trick'r treat 2007

Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2007
Durée : 1h22

Synopsis : Le soir de Halloween, dans une ville, ceux qui ne suivent pas les règles de cette fête le font à leurs dépens... 

 

La critique :

Le film d'horreur à sketchs est un genre iconoclaste et à part entière. Pour déceler les premiers ânonnements et linéaments, il faut sans doute remonter aux années 1920 via Le cabinet des figures de cire (Paul Leni et Leo Birinski, 1924). Le principe ? Toujours la même antienne... Le long-métrage se fragmente en plusieurs segments bien distincts et coalise plusieurs courts-métrages disparates, parfois sans corrélation ostensible. Ainsi, le film d'horreur à sketchs s'approxime à une sorte de bande dessinée ouverte, où il est à la fois question de spectres comminatoires, de zombies anthropophagiques, d'un croquemitaine sévèrement courroucé, ou encore d'une situation anodine qui dérive subrepticement dans la quatrième dimension, ou alors dans une spirale de géhennes.
Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma horrifique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Le train des épouvantes (Freddie Francis, 1965), Au coeur de la nuit (Alberto Cavalcanti, Charles Crichton et Basil Dearden, 1945), Histoires d'outre-tombe (Freddie Francis, 1972), Le caveau de la terreur (Roy Ward Baker, 1973), ou encore Trilogy of Terror (Dan Curtis, 1975) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.

Mais, selon les laudateurs de longue date, c'est le film Creepshow (George A. Romero, 1982) qui fait office de bréviaire et d'oeuvre référentielle. Ce long-métrage d'épouvante s'inspire de la culture populaire et en particulier de l'univers de Stephen King pour faire tressaillir son audimat. Par ailleurs, ce premier chapitre se transmutera en une trilogie mercantiliste et lucrative via un Creepshow 2 (Michael Gornick, 1987) et un Creepshow 3 (James Glenn Dudelson et Ana Clavell, 2006) de sinistre mémoire. C'est par ailleurs le principal écueil du film d'horreur à sketchs.
Non seulement, le long-métrage doit se colleter avec une concurrence apoplectique en la matière, mais il doit, à chaque fois, subir la métaphore avec Creepshow premier du nom. De surcroît, ce registre adventice est victime de son aspect tautologique et d'une certaine iniquité entre ces diverses segmentations. 

téléchargement

 

Sur ces entrefaites, personne (ou presque...) n'aurait gagé sur Trick'R Treat, réalisé par la diligence de Michael Dougherty en 2007, une série B à ne pas confondre avec le film éponyme de 1986. Car Trick'R Treat est issu du cinéma indépendant. En raison de son statut de "bisserie" désargentée, le film n'a pas eu l'heur de connaître une distribution dans les salles obscures. Que soit. A défaut de toiser le firmament des oriflammes, Trick'R Treat s'illustre dans divers festivals. Mieux, aux yeux des cinéphiles avisés, en particulier des louangeurs du cinéma bis, Trick'R Treat fait office de nouvelle référence, tout du moins dans l'univers corseté des films d'horreur à sketchs.
Cette série B, émanant de nulle part, n'aurait même rien à envier à CreepshowTrick'R Treat est produit par Bryan Singer, l'auguste démiurge de Usuel Suspects (1995), X-Men (2000), Superman Returns (2006), ou encore Walkyrie (2009).

Quant à Michael Dougherty, le metteur en scène a surtout officié en tant que scénariste. Comme réalisateur, on lui doit, entre autres, Refrigerator Art (1998), Deadtime Stories (1998), Calling All Robots (2010), Krampus (2015) et Godzilla 2 - Roi des Monstres (2019). Indiscutablement, Trick'R Treat dégage un immense potentiel et a pour velléité de terroriser les jeunes éphèbes les soirs d'Halloween. Par ailleurs, cette célébration de l'épouvante est le principal leitmotiv du film. Toujours est-il que Trick'R Treat reste un film relativement anonyme et confidentiel.
Mais, dixit les propres aveux de Michael Dougherty et Bryan Singer, le long-métrage sera expressément évincé du circuit courant. Même en vidéo, le long-métrage connaît une distribution élusive et finit par s'enliser dans les affres de la désuétude.

trick

Pourtant, Trick'R Treat aurait probablement mérité une sortie - même évasive - dans les salles obscures. Certains aficionados évoquent déjà un film culte en devenir. Reste à savoir si Trick'R Treat mérite - ou non - de tels dithyrambes. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Nonobstant son statut de série B impécunieuse, Trick'R Treat peut au moins s'enhardir de coaliser un casting sérénissime via les présences concomitantes d'Anna Paquin, Brian Cox, Dylan Baker, Leslie Bibb, Quinn Lord, Rochelle Aytes, Moneca Delain, Tahmon Penikett, Lauren Lee Smith et Britt McKillip.
Attention, SPOILERS ! Le soir d'Halloween, dans une petite bourgade américaine, ceux qui ne suivent pas les règles de cette fête le subissent à leurs dépens... Ainsi, Trick'R Treat se segmente en plusieurs sections bien distinctes.

La première renvoie, manu militari, à Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978). Une mère de famille croit percevoir un croquemitaine dans la pénombre. Une fois dans le jardin, elle croit toujours voir le forcené se tapir derrière des draps d'un blanc opaque. En l'occurrence le boogeyman n'est pas ce maniaque écervelé qui se cache derrière un masque d'albâtre, mais plutôt un vulgaire diablotin. Une belle entrée en matière qui devrait logiquement satisfaire l'appétit pantagruélique des amateurs patentés du cinéma d'horreur. 
Dans Trick'R Treat, les apparences sont trompeuses et la chute finale souvent surprenante... Happant littéralement le spectateur médusé à la gorge. Puis, les sections suivantes se polarisent sur un proviseur sociopathique qui a toutes les peines du monde à enterrer un de ses élèves qu'il vient d'étriller, une adulescente raillée et narguée par ses camarades de classe qui atterrira dare-dare dans une partie d'agapes et de priapées avec des loups-garous affamés et, in fine, un vieillard taciturne qui refuse obstinément d'offrir quelques confiseries le soir d'Halloween.

trick-r-treat-2

Ce dernier paiera cher pour sa pingrerie et ses acariâtretés... Via sa mise en scène simplissime et lapidaire, Trick'R Treat renoue avec ces séries télévisées horrifiques de jadis. On pense évidemment à La Quatrième Dimension (Rod Serling, 1959 - 1964), mais surtout à Les Contes de la Crypte (William M. Gaines, 1989 - 1996). A l'instar de ses illustres antécesseurs, Trick'R Treat repose toujours sur un prologue final turpide, fallacieux et cruel. Les protagonistes humains sont généralement des personnages candides, ingénus, spécieux et pusillanimes, là où les créatures prétendument carnassières montrent parfois une once de sollicitude et de munificence.
Certes, ce n'est pas Trick'R Treat qui ravive et renouvelle le genre, mais force est de constater que cette série B le fait avec brio et déférence.

Indiscutablement, Michael Dougherty et Bryan Singer connaissent leurs références. En l'état, Trick'R Treat fait à la fois voeu d'obédience aux slashers, aux zombies décrépits et aux vieux films d'épouvante des décennies 1970 et 1980. Les amateurs du genre épouvante seront donc en terrain connu et quasiment conquis. Surtout, Trick'R Treat fait montre d'outrecuidance et n'épargne ni les femmes, ni les vieillards sénescents, ni les jeunes bambins condescendants. Seul petit bémol, la section avec les lycanthropes n'est pas forcément le segment le plus éloquent.
Mais c'est juste histoire d'ergoter, de grommeler et de ratiociner. A défaut de faire ciller l'hégémonie rogue de Creepshow, Trick'R Treat mérite - à minima - les congratulations de circonstance. Dommage que cette série B, à priori accessoire, soit reléguée dans les oubliettes tant ce long-métrage se montre magnanime dans son didactisme putride et macabre.

 

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver