Genre : thriller, policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 2004
Durée : 2 heures
Synopsis : Max est taxi de nuit à Los Angeles. Un soir, il se lie d'amitié avec une dénommée Annie Farrell, une belle femme procureur montée à l'arrière de son véhicule. Quelques minutes plus tard, c'est au tour d'un homme prénommé Vincent de monter dans le taxi. Un businessman, selon toute apparence, avec un emploi du temps chargé : pas moins de cinq rendez-vous à tenir dans la nuit. Max accepte de lui louer ses services jusqu'au petit matin, en échange de 600 dollars. Premier arrêt. Vincent entre dans un immeuble. Un coup de feu éclate aussitôt, un corps plonge dans le vide, s'écrasant sur le toit du taxi. Vincent redescend et, sous la menace de son arme, oblige Max à dissimuler le cadavre dans le coffre et à reprendre son mortel périple. Un chauffeur de taxi, un tueur implacable, cinq "cibles" à éliminer, des agents des stups et une équipe du FBI... Leurs destins se joueront cette nuit...
La critique :
A la fois, cinéaste, producteur et scénariste américain, Michael Mann est issu d'une prestigieuse université du Wisconsin-Madison. Fraîchement diplômé, il oblique vers le monde télévisuel et s'aguerrit à travers des téléfilms et des séries télévisées. Vegas (1979), Comme un homme libre (1979), Les incorruptibles de Chicago (1987), L.A. Takedown (1989) et Luck (2011) sont autant de séries proverbiales qui corroborent ses appétences pour le polar, le thriller et le registre policier. Michael Mann n'a jamais caché sa dilection, ainsi que ses accointances avec des oeuvres telles que Scarface (que ce soit la version de 1932 ou le remake éponyme de Brian de Palma), L'Impasse (Brian de Palma, 1994), La Soif du Mal (Orson Welles, 1958), Le Parrain (Francis Ford Coppola, 1972), ou encore Les Incorruptibles (Brian de Palma, 1987). Il réalise son tout premier long-métrage vers l'orée des années 1980 via Le Solitaire (1981).
Michael Mann enchaîne alors avec La forteresse noire (1983) et Le Sixième Sens (1986), deux autres essais qui se soldent par une rebuffade commerciale, avant d'obtenir davantage de reconnaissance à postériori. A partir des années nonante, il oblique essentiellement vers l'industrie cinématographique. C'est le film Le Dernier des Mohicans (1992) qui lui permet de coudoyer les firmaments de la gloire. Enfin reconnu par ses pairs et désormais adoubé par les critiques spécialisées, Michael Mann peut également escompter sur l'obédience du public.
Désormais, le cinéaste coule des jours pérennes. Il accrédite son omnipotence sur l'univers hollywoodien avec Heat (1995), Révélations (1999), Ali (2001), Miami Vice : deux flics à Miami (2006), Public Ennemies (2009) et Hacker (2015).
Vient également s'agréger Collateral, sorti en 2004 et dont le scénario nébuleux est le résultat d'un long processus d'écriture. Une première version du script est griffonnée par la diligence de Stuart Beattie durant ses années estudiantines, puis le script atterrit, quelques années plus tard, entre les mains de nouveaux grimauds. Frank Darabont rectifie à son tour les lignes et les précieux atours du scénario, censé se dérouler dans la ville de New York. Alors que le projet Collateral doit échoir entre les mains de Mimi Ledder, les producteurs optent finalement pour Michael Mann.
Malicieux, le metteur en scène décide de déplacer les animosités dans la ville de Los Angeles. Plusieurs éminents acteurs seront envisagés et même approchés pour camper les rôles principaux de Collateral, notamment Robert de Niro, Adam Sandler, Russel Crowe ou encore Val Kilmer.
Ce dernier est même enrôlé pour incarner le personnage de Fanning, un policier opiniâtre, mais Val Kilmer vaque déjà sur d'autres projets cinématographiques, et doit s'affairer au tournage d'Alexandre (Oliver Stone, 2005). Pour incarner le rôle de Vincent, un redoutable tueur à gages, Michael Mann opte pour Tom Cruise, un rôle antagoniste pour le comédien, plutôt habitué à camper des personnages probes, affables, et croquignolets. Viennent également s'additionner Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith, Peter Berg, Bruce McGil, Irma P. Hall, Barry Shabaka Henley, Javier Bardem, Emilio Rivera et Jason Statham. Via Collateral, Michael Mann toise derechef les firmaments du box-office américain.
Mieux, Collateral se solde par un succès pharaonique lors de son exploitation sur la scène internationale. Ce nouveau polar, mâtiné de thriller, rencontre les plébiscites et les satisfécits des critiques.
Reste à savoir si ce long-métrage mérite - ou non - de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Attention, SPOILERS ! Max est taxi de nuit à Los Angeles. Un soir, il se lie d'amitié avec une dénommée Annie Farrell, une belle femme procureur montée à l'arrière de son véhicule. Quelques minutes plus tard, c'est au tour d'un homme prénommé Vincent de monter dans le taxi. Un businessman, selon toute apparence, avec un emploi du temps chargé : pas moins de cinq rendez-vous à tenir dans la nuit. Max accepte de lui louer ses services jusqu'au petit matin, en échange de 600 dollars. Premier arrêt. Vincent entre dans un immeuble.
Un coup de feu éclate aussitôt, un corps plonge dans le vide, s'écrasant sur le toit du taxi. Vincent redescend et, sous la menace de son arme, oblige Max à dissimuler le cadavre dans le coffre et à reprendre son mortel périple.
Un chauffeur de taxi, un tueur implacable, cinq "cibles" à éliminer, des agents des stups et une équipe du FBI... Leurs destins se joueront cette nuit... Depuis la réalisation de Heat, un polar qui fait désormais office de bréviaire, Michael Mann est devenu le chantre du registre policier. Mais dans l'univers du cinéaste, la voyoucratie comme les policiers ne sont pas des figures archétypales. Chaque personnage a sa raison d'être et ses propres démons existentiels. En l'occurrence, Collateral flirte, de prime abord, comme une sorte de buddy movie fonctionnant sur une dualité en discordance.
Bon gré mal gré, Max, un chauffeur de taxi, doit collaborer avec Vincent, un tueur à gages qui exécute ses contrats avec une étonnante acuité. Au détour de ses pérégrinations, le chauffeur infortuné va rencontrer sa future énamourée, puis rendre visite à sa mère convalescente à l'hôpital, le tout corseté par les précieuses instigations de son oppresseur.
Pourtant, nonobstant certains apparats matois, Vincent n'est pas cet exécuteur flegmatique ni impavide. Ses cibles sont majoritairement d'anciens bandits à la dérive, des personnages inamicaux et pusillanimes. Pis, le criminel devient cette sorte de mentor qui s'octroie carrément le droit d'ingérence sur la propre vie de Max. Ainsi, le bandit invective et semonce le patron du chauffeur. Il exhorte également son malheureux collaborateur à tangenter vers de nouveaux desseins et projets professionnels. Contre toute attente, cet harceleur inopiné n'est pas cet assaillant sociopathique et affabulateur, mais bel et bien une sorte de réceptacle, voire presque de bienfaiteur.
Michael Mann s'ébaudit incessamment de cette dichotomie entre deux personnalités antinomiques. Cette antilogie va se dérouler à travers les anfractuosités Los Angeles, une ville aux rues tentaculaires.
Indubitablement, c'est la cité, de taille cyclopéenne, qui constitue le personnage proéminent du film. La ville apparaît ici comme une sorte de labyrinthe cosmique et nanti de constellations aux sinuosités multivoques. Indiscutablement, Collateral possède de nombreuses arguties dans sa besace pour enjôler un large audimat. Tout d'abord, on apprécie de voir Tom Cruise dans un rôle antagonique et pour lequel le comédien n'est guère coutumier. Pourtant, l'acteur fait montre de solennité dans ce personnage disparate et presque issu de la quatrième dimension.
Los Angeles n'est plus seulement une immense cité disparate, mais une sorte de territoire, aussi dense qu'ineffable. Michael Mann affine cette impression d'un univers exponentiel via toute une kyrielle de vues panoramiques et de plongées in situ de la ville. Oui, Collateral revêt donc à la fois des dimensions systémiques et cosmologiques. Ce polar ne se résume pas seulement à une filiation, à une altérité, ou encore à une dissension entre un tueur à gages et son chauffeur de taxi, mais à des enjeux beaucoup plus nébuleux et qui dépassent ses propres protagonistes.
Collateral s'auréole donc d'une certaine once d'ésotérisme. Pour Michael Mann, c'est l'individu qui se noie dans la ville et qui finit tôt ou tard par disparaître. Inexorablement... Si Collateral n'atteint pas la quintessence ni la magnificence de Heat, il n'en demeure pas moins un polar d'une redoutable probité.
Note : 15/20
Alice In Oliver