mondo cane 4

Genre : horreur, gore, trash, extrême, documentaire, shockumentary, death movie, "Mondo" (interdit aux - 18 ans)
Année : 1992
Durée : 1h22

Synopsis : La saga Mondo Cane est de retour, mais sans l'aval de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, les auteurs démiurgiques du "Mondo". Bienvenue dans Mondo Cane 4 ! Cette fois-ci, ce shockumentary, mâtiné de death movie, explore la mort à travers diverses segmentations bien distinctes : les us et les coutumes qui nimbent les rituels anthropophagiques dans certaines tribus de l'Afrique Noire, le commerce d'opiacés et de stupéfiants, les meurtres et les autolyses et les exécutions de criminels de guerre après le Procès de Nuremberg.  

 

La critique :

Personne n'y aurait songé. Personne ne l'aurait même imaginé, voire subodoré. Si je vous évoque le titre de Mondo Cane, quelle serait votre réponse ? Quels seraient vos principaux argumentaires ? Oui, je sais... Vous commencez sérieusement à vous lasser de ce genre impudent qui apparaît ponctuellement dans les lignes de Cinéma Choc. Mais je suppose que vous seriez capables de mentionner les noms de Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara derrière ce "documenteur". Sans doute, seriez-vous en mesure de mentionner le diptyque formé par Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962) et Mondo Cane 2 - L'incroyable vérité (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1963). En l'occurrence, les trois comparses, issus du journalisme, vont se transmuter en cinéastes et devenir les auteurs démiurgiques du "Mondo", un néologisme synonyme de "documenteur".

Présenté au festival de Cannes, Mondo Cane (1962) estourbit outrageusement les persistances rétiniennes. Le principe ? Ce shockumentary sonde et explore les us et les coutumes de peuplades séculaires. Ainsi, Mondo Cane revêt à la fois une dimension iréniste, anthropologique et séculaire. Tantôt virulentes, tantôt pittoresques, tantôt outrecuidantes, les saynètes stridulantes apportent leur modeste écot dans une sorte de panorama de l'horreur. Or, toutes les séquences sont falsifiées, truquées, éhontées et savamment fomentée par Gualtiero Jacopetti et ses fidèles prosélytes.
Les scènes sont donc interprétées par des acteurs amateurs et anonymes. Le "Mondo" est né et il ne cessera de pulluler après la sortie de Mondo Cane. Preuve en est avec Mondo Cane 2, déjà notifié dans cette chronique. 

Beaucoup moins éloquente, cette suite soporative se compose essentiellement de séquences qui n'ont pas été retenues pour Mondo Cane premier du nom. Mais peu importe, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi jubilent. Contre toute attente, Mondo Cane se solde par un succès pharaonique et flagorne les amateurs patentés du cinéma underground. Bien conscients de ce nouvel épiphénomène, les deux compères se polarisent sur la paupérisation de l'Afrique et de son exploitation fallacieuse par le capitalisme via Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971).
Le "Mondo" franchit encore un palier supplémentaire dans la turpitude et l'indécence. Il est à la fois question de tortures, de lubricités et de snuffs animaliers exposés à l'écran. 
Le phénomène Mondo Cane est en marche.

Ce "documenteur" inspire et engendre toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma d'exploitation n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Mondo Magic (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1975), Africa Ama (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1971), Addio Ultimo Uomo (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1978), Shocking Asia (Rolf Olsen, 1974), ou encore L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977) parmi les films notables et éventuellement notoires. Mais à juste titre, on pensait que c'en était fini de Mondo Cane. Si Gualtiero Jacopetti et ses affidés refuseront obstinément de tourner un troisième chapitre, les producteurs n'ont cure de leur obstination.
Ainsi, un Mondo Cane 3, rebaptisé Mondo Cane Oggi (Stelvio Massi, 1985), verra le jour deux décennies plus tard.

Ce troisième opus est également connu sous le cryptonyme de Savage World Today, une façon comme une autre d'exporter le film sur la scène internationale. Puis, un Mondo Cane 2000 - L'incredibile (Gabriele Crisanti et Stelvio Massi, 1988) sera produit trois ans plus tard. En outre, difficile d'évoquer plus amplement ces deux nouveaux épisodes puisqu'ils ne sont même pas sortis en vidéo en France. En sus, pour les visionner (éventuellement sur YouTube), il faudra se contenter d'une version italienne délestée du moindre sous-titre. Toujours est-il que c'est bien Mondo Cane 4, sorti en 1992, qui constitue le dernier chapitre d'une saga rutilante.
En vérité, il s'agit du cinquième volet de la franchise. Quel réalisateur se tapit derrière cette cinquième prévarication sur pellicule ?

En l'occurrence, impossible de répondre à cette question puisque l'on ne glane aucune information sur ce mystérieux Mondo Cane 4, si ce n'est que cet ixième "documenteur" a été distribué par un éditeur allemand et qu'il est soumis à l'ultime réprobation, soit une interdiction aux moins de 18 ans. Pour souvenance, Mondo Cane premier du nom avait pour principal apanage de se centrer sur notre société en décrépitude. Ce n'est pas un hasard si l'intitulé du film - Mondo Cane (au cas où vous n'auriez pas compris...) - signifie, traduit de l'italien, "un monde de chiens".
Quel sera alors le discours péroré par ce quatrième (cinquième...) opus ? Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Attention, SPOILERS ! La saga Mondo Cane est de retour, mais sans l'aval de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, les auteurs démiurgiques du "Mondo".

Bienvenue dans Mondo Cane 4 ! Cette fois-ci, ce shockumentary, mâtiné de death movie, explore la mort à travers diverses segmentations bien distinctes : les us et les coutumes qui nimbent les rituels anthropophagiques dans certaines tribus de l'Afrique Noire, le commerce d'opiacés et de stupéfiants, les meurtres et les autolyses et les exécutions de criminels de guerre après le Procès de Nuremberg. Evidemment, rien n'a changé depuis la sortie du premier Mondo Cane. Mondo Cane 4 marche dans le même sillage et continuum morbide.
Toutefois, depuis l'orée des années 1960, le monde a changé et a connu de nombreuses mutations. Mondo Cane 4 se montre particulièrement opportuniste en analysant certains rites tribaux de l'Afrique Noire à travers les exactions pratiquées sur des animaux (en particulier sur des sangliers et des marcassins fracassés et mutilés jusqu'à l'ultime trépas).

Le cannibalisme est évidemment de mise, mais est davantage suggéré. Puis, sans fard, la segmentation suivante se focalise sur le trafic de stupéfiants. Mondo Cane 4 réitère donc les lithographies mortuaires de Drugs - A River Of No Return (Stelvio Massi, 1992). Là aussi, il est question d'enfants et de jeunes mères qui agonisent, puis dépérissent à cause des effets délétères de la cocaïne et de l'héroïne. Puis, Mondo Cane 4 oblique alors vers les meurtres et les suicides. Toute une litanie de cadavres sont exposés à l'écran. Entre décomposition et putréfaction, les dépouilles présentent parfois des excoriations sévères. Le spectateur éberlué assistera même à l'excision chirurgicale d'un homme d'une trentaine d'années. Sa cavité abdominale sera entièrement dépecée, tout comme ses circonvolutions neuronales. Vous l'avez donc compris. Mondo Cane 4 ne badine pas avec la barbaque ni la tripaille.

Seul bémol et pas des moindres, ce shockumentary n'entretient, in fine, aucune filiation avec son auguste homologue. Toujours est-il qu'il flagornera John Alan Schwartz via Faces of Death 6 (1996), un sixième opus opportuniste qui repose - peu ou prou - sur le même didactisme scabreux, puisqu'il est aussi question d'anthropophagie, de drogues, de meurtres et d'abominations perpétrées durant la Seconde Guerre mondiale. Mondo Cane 4 s'approxime davantage à un death movie dans la lignée d'un Faces of Gore (Todd Tjersland, 1999) et d'un Traces of Death (Damon Fox, 1993), deux autres pellicules rougeoyantes qu'il psalmodie à satiété.
Cette quatrième forfaiture ne partage finalement que peu d'accointances avec le tout premier Mondo Cane. Pour souvenance, ce « Mondo » montrait parfois une once de truculence. Or, Mondo Cane 4 n’a plus pour appétence d’obliquer vers les épigrammes. La série s'est donc dévoyée vers les affres de la modicité et de la complaisance. Mondo Cane 4 n'élude pas non l'écueil de la redondance en se terminant sur l'exécution de criminels de guerre. 
En gros, rien de neuf à l'horizon si ce n'est un pur produit d'exploitation, qui ravira néanmoins les adulateurs du cinéma trash.

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver