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Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2018
Durée : 1h06

Synopsis : Un serial killer asiatique mutile, supplicie et étrille des jeunes femmes à la chaîne. Mais, un jour, au fil de ses pérégrinations meurtrières, il assaille une belle demoiselle, elle aussi victime de pulsions sadiques et sociopathiques. Sur ces entrefaites, Brutal se polarise sur cette rencontre fortuite, sur ces deux parcours criminels et sur cette symbiose sanguinolente qui nait entre les deux énamourés.

 

La critique :

Certes, le cinéma d'horreur américain et européen (en particulier l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne) peut s'enhardir de quelques titres majeurs. C'est sans compter sur le cinéma d'horreur asiatique qui détient - sans aucun doute - la palme de l'ignominie et de l'indécence. Que ce soit Kôji Wakamatsu (Quand l'embryon part braconner, 1966), Hideo Nakata (Ring, 1998), Takashi Miike (Audition, 1999), Takashi Shimizu (Ju-On, 2000), Kim Jee-woon (2 Soeurs, 2003), Sion Sono (Exte, 2007), Yôhei Fukuda (Death Tube, 2010), ou encore Kôji Shiraishi (Ju-Rei - La malédiction, 2004), tous ces augustes metteurs en scène ont marqué le cinéma d'épouvante de leur empreinte indélébile.
Le cinéma d'horreur asiatique se sustente à la fois des légendes urbaines (la saga Ring), du snuff movie opportuniste (Flesh of flowers and blood et The Devil's Experiment), du torture porn décérébré (Grotesque, Kôji Shiraishi, 2009), ou encore de parties d'agapes et de priapées qui dérivent vers le gore et l'hémoglobine (Mu Zan E, Daisuke Yamanouchi, 1999).

C'est sans doute le cinéma underground asiatique qui détient la palme - peu glorieuse - de l'obséquiosité et de la turpitude. Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006) sont priés de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates. D'une façon générale, le cinéma gore asiatique ne badine avec la barbaque ni la tripaille. Les thuriféraires du cinéma trash n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Blood Sisters (Daisuke Yamanouchi, 2000), Shogun's Sadism (Yoji Makiguchi, 1976), Concrete (Hiromu Nakamura, 2004), Red Room (Daisuke Yamanouchi, 1999), Tumbling Doll of Flesh (Tamakichi Anaru, 1998), ou encore Tokyo Gore Police (Yoshihiro Nishimura, 2008). Il ne faut pas non plus omettre l'essor et la prédominance des films estampillés catégorie III. Là aussi, les adulateurs du cinéma underground notifieront à raison des pellicules telles que Camp 731 - Men Behind The Sun (Mou Tun Fei, 1988), The Untold Story (Herman Yau, 1993), Ebola Syndrome (rman Yau, 1996), Run and Kill (Billy Tang, 1993).

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Toutes ces productions érubescentes dénotent par leur âpreté, leur barbarisme et leur primitivisme. Dans le cas de la catégorie III, on peut légitimement invoquer un cinéma d'exploitation qui ne s'embarrasse pas avec la bienséance ni le raffinement. Preuve en est avec Brutal, réalisé par la diligence de Takashi Hirose en 2018. Ce metteur en scène nippon s'est tout d'abord illustré dans le court-métrage via Bandaged (2004), Moratorium (2012) et Return of the Golden Lily (2014). Brutal constitue également le tout premier long-métrage de Takashi Hirose.
Via ce tout premier essai, le cinéaste corrobore sa dilection pour le cinéma underground. Néanmoins, gare à ne pas confondre Brutal avec le slasher calamiteux et éponyme d'Ethan Willey, et sorti en 2007. La version de Takashi Hirose se polarise lui aussi sur le didactisme du serial killer.

Sauf que ce dernier doit se colleter avec son avatar féminin. Il est à nouveau question de ce prisme de la dualité et de l'altérité, ici sous l'égide de la neurasthénie mentale. Dans tous les cas, le cinéma trash asiatique s'illustre à la fois par son éclectisme et son exhaustivité. Autant l'annoncer sans fard. En raison de sa virulence, Brutal a écopé de l'ultime animadversion, soit une interdiction aux moins de 18 ans. De facto, et vous vous en doutez, le long-métrage n'est donc pas passé par le circuit courant de distribution. Pour les laudateurs du cinéma underground, il faudra tenter de déceler cette perle noire sur EBay ou Priceminister. Néanmoins, le film est aisément disponible sur certains sites de streaming. 
Si Takashi Hiro fait office de noviciat dans la profession cinématographique, il s'est néanmoins distingué avec son tout premier long-métrage.

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C'est donc sous les concerts de louanges et de dithyrambes que Brutal a été accueilli par les amateurs patentés du cinéma gore. Reste à savoir si Brutal mérite de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms d'Asami, Katrina Grey, Shigeo Ôsako, Iona, Takashi Nishina, Yukihiro Haruzono et Shinsuke Kato ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Un serial killer asiatique mutile, supplicie et étrille des jeunes femmes à la chaîne.
Mais, un jour, au fil de ses pérégrinations meurtrières, il assaille une belle demoiselle, elle aussi victime de pulsions sadiques et sociopathiques. Sur ces entrefaites,
 Brutal se polarise sur cette rencontre fortuite, sur ces deux parcours criminels et sur cette symbiose sanguinolente qui nait entre les deux énamourés. 

A l'aune de cette exégèse laconique, les aficionados du cinéma underground auront probablement subodoré les contiguïtés matoises avec Grotesque (déjà susdénommé dans cette chronique). Pour souvenance, le torture porn de Kôji Shiraishi dénotait par son humour corrosif et goguenard. A son tour, Brutal joue la carte du torture porn et du long-métrage déviant. Seule dissimilitude et pas des moindres, Takashi Hirose élude l'écueil de la gauloiserie et de la rodomontade pour signer une sorte d'hommage aux productions Grindhouse. C'est probablement pour cette raison que Brutal s'auréole de couleurs granuleuses. Heureusement, la métaphore s'arrête bien là.
Sur le fond, Brutal s'approxime à une sorte d'introspection sur la nature humaine. Brutal revêt une forte connotation sexuelle.

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La thématique la plus proéminente est probablement celle de l'impuissance sexuelle qui conduit vers l'horreur, la turpitude et la mutilation. Cependant, toutes ces thématiques spinescente et essaimées en filigrane auraient mérité un bien meilleur étayage. Brutal se montre beaucoup plus éloquent lorsqu'il se centre sur ses séries d'éviscérations, particulièrement rougeoyantes pour l'occasion. Dès le préambule, Brutal happe littéralement le spectateur à la gorge en le plongeant dans l'antre mortifère du sociopathe. Dans Brutal, l'horreur frappe par sa brusquerie et ses coups de semonce ad nauseam. Les coups de couteaux sont portés de la gorge, en passant par les cavités buccales et vaginales. Les pauvres victimes n'ont qu'à bien se tenir !
Indiscutablement, Takashi Hirose se montre plutôt magnanime en termes d'excoriations, de supplices et de meurtrissures infligés à profusion et sur des souffre-douleurs infortunés et anonymes. A raison, certains cinéphiles circonspects n'y verront qu'une série de débauches de violences gratuites. Pourtant, la force de Brutal ne repose pas seulement sur ces saynètes ignominieuses, mais surtout sur ce curieux oaristys amoureux qui se noue (se dénoue...) entre les deux tueurs en série de service. Indubitablement, Brutal atteint son paroxysme lors de sa dernière segmentation. 
Les thuriféraires du cinéma underground seront en terrain connu et quasiment conquis. Ces derniers auront raison de gager sur les arguties d'un Takashi Hirose déjà chevronné. Brutal n'a donc pas usurpé son statut de thriller horrifique, survolté et écervelé. 

Note : 13.5/20

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