Genre : horreur, gore, trash, extrême, documentaire, shockumentary, death movie, "Mondo" (interdit aux - 18 ans)
Année : 1997
Durée : 50 minutes environ
Synopsis : Autopsy est une série de shockumentaries, voire de death movies, qui, dans la grande tradition du "Mondo", explore les différentes facettes de la mort. Autopsy se fractionne en segments bien distincts. L'épisode du jour s'intitule "The Dead Speak" et cherche à discerner le langage de la mort. Pour y parvenir, experts, policiers, psychologues et experts en nécrophilie se polarisent sur plusieurs décès survenus dans des circonstances troublantes. Meurtre, suicide ou mort naturelle ? Une question à laquelle tente de répondre Autopsy 4 - The Dead Speak.
La critique :
Retour aux "Mondo", aux shockumentaries et plus précisément aux death movies. Ca faisait longtemps... Une semaine au moins... Mais trêve de verbiages et de facéties. Que les fervents adulateurs de Cinéma Choc (mais enfin, qui sont-ils ?) se rassérènent. Via cette chronique, nous ne commettrons pas l'offense de réitérer la genèse et même l'historique du "Mondo". Il sied tout de même de rappeler que c'est le film Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962) qui lance les animosités. Ainsi, ce long-métrage fait à la fois office de shockumentary et de documentaire transi d'authenticité. Mondo Cane se polarise sur les us et les coutumes iréniques de diverses peuplades dans le monde entier. Tantôt pittoresques, tantôt virulentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes condescendantes amalgament sans fard hémoglobine, pitreries et lubricités.
A l'époque, Mondo Cane estourbit durablement les persistances rétiniennes et devient la figure à semoncer et à abattre lors de sa présentation - en compétition - au festival de Cannes. Pourtant, toutes les séquences sont truquées, falsifiées et savamment fomentées par Gualtiero Jacopetti et ses ouailles. Formellement, ce shockumentary s'approxime à une sorte de diaporama sociologique sur le monde qui nous entoure. Ce n'est pas un hasard si "Mondo Cane" signifie, traduit de l'italien, "un monde de chiens". Paradoxalement, Mondo Cane n'est pas cette analyse oecuménique et sociétale qu'il prétend être. Sur le fond, ce "Mondo" inaugure les mutations à venir dans une société en plein chambardement, et encore contristée par les rudiments et les linéaments de la Seconde Guerre Mondiale.
Mondo Cane flatte surtout notre hédonisme à tous crins, ainsi que notre tropisme pour la scopophilie.
En raison de son succès inopiné, Mondo Cane influence et génère toute une pléthore d'épigones. A raison, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi jubilent. Les deux comparses profitent de ce nouvel essor pour se consacrer exclusivement au "Mondo". Cette fois-ci, les deux journalistes, grimés en metteur en scène, se centrent sur la paupérisation du continent africain. Via Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971), les deux comparses corroborent leur appétence pour l'âpreté et le barbarisme ad nauseam. Preuve en est. Ces deux shockumentaries - en particulier Africa Addio - contiennent de nombreuses saynètes de snuffs animaliers. Les thuriféraires du cinéma underground se délectent de toutes ces productions licencieuses et indécentes. Désormais, il est temps de côtoyer la mort, ainsi que cet instant fatidique qui fait passer un individu lambda de vie à trépas.
La requête est ouïe par le cinéma d'horreur et d'exploitation via Face à la Mort, soit Faces of Death (John Alan Schwartz, 1978) dans l'idiome de Shakespeare. Le death movie est né. Son didactisme morbide s'inspire du syllogisme - déjà macabre - de Mondo Cane. A l'instar de son auguste devancier, Faces of Death prodigue un véritable panorama de la mort via plusieurs séquences d'éviscérations chirurgicales, des supplices réellement pratiqués sur la faune et la flore, des accidents de la route, des autolyses et même une visite dans un pénitencier de haute surveillance pour assister à l'exécution d'un condamné à mort. Heureusement, toutes les scènes sont factices et ourdies par un John Alan Schwartz opportuniste. Seules les meurtres et les tortures perpétrés sur des animaux sont hélas bien réelles...
En raison de sa violence et de son nihilisme rédhibitoire, Faces of Death est honni, voué à l'opprobre et aux gémonies dans de nombreux pays.
A contrario, cette censure participe - bon gré mal gré - à édifier la notoriété de ce death movie. Sur la forme, Traces of Death (Damon Fox, 1993), Faces of Gore (Todd Tjersland, 1999), Banned From Television (Joe Francis, 1998), ou encore Death Scenes (Nick Bougas, 1989) ne sont, in fine, que des palimpsestes de Face à la Mort. Dans ce genre de programme rutilant, les réalisateurs prisent et affectionnent le bistouri, l'autopsie et la nécrologie. Pour souvenance, c'est le court-métrage The Act of Seeing With One's Own Eyes (Stan Brakhage, 1971) qui fait office de film prodrome en matière de death movie. John Alan Schwartz et Faces of Death sont donc priés de retourner gentiment dans leurs pénates. De surcroît, The Act of seeing with one's own eyes ne badine pas avec la barbaque et la tripaille. Cette fois-ci, les séquences de mutilation et d'éviscération ne sont pas truquées.
Ainsi, l'autopsie, la chirurgie et la nécrologie sont immanentes à l'enquête policière afin de déterminer s'il s'agit d'une mort naturelle, d'un crime ou d'un suicide. Tel est le principal leitmotiv de la série de documentaires intitulée Autopsy, et sortie en 1997. Ne cherchez pas. Vous ne trouverez pas la moindre trace - même évanescente - de cette série qui se fragment au moins en douze épisodes. Aujourd'hui, c'est le quatrième segment, Autopsy 4 - The Dead Speak, qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes éparses. En raison de ce qu'il montre (à savoir essentiellement des cadavres et des vrais, cette fois !), Autopsy n'élude pas l'ultime réprobation de circonstance, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans. Attention, SPOILERS !
Autopsy est une série de shockumentaries, voire de death movies, qui, dans la grande tradition du "Mondo", explore les différentes facettes de la mort.
Autopsy se fractionne en segments bien distincts. L'épisode du jour s'intitule "The Dead Speak" et cherche à discerner le langage de la mort. Pour y parvenir, experts, policiers, psychologues et experts en nécrophilie se polarisent sur plusieurs décès survenus dans des circonstances troublantes. Meurtre, suicide ou mort naturelle ? Une question à laquelle tente de répondre Autopsy 4 - The Dead Speak. Autant l'annoncer sans ambages. Autopsy 4 - The Dead Speak ne joue pas dans la même cour que la grande majorité des death movies habituels. Sur la forme, chaque documentaire s'avoisine à une enquête policière, néanmoins nimbée par la contrition, la mort et la putréfaction.
Sur ces entrefaites, Autopsy 4 - The Dead Speak se montre beaucoup moins complaisant et surtout beaucoup moins magnanime que la série des Arquivos Da Morte.
Précisons aussi qu'Autopsy 4 - The Dead Speak n'a pas du tout les mêmes aspérités. Au moins, ce shockumentary méphitique dénote des death movies habituels puisque toutes les affaires relatées sont bien réelles. Le spectateur est donc convié sur de véritables scènes de crimes au milieu de macchabées, de crânes et de divers ossements. Vous l'avez donc compris. Autopsy 4 - The Dead Speak n'élude pas les écueils du voyeurisme, de la surenchère et du sensationnel. Toutefois, il serait dommage de bouder notre "plaisir" (si j'ose dire...) puisque ce death movie propose toute une litanie d'affaires glauques et scabreuses. On songe notamment au cadavre de ce vieil homme retrouvé plus de vingt ans après sa mort, sa dépouille ayant été découverte parmi les termites.
Enfin, comment ne pas stipuler le décès malheureux de ce jeune poupon suite à une asphyxie à priori accidentelle ? Après enquête, c'est la matriarche qui sera suspectée, écrouée et finalement condamnée. Le documentaire ne nous épargne aucun détail et nous propose même une autopsie du corps en passant par la gorge jusqu'à la cavité buccale... Certes, Autopsy 4 - The Dead Speak n'impressionnera nullement les aficionados de death movies, mais ce shockumentary se montre tout de même supérieur à la moyenne habituelle via cette introspection sur nos propres accointances avec la mort. Seul bémol et pas des moindres, le propos souffre parfois d'une certaine redondance.
Heureusement, ce programme putrescent et aux exhalaisons fétides se montre plutôt laconique via une durée élusive (à peine 50 minutes de bobine). Tout à fait recommandable, donc !
Note : 12.5/20
Alice In Oliver