Genre : horreur, épouvante, comédie (interdit aux - 12 ans)
Année : 2019
Durée : 1h34
Synopsis : Dave, musicien raté, égoïste et irresponsable, tombe sous le charme de l'institutrice de son neveu, Miss Caroline. Il se porte volontaire pour accompagner la classe lors d'une sortie éducative dans une ferme voisine. Non loin de là, un virus s'échappe d'un camp militaire et une épidémie de Zombies prolifère. Face à l'invasion, Miss Caroline décide de présenter la terrible menace aux enfants comme un jeu éducatif, pour ne pas les effrayer et protéger leur innocence. Dave voit ses plans s'éloigner et va devoir faire face à ses responsabilités...
La critique :
L'univers des zombies n'est pas seulement régenté par la diatribe sociologique et idéologique. Depuis le décès de George A. Romero en 2017, le genre zombie se polarise presque exclusivement sur la comédie égrillarde et goguenarde. Ce tropisme pour les facéties débute dès le milieu dès la décennie 1980 via Le Retour des Morts-Vivants (Dan O'Bannon, 1985). A l'époque, ce long-métrage hâbleur fait office de film condescendant et iconoclaste. Pis, il supplante la sortie concomitante de Le Jour des Morts-Vivants (George A. Romero, 1985).
A raison, George A. Romero fulmine. Sa nouvelle métaphore politique est boudée et conspuée lors de son exploitation dans les salles obscures. A contrario, Le Retour des Morts-Vivants devient la nouvelle égérie d'un genre autrefois en dissonance.
Certes, dans cette comédie rutilante, les morts-vivants s'insurgent toujours contre l'espèce humaine et prolifèrent dans un cimetière, puis dans les coursives oblongues de la morgue. Mais cette fois-ci, les créatures anthropophagiques conversent et s'échinent à seriner les rares survivants humains. Quelques années plus tard, Peter Jackson réalise Braindead (1992), une autre comédie "zombiesque" et funambulesque. Cette fois-ci, les rodomontades se déroulent dans un bain de sang et via une profusion de pitreries et de créatures gargantuesques.
Puis, après une longue période de disette, les zombies effectuent leur résurgence dans les années 2000 via Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2004), toujours sous l'angle de la comédie sardonique. Dixit les propres aveux d'Edgar Wright lui-même, Shaun of the Dead serait à la fois un pastiche de La Nuit des Morts-Vivants (1968) et de Zombie (1978).
La trilogie diligentée par George A. Romero en son temps (La nuit des morts-vivants, Zombie et Le jour des morts-vivants) n'est plus cette métaphore sociétale de naguère. Elle doit désormais obliquer vers la dérision et les fanfaronnades. Tel semble être, par ailleurs, le principal leitmotiv de la majorité des films de zombies actuels, unanimement orientés vers les polissonneries et les pantalonnades. Les thuriféraires du genre n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009), Dead Snow (Tommy Wirkola, 2009), Doghouse (Jack West, 2009), Zombie Strippers (Jay Lee, 2008), Cockneys Vs Zombies (Matthias Hoene, 2012), ou encore l'inénarrable Zombie Ass - Toilet of the Dead (Noboru Iguchi, 2012) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires. L'effervescence du public pour les comédies "zombiesques" est toujours d'actualité.
Et tant pis, si toutes ces productions formulent peu ou prou les mêmes scansions emphatiques... Preuve en est avec Little Monsters, réalisé par la diligence d'Abe Forsythe en 2019. A la fois producteur, cinéaste et scénariste, Abe Forsythe est issu du cinéma indépendant. Le metteur en scène n'est pas vraiment un noviciat dans le paysage cinématographique puisqu'on lui doit Computer Boy (2000), Marking Time (2003), Ned (2003), ou encore Down Under (2016), soit autant de longs-métrages inconnus du bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. En raison de son budget impécunieux, Little Monsters n'a évidemment pas bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures.
Le film semble donc condamné à écumer les rayons DVD via le support vidéo. Toutefois, Little Monsters a pu profiter de certains festivals pour se colleter et se départir avec une concurrence apoplectique en termes d'érubescence.
Hélas, même lors de sa diffusion dans certains festivals, Little Monsters ne laisse pas un souvenir impérissable. D'une façon générale, les avis sont plutôt pondérés à l'égard de Little Monsters. Si certaines critiques décrivent une comédie horrifique plutôt avenante, d'autres pointent - à l'inverse - une certaine lassitude, voire redondance. Reste à savoir si Little Monsters mérite - ou non - le déplacement, voire le visionnage. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Lupita Nyong'o, alexander England, Josh Gad, Diesel La Torraca, Kat Stewart, Charlie Whitley, Kim Thien Doan et Ava Caryofyllis.
Attention, SPOILERS ! (1) Musicien raté et immature, Dave tombe sous le charme de l'institutrice de son neveu, Miss Caroline.
Pour tenter de la séduire, il se porte donc volontaire pour accompagner sa classe lors d'une sortie éducative dans une ferme voisine, construite comme un petit parc d'attractions consacrés aux animaux. Non loin de là, un virus s'échappe d'un camp militaire et l'épidémie fait rapidement des ravages. Face à l'invasion, afin de ne pas effrayer les enfants, Miss Caroline leur présente la menace comme un jeu éducatif. Alors qu'elle démontre son acharnement pour protéger ses jeunes élèves, Dave voit ses plans de séduction s'effondrer et va devoir faire face à ses responsabilités pour l'aider à tuer les morts-vivants qui ont assiégé la ferme... (1) Vous l'avez donc compris.
A l'aune de cette exégèse, vous aurez sans doute subodoré la suite des animosités. Autrement dit, ce n'est pas Little Misters qui risque de bouleverser l'univers foisonnant des zombies.
Pourtant, à priori, le métrage d'Abe Forsythe repose sur un concept plutôt novateur puisque l'invasion des morts-vivants est perçue à travers le regard ingénu de jeunes marmots. Leur maîtresse, Miss Caroline, devra redoubler d'effort pour leur faire croire à une mauvaise blague. Une chimère... Sur ces entrefaites, Little Monsters tente se polariser sur ses deux principaux protagonistes. Miss Caroline se retrouve flanquée d'un musicien raté, Dave. Ce dernier est le parfait archétype du personnage égocentrique, poltron et pusillanime. Mais le jeune homme va devoir se hâter et se démener pour sauver ces jeunes enfants, régulièrement assaillis par des zombies carnassiers.
Little Monsters intervertit les rôles. Ici, c'est la maîtresse qui fait preuve de bravoure et de robustesse pendant que son énamouré masculin fait preuve de désinvolture et de débonnaireté.
Hélas, cette formule laconique montre rapidement ses écueils et ses carences. Si on relève quelques saynètes savamment fomentées, Little Monsters manque singulièrement d'éloquence pour mériter nos bonnes grâces, ainsi que nos congratulations de circonstance. Beaucoup trop doucereux, frileux et croquignolet, Little Monsters élude de sacrifier l'une de ses jeunes figures incongrues. Dès lors, le long-métrage d'Abe Forsythe ne repose que sur cet oaristys amoureux que l'on voit poindre à des kilomètres à la ronde. Formellement, Little Monsters s'approxime à un nouvel avatar de Shaun of the Dead, l'impertinence et l'outrecuidance en moins.
Certes, Little Monsters n'est pas une série B déshonorante, loin de là. Mais cette bouffonnerie inconséquente ne restera pas dans les annales. Maigre consolation, seule la belle Lupita Nyong'o transparaît et permet à cette bisserie exsangue de s'extirper de l'ornière. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Note : 09/20
Alice In Oliver