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Genre : horreur, gore, trash, extrême, documentaire, shockumentary, death movie, "Mondo" (interdit aux - 18 ans)
Année : 1987
Durée : 1h14

Synopsis : Ce shockumentary âpre et déviant se polarise sur les ravages et les méfaits de la drogue à travers le monde. Du Laos, au Japon en passant par la Birmanie et la Thaïlande, Drugs - A River of No Return analyse lé déréliction de certains junkies notoires, mais aussi la façon dont certains opiacés sont fabriqués, avec pour conséquence l'exploitation d'un prolétariat affamé et la paupérisation d'une certaine frange de la population. Tout ce trafic est habilement fomenté par la mafia locale et avec l'assentiment de certains gouvernements. 

 

La critique :

Un petit "Mondo", ça vous dit ? Non ? Vraiment pas ? C'est dommage puisque Cinéma Choc vous propose derechef la chronique d'un shockumentary dans ses colonnes diffuses... En l'espace de quelques mois, le blog est devenu l'expert chevronné du "Mondo" et du shockumentary et détient sans doute le record de death movies chroniqués dans toute la blogosphère française. Un triste record en somme... Que les adulateurs de Cinéma Choc (mais enfin qui sont-ils ?) se rassérènent. Non, à travers cette chronique fastidieuse, nous ne commettrons pas l'offense de réitérer la genèse et l'historique du "Mondo", même s'il sied de rappeler que c'est le film Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962) qui acte et officialise la naissance de ce genre impertinent.
Le syllogisme du "Mondo" obéit peu ou prou à la même ritournelle. 
Ce sous-registre du cinéma underground propose un panorama des us et des coutumes à travers le monde. 

Tantôt virulentes, tantôt truculentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes érubescentes louvoient entre le gore, le pittoresque et les parties d'agapes et de priapées. Sur la forme, le "Mondo" s'approxime à une analyse sociologique de notre société hédoniste et contemporaine, avec ses forces, ses oxymorons et ses carences. Sur le fond, le "Mondo" s'avoisine davantage à un documentaire transi de fatuité. Le "Mondo" a surtout pour velléité de flagorner notre appétence pour la scopophilie à tous crins. Bien conscients de ce nouveau phénomène, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi décident de se polariser sur la paupérisation du continent africain. 
Ainsi, Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971) franchissent un palier supplémentaire dans la turpitude et l'indécence.

Cette fois-ci, le "Mondo" dérive vers le snuff animalier via des supplices pratiqués sur des animaux. Hélas, les parties de chasse, les saynètes d'écurage et d'équarrissage ne sont pas truquées, mais bien réelles. Les frères Castiglioni (Angelo et Alfredo) font preuve d'opportunisme et proposent à leur tour un périple mortuaire sur les terres africaines via Mondo Magic (1975), Africa Ama (1971) et Addio Ultimo Uomo (1978). Puis, après avoir amplement exploré les vicissitudes de l'Afrique, le "Mondo" oblique vers le continent asiatique via le bien nommé Shocking Asia (Rolf Olsen, 1974).
Formellement, ce shockumentary s'apparente à un avatar de Mondo Cane, avec toutefois une appétence pour les bacchanales et la concupiscence. L'Oncle Sam aura le droit aussi à son "Mondo" frelaté avec L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977).

Même la ville de Saint-Tropez relève du tabou, de la censure et de la polémique faisandée via l'inénarrable Saint-Tropez Interdit (José Bénazéraf et Georges Cachoux, 1985). Le concept du "Mondo" sera donc dévoyé à toutes les sauces (si j'ose dire...). Entre les requins (Great White Death, Jean-Patrick Lebel, 1981), les dangers de la savane (Savage Man Savage Beast, 1975), les extravagances du monde occidental (Mondo Bizarro, Lee Frost, 1966) et même les "freaks" (Je ne suis pas un monstre, Kirby Dick, 1987), le "Mondo" n'avait pas encore sondé, ni ratiociné sur le marché et le trafic des opiacés. Rassurez-vous, c'est désormais chose faite avec Drugs - A River Of No Return, réalisé par la diligence de Stelvio Massi en 1987.
A la fois cinéaste et photographe, Stelvio Massi est un pur produit du cinéma bis transalpin.

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Les thuriféraires du metteur en scène - tout du moins s'ils existent - n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Texas (1969), Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera (1970), Quand les colts fument... On l'appelle Cimetière (1971), Les rendez-vous de Satan (1972), L'exécuteur vous salue bien (1977), ou encore Mondo Cane 2000 - L'incredibile (1988) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires. Stelvio Massi a donc bouffé (si j'ose dire...) à tous les râteliers, passant du western au cinéma d'action, et évidemment par le cinéma underground.
Certes, en raison de sa virulence, Drugs - A River of No Return n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures. Même en vidéo, ce shockumentary est quasiment introuvable, ou alors il faudra se contenter de la version originale en italien et délestée de sous-titres français et anglais.

Paradoxalement, Drugs - A River of No Return est un objet prisé et activement recherché par les collectionneurs du cinéma trash. Ce n'est pas aléatoire si ce "Mondo", mâtiné de death movie, a écopé de l'ultime réprobation, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans. Reste à savoir si Drugs - A River of no Return justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Attention, SPOILERS ! Drugs - A River Of No Return est shockumentary à la fois âpre et déviant qui se polarise sur les ravages et les méfaits de la drogue à travers le monde.
Du Laos, au Japon en passant par la Birmanie et la Thaïlande, 
Drugs - A River of No Return analyse la déréliction de certains junkies notoires, mais aussi la façon dont certains opiacés sont fabriqués, avec pour conséquence l'exploitation d'un prolétariat affamé et la paupérisation d'une certaine frange de la population.

Tout ce trafic est habilement fomenté par la mafia locale et avec l'assentiment de certains gouvernements soudoyés. Dès le préambule, Stelvio Massi a le mérite de présenter les animosités. Ainsi, toutes les séquences prodiguées seraient bien réelles, une information néanmoins à euphémiser.  En l'état, Drugs - A River of No Return peut s'enhardir de toute une litanie de lithographies mortuaires. Ainsi, ce shockumentary débute par une parturition sanguinolente. Une femme, toxicomane accouche d'un bébé monstrueux et mort-né. 
Est-il réellement opportun de s'appesantir davantage dans les sinistres détails ? Malencontreusement, les enfants sont les premières victimes de l'accoutumance à la drogue.

Sur ce dernier point, Drugs - A River of No Return se montre plutôt magnanime dans les divers portraits de marmots hideux et déformés à cause des effets délétères de l'opium in utero. Puis, le shockumentary se centre sur le processus de fabrication de la cocaïne et de l'héroïne. La populace miséreuse, en particulier les territoires du Laos et de la Birmanie, sont des terres idoines pour la mafia et les trafiquants de drogue. Quant aux gouvernements, ils sont eux aussi les complices éhontés de ses malversations et tripotages. Pour étayer son propos, Stelvio Massi s'appuie sur plusieurs images, archives et séquences éloquentes. Hélas, nonobstant son barbarisme et certaines scènes d'une violence inouïe, Drugs - A River of No Return n'est pas exempt de tout grief.
A l'instar des "Mondo" habituels, Drugs - A River of No Return n'élude pas les archétypes habituels.

De surcroît, ce shockumentary se montre particulièrement complaisant. A contrario, Drugs - A River of No Return parvient allègrement à estourbir nos persistances rétiniennes en proposant, notamment, plusieurs opérations chirurgicales à coeur ouvert (c'est le cas de le dire !) sur des nourrissons et même sur des jeunes mères décédées à cause de leur propre accoutumance. Drugs - A River of No Return ne badine donc pas avec la barbaque ni la chair rutilante. Bon gré mal gré, ce shockumentary nous entraîne dans une rivière de désespérance et de solitude.
Sur ce dernier point, Drugs - A River of No Return remplit doctement son office et se situe légèrement au-dessus de la moyenne habituelle. Les amateurs patentés de "Mondo" seront donc en terrain connu et quasiment conquis. Les autres maronneront et grommelleront à raison contre la futilité de ce programme souvent complaisant et racoleur.

Note : 11.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver