîne lamentablement son "museau" (enfin... son bec !). Reste à savoir si The Giant Claw mérite de tels opprobres et de telles gémonies... Hélas, et vous vous en doutez, la réponse est plus que positive !
La distribution de cette série Z se compose de Jeff Morrow, Mara Corday, Morris Ankrum, Louis Merrill, Edgar Barrier, Robert Shayne, Frank Griffin et Clark Howat. 

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Attention, SPOILERS ! (1) Lors d'une mission aérienne de calibrage de radars, un ingénieur en électronique aperçoit un objet volant non identifié dont aucun radar n'a pu détecter la présence. Ne le prenant d'abord pas au sérieux, les militaires reçoivent cependant d'autres témoignages similaires, et des avions commencent à disparaître mystérieusement. Ils réalisent rapidement qu'une créature géante, semblable à un volatile, parcourt les airs en semant la destruction, tout en étant apparemment invulnérable aux armes et aux missiles des humains ...
(1) Indubitablement, The Giant Claw n'a pas usurpé sa réputation sulfureuse. Plus de soixante ans après sa sortie, The Giant Claw reste ce nanar ubuesque et amphigourique qui caracole en tête de peloton parmi les films de science-fiction le plus désopilants et désastreux.

Comme de coutume dans ce genre de production, les acteurs sont expressément évincés du scénario, particulièrement laborieux pour l'occasion. La star luxuriante et plantureuse, c'est évidemment le volatile dégingandé de service. En raison d'un budget que l'on devine étriqué, le volatile s'approxime davantage à une sorte de balai affublé d'une coiffure hirsute et monté sur deux ressorts. On fera sciemment fi de ces maquettes d'avions approximatives et de ces soldats en plomb censés représenter des militaires en péril. Oui, The Giant Claw contient un nombre incalculable de stock-shots. Oui, la mise en scène est au mieux funambulesque, voire soporative.
Oui, le scénario brille par son amphigourisme et ses tortuosités nébuleuses. Pourquoi, diantre, ce dindon gargantuesque est-il venu pondre des oeufs sur la Terre ? Pourquoi apparaît-il subrepticement sur notre planète ? Enfin, pourquoi est-il auréolé d'un bouclier antimatière ? Autant de questions incongrues et qui resteront sans réponse... Certes, The Giant Claw s'inscrit dans le didactisme de son époque, à savoir cette peur inextricable de la guerre froide, de l'émanation de radiations toxiques nucléaires ou d'une putative invasion de martiens aux intentions belliqueuses... 
Pourtant, The Giant Claw se déleste hâtivement de toutes ces thématiques pour nous prodiguer un véritable salmigondis filmique... Pour l'anecdote superfétatoire, Fred F. Sears décédera un an plus tard, inlassablement poursuivi et hanté par cette production ubuesque... Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...

 

Côte : Nanar

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Giant_Claw