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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans) 
Année : 1996
Durée : 1h40

Synopsis : Elles sont de retour, les créatures géantes sous-terraines de Tremors ! Aujourd'hui, elles terrorisent les champs de pétrole mexicains en avalant tout et tout le monde sur leur passage. Un seul homme est capable de les arrêter et, sans lui, rien n'est possible. 

 

La critique :

Retour à l'agression animale. Que les thuriféraires de Cinéma Choc (mais enfin qui sont-ils ?) se rassérènent. A travers ces lignes diffuses, nous ne commettrons pas l'offense de réitérer l'historique ni la genèse de ce sous-registre du cinéma d'exploitation même s'il sied de rappeler ses rudiments et ses linéaments. Tout commence vers le milieu des années 1960. A l'époque, Alfred Hitchcock réalise Les Oiseaux (1963), un long-métrage eschatologique, à la lisière de l'épouvante et du fantastique. Pour le maître du suspense, la menace provient du vide et d'un néant indicible.
Le metteur en scène britannique ne fournit aucune explication rationnelle sur les assauts récurrents des volatiles atrabilaires. Une décennie plus tard, Steven Spielberg propose - peu ou prou - la même rhétorique via Les Dents de la Mer (1975).

Cette fois-ci, la menace est aquatique et se tapit dans les tréfonds de l'océan. Mais, pour Steven Spielberg, le véritable requin, ce n'est pas ce poisson plantureux et à l'appétit pantagruélique qui tortore des touristes en déveine, mais ces édiles politiques fallacieux qui sacrifient la populace au nom de la pécune et de la saison estivale. Les succès concomitants de Les Oiseaux et de Les Dents de la Mer influencent et génèrent toute une pléthore d'épigones. Ainsi, les squales et les crocodiliens deviennent les nouvelles égéries du cinéma horrifique. Des films tels que Piranhas (Joe Dante, 1978), Le Crocodile de la Mort (Tobe Hooper, 1977), Open Water, en eaux profondes (Chris Kentis, 2004), Black Water (Andrew Traucki et David Nerlich, 2007), ou encore The Reef (Andrew Traucki, 2011) sont autant de références et d'illustres bréviaires. Les canidés effarouchés (Cujo en 1983 et Baxter en 1989), les sangliers bilieux (Razorback, Russell Mulcahy, 1984), les gros serpents venimeux (Anaconda, le prédateur Luis Llosa, 1997), ou encore les araignées gargantuesques (Arac Attack, les monstres à huit pattes, Ellory Elkayem, 2002) sont autant de comminations émanant d'une nature en dissidence contre l'espèce humaine.

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Parfois même, cette même nature se révèle pour le moins surprenante via l'apparition d'une nouvelle espèce animale. C'est par exemple le cas de Tremors (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/03/23/36086649.html), réalisé par la diligence de Ron Underwood en 1990. Ce premier chapitre évoque une menace ineffable qui se tapit quelque part dans le sol, happant quelques trublions ingénus dans les coins éculés de l'Amérique contemporaine. Nonobstant son scénario lapidaire, son budget impécunieux et une mise en scène plutôt académique, cette série B adventice flagorne les énamourés du cinéma bis.
Mieux, le film caracole en tête de peloton lors de son exploitation en vidéo. Il n'en fallait pas davantage pour sustenter l'appétit insatiable des producteurs avides et mercantiles.

Ainsi, Tremors 2 - Les Dents de la Terre (S.S. Wilson, 1996), Tremors 3 - Back To Perfection (Brent Maddock, 2001), Tremors 4 - La légende commence (S.S. Wilson, 2004), Tremors 5 - Bloodlines (Don Michael Paul, 2015) et même un Tremors 6 - A Cold Day In Hell (Don Michael Paul, 2018) seront produits dans la foulée. Si aux Etats-Unis, Tremors fait office de véritable phénomène, en France, la franchise reste beaucoup plus timorée. Aujourd'hui, c'est le cas du second volet, Tremors 2 - Les Dents de la Terre, qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes éparses.
A la fois producteur, réalisateur et scénariste, S.S. Wilson fait désormais partie des parangons éminents du cinéma bis. En tant que cacographe, on lui doit notamment des longs-métrages tels que Short Circuit (John Badham, 1986), Miracle sur la 8e Rue (Matthew Robbins, 1987), Appelez-moi Johnny 5 (Kenneth Johnson, 1988), Ghost Dad (Sidney Poitiers, 1990), Drôles de fantômes (Ron Underwood, 1993), ou encore Wild Wild West (Barry Sonnenfield, 1999).

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Pour souvenance, c'est aussi S.S. Wilson qui avait déjà scénarisé la trame narrative de Tremors premier du nom. Pour Tremors 2, le célèbre grimaud s'attelle enfin à la réalisation. Selon les aficionados de longue date, Tremors 2 est souvent considéré comme le chapitre le plus éloquent de la franchise. A contrario, cette suite aventureuse n'échappe pas à certaines saillies et objurgations rédhibitoires. Ainsi, cette seconde prévarication sur pellicule n'élude pas les sarcasmes et les causticités du site Nanarland via une chronique avisée (Source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-tremors2-tremors-2--les-dents-de-la-terre.html). Pourtant, à l'aune de ces nouvelles belligérances, Tremors 2 - à défaut de toiser les firmaments du noble Septième Art - ne mérite sans doute pas le qualificatif de nanar.
Comme nous l'avons déjà notifié, Tremors 2 - Les dents de la Terre est une suite prisée et même révérée par les amateurs patentés de longue date.

La distribution du film se compose de Fred Ward, Christopher Gartin, Helen Shaver, Michael Gross, Marcelo Tubert, Marco Hernandez, José Ramon Rosario et Thomas Rosales Jr. Attention, SPOILERS ! (1) Au Mexique, sur le chantier d'une raffinerie, des ouvriers disparaissent attaqués par des graboïdes. Le directeur décide d'aller chercher à Perfection, petite ville du Nevada, Earl Bassett, le tueur de graboïdes. Il accepte de venir, accompagné de Grady Hoover, un de ses fans, et son ami Burt Gummer, dont il fut aussi une aide d'Earl lors de la première attaque à Perfection.
Malheureusement sur place, les graboïdes vont lui réserver une surprise : ils ont évolué sous une nouvelle forme, à laquelle ils n'étaient pas préparés (1). Autant l'annoncer sans ambages. Les louangeurs du premier volet seront ici en terrain connu et quasiment conquis.

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Certes, à l'instar de son auguste devancier, Tremors 2 - Les Dents de la Terre ne brille pas vraiment par sa bienséance ni son raffinement. On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence... Seule dissimilitude et pas des moindres, l'intitulé de cette suite est mensonger. C'est la grande nouveauté de Tremors 2. Cette fois-ci, les dents aiguisées ne sourdent pas des tréfonds de la terre. Les graboïdes ont subi de nouvelles mutations et arborent désormais une morphologie bipède. Mieux, ce deuxième opus prodigue même quelques informations sur les fameux graboïdes.
L'origine de ces créatures hideuses remonteraient à des temps antédiluviens et même avant la Préhistoire. Toutefois, dans l'ensemble, le scénario reste assez évasif et élude de s'escarper sur ce sujet spinescent. Néanmoins, on a plaisir à retrouver le personnage de Burt (Michael Gross). 

Sur ce dernier point, Tremors 2 joue la carte de la pitrerie et de la rodomontade et tourne systématiquement en dérision chacun de ses protagonistes. Ainsi, Burt passe pour une sorte de frustre encore assujetti aux fantasmagories de la Seconde Guerre mondiale. Quant aux autres personnages, il s'agit au mieux de vulgaires histrions qui passent leur temps à chasser, à s'aviner et s'invectiver. A travers ces portraits peu élogieux, Tremors 2 brocarde et vilipende une certaine classe américaine, à la fois transie par la vindicte personnelle et cette dilection intarissable pour les armes. Au moins, Tremors 2 a le mérite de ne jamais péter plus haut que son derrière.
Cependant, les personnages humains ne présentent qu'un intérêt assez limité. Les véritables vedettes, ce sont évidemment les graboïdes, très en forme pour l'occasion. Les créatures dolichocéphales doivent uniquement se sustenter pour se reproduire et proliférer. Via ce second chapitre, S.S. Wilson rajoute de nouvelles arguties à la mythologie des graboïdes. Certes, à raison, on pourra tonner et déplorer le manque de finesse et de subtilité. Certes, on pourra légitimement gloser et maronner contre des saynètes ubuesques et racoleuses. Paradoxalement, Tremors 2 n'a pas vraiment (du tout...) pour aspérité de toiser la quintessence du Septième Art, loin de là.
A postériori, les deux épisodes suivants perdront de cette fougue immanente à la franchise, avant de retrouver davantage de luminescence à partir du cinquième opus. Tremors 2 reste donc une suite honorable et tout à fait recommandable.

 

Note : 13/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tremors_2_:_Les_Dents_de_la_Terre