Genre : horreur, gore, trash, extrême, underground (interdit aux - 18 ans au moment de sa sortie, interdit aux moins de 16 ans aujourd'hui)
Année : 1998
Durée : 1h19
Synopsis : (1) La vie de Mark, jeune botaniste, a basculé lors d'une promenade en forêt. Il a pénétré dans une maison où une femme endormie et semblant très malade était allongée à côté de son mari. Sans raison, à son réveil, cette femme mord Mark au cou. Quand il revient à lui, au bout de plusieurs jours, il réalise avec effroi qu'il a des pulsions cannibales et peu à peu sa peau et ses membres se détériorent. Il commence alors à se transformer en zombie... (1)
La critique :
Certes, pour les thuriféraires de zombies décrépits, ce sous-registre rutilant du cinéma d'épouvante acte et officialise sa naissance via La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968). A l'époque, George Romero n'est pas encore le metteur en scène thaumaturgique qu'il deviendra à postériori. Au moment de la sortie de Night of the Living Dead, le metteur en scène démiurgique ne soupçonne nullement que cette série B impécunieuse va s'arroger le titre de film culte. Pis, la censure se déchaîne et agonit d'injures cette parabole virulente de l'Amérique des années 1960 ; à savoir un Oncle Sam atone, xénophobe et pusillanime. Nous sommes à la lisière d'une époque à la fois révolue et en pleine mutation. Pour la première fois à l'écran, un acteur Afro-Américain (l'excellent Duane Jones) devient la vedette somptuaire d'un film d'épouvante. Hélas, son personnage sera cloué au pilori de la vindicte populaire.
La Nuit des Morts-Vivants inscrit alors son monogramme dans la culture populaire américaine. Son succès inopiné traverse même ses frontières pour s'exporter sur la scène internationale. A raison, George A. Romero jubile. Mais La Nuit des Morts-Vivants n'est pas seulement un film de zombies. Le chef d'oeuvre horrifique de George A. Romero s'approxime à une sorte de métaphore sur une société contemporaine exsangue et condamnée à dépérir... Inexorablement... Le film revêt même une dimension sociologique. George A. Romero poursuivra ce didactisme sociétal via Zombie (1978), Le Jour des Morts-Vivants (1985), Le Territoire des Morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le vestige des morts-vivants (2009). Toutefois, à partir de la décennie 1980, le public commence sérieusement à se lasser de toutes ces hyperboles politiques et sociologiques.
L'audimat réclame davantage de truculence et de goguenardise. La requête est ouïe par un Dan O'Bannon en mode sardonique via Le Retour des Morts-Vivants (1985). Ce long-métrage à la fois hilare, gore et iconoclaste chipe la vedette à Le Jour des Morts-Vivants qui sort dans la foulée. Désormais, les adulateurs de morts-vivants carnassiers préfèrent les épigrammes et les rodomontades. Le genre "zombie" oblique alors vers la comédie sarcastique et corrosive. Preuve en est avec les succès concomitants de Braindead (Samuel L. Jackson, 1992), la trilogie Evil Dead, Redneck Zombies (Pericles Lewnes, 1987) et un peu plus récemment Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2004).
Mais certains réalisateurs indépendants se gaussent impérialement de ces divers épiphénomènes. C'est par exemple le cas d'Andrew Parkinson via Moi, Zombie - Chronique de la Douleur, sorti en 1998.
Selon nos sources, Moi, Zombie - Chronique de la Douleur constituerait la toute première réalisation du metteur en scène. Par la suite, il enchaînera avec Dead Creatures (2001) - la suite de I, Zombie - The Chronicles of Pain, Venus Drowning (2005) et Little Death (2011). Autant l'annoncer sans ambages. Dans l'univers des zombies anthropophagiques, Moi, Zombie - Chronique de la Douleur fait office de véritable bréviaire. En l'occurrence, il sied de rappeler son statut de long-métrage underground. Au moment de sa sortie, Moi, Zombie - Chronique de la Douleur écope de l'ultime animadversion, soit une interdiction aux moins de 18 ans.
La réprobation sera minorée par la suite via une "simple" (si j'ose dire...) interdiction aux moins de 16 ans. A l'époque, la virulence du film détone à l'aune d'une concurrence apoplectique en la matière.
Vous pouvez aisément phagocyter les productions habituelles au profit d'une pellicule macabre, putride et indécente. Reste à savoir si I, Zombie The Chronicles of Pain mérite de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes diffuses de cette chronique... La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms d'Ellen Softley, Dean Sipling, Claire Griffin, Kate Thorougood, Mia Fothergill, Nick Mallinowski et Nana Takahashi ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! (1) La vie de Mark, jeune botaniste, a basculé lors d'une promenade en forêt. Il a pénétré dans une maison où une femme endormie et semblant très malade était allongée à côté de son mari. Sans raison, à son réveil, cette femme mord Mark au cou.
Quand il revient à lui, au bout de plusieurs jours, il réalise avec effroi qu'il a des pulsions cannibales et peu à peu sa peau et ses membres se détériorent.
Il commence alors à se transformer en zombie et assaille des victimes d'infortune... (1) Certes, le genre "zombies affamés" escomptent toute une pléthore de productions analogiques. Au moins dans cet univers galvaudé, Moi, Zombie - Chronique de la Douleur dénote par sa singularité narrative. Ici, il n'est nullement question d'une invasion ou d'une horde de morts-vivants à l'appétit pantagruélique, ni d'oraisons funèbres qui préfigurent des temps eschatologiques. Moi, Zombie - Chronique de la Douleur doit se colleter et se départir avec un budget anémique.
Paradoxalement, une certaine érudition a été prodiguée à la conception des maquillages et des effets spéciaux du film. Formellement, Moi, Zombie - Chronique de la Douleur s'avoisine à une sorte de périple mortuaire dans les confins de la décrépitude suite à une inoculation inopinée.
D'un point de la vue de la mise en scène, Moi, Zombie - Chronique de la Douleur s'apparente parfois à une sorte de documentaire qui se focalise sur la longue sénescence de son protagoniste principal. Sur la forme, I, Zombie The Chronicles of Pain rappelle davantage l'ambiance putride de Nekromantik (Jörg Buttgereit, 1987) et n'a pas vraiment pour aspérité de marcher dans le sillage de La Nuit des Morts-Vivants. Certes, il n'est pas - non plus - question de nécrophilie, mais le long-métrage d'Andrew Parkinson s'illustre par sa scabrosité et sur ce lien à la fois étroit et contigu que nous entretenons avec notre propre mort et notre propre déréliction.
Certes, certains cinéphiles avisés pourront déceler - dans ce métrage indépendant - une métaphore sur le SIDA et ses insondables anfractuosités.
Ainsi, après avoir été mordu par une femme agonisante, Mark voit son corps se scléroser et se tuméfier via l'apparition impromptue de pustules. Mais la mutation n'est pas seulement physiologique. Mark ne peut réfréner ses ardeurs anthropophagiques et commence à assaillir des victimes infortunées de passage. Sur ce dernier point, Andrew Parkinson n'élude aucun détail. Ainsi, Mark se délecte à la fois du cervelet, des intestins, des boyaux et des entrailles de ses victimes. Mais il serait mensonger de résumer Moi, Zombie - Chronique de la Douleur à une simple forme de déliquescence. Via cette polarisation sur cette sénescence brutale, le film se veut être une parabole sur notre condition humaine, à la fois émaillée par le deuil, la mort, l'isolement et la déperdition de son âme.
Pour ceux qui s'attendent à un déluge de saynètes d'action, merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates ! I, Zombie - The Chronicles Of Pain s'approxime à un drame intimiste, teinté par la résipiscence et la mélancolie. Cependant, cette série B impécunieuse n'est pas exempte de tout grief. A raison, les contempteurs pourront tonner et grommeler contre un long-métrage un peu (beaucoup trop...) indolent. Moi, Zombie - Chronique de la Douleur risque d'en désarçonner plus d'un, ne serait-ce que par sa nonchalance.
Mais, nonobstant son absence de rythme, ce film reste l'une des figures de proue du genre "zombie", à condition de ne pas attendre une comédie égrillarde, ni un gros film d'action (aux antipodes d'un Resident Evil) qui pétarade dans tous les sens.
Note : 14.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Moi,_zombie_:_chronique_de_la_douleur