Genre : horreur, gore, trash, extrême, documentaire, "documenteur", shockumentary, death movie, "Mondo" (interdit aux - 18 ans)
Année : 1985
Durée : 1h12
Synopsis : La saga Mondo Cane est de retour, mais sans l'aval de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, les auteurs démiurgiques du "Mondo" désormais aux abonnés absents. Bienvenue dans Mondo Cane 3 ! Cette fois-ci, ce shockumentary, mâtiné de death movie, explore les us et les coutumes à travers des rituels inhérents à la mort et à la pornographie. Les snuffs animaliers ne sont pas en reste dans ce troisième chapitre beaucoup plus virulent que ses augustes antécesseurs.
La critique :
Oui, je sais ce que vous devez songer, gloser, pérorer et déclamer à juste titre... Encore un "Mondo" dans les colonnes éparses de Cinéma Choc ! Toujours la même antienne... Oui, il est encore question de Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962), soit le long-métrage prodrome en termes de shockumentary digressif. Présenté en compétition au festival de Cannes, Mondo Cane révulse et estourbit les persistances rétiniennes. Formellement, ce "documenteur" repose sur un panorama de l'horreur. En l'occurrence, il s'agit de sonder, d'analyser et de scruter les us et les coutumes de peuplades séculaires à travers le monde.
Tantôt virulentes, tantôt truculentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes licencieuses se centralisent sur les prismes de l'ethnologie et de l'anthropologie.
En résumé, l'humanité est à la fois turpide, fielleuse et obséquieuse. Ce n'est pas aléatoire si l'intitulé du long-métrage, donc Mondo Cane (au cas où vous n'auriez pas suivi...) signifie, traduit de l'italien, "un monde de chiens". Pourtant, tout est faux, factice, falsifié et savamment fomenté par Gualtiero Jacopetti et ses prosélytes. Les séquences brutales et iconoclastes sont en réalité interprétées par des comédiens amateurs et anonymes. Les trois journalistes se parent des précieux atours de cinéastes pour signer le tout premier "Mondo" de l'histoire du noble Septième Art.
En ce sens, Mondo Cane fait donc office de documentaire d'avant-garde. A raison, Gualtiero Jacopetti et ses ouailles jubilent.
L'année suivante, ils réitèrent le même syllogisme fatidique via Mondo Cane 2 - L'incroyable vérité (1963). A l'instar de son auguste antécesseur, cette suite est présentée au festival de Cannes. Nouveau scandale sur la Croisette. Désormais, c'est le diptyque formé par Mondo Cane et Mondo Cane 2 qui fait référence et voeu d'obédience dans le cinéma underground. Que soit. Ce diptyque devient la nouvelle égérie du cinéma trash et influence toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma d'exploitation n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Shocking Asia (Rolf Olsen, 1974), L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977), Africa Ama (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1971), Mondo Magic (Alfredo et Angelo Castoglioni, 1975), Addio Ultimo Uomo (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1978), ou encore The Killing of America (Leonard Schrader et Sheldon Renan, 1982) parmi les shockumentaries les plus notables et éventuellement notoires.
De leur côté, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi rempilent en se centrant sur la paupérisation du continent africain. Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971) franchissent un palier supplémentaire dans l'obscénité et l'indécence. Cette fois-ci, le "Mondo" oblique vers le snuff animalier et la pornographie ad nauseam. Puis, quelques années plus tard, le "Mondo" se transmute en périple mortuaire via Faces of Death (John Alan Schwartz, 1978), soit Face à la Mort dans l'idiome de Molière. Sur la forme comme sur le fond, Faces of Death fait office de digne donataire de Mondo Cane, dont il reprend - peu ou prou - la même rhétorique.
Toujours est-il que l'on croyait la saga Mondo Cane définitivement oubliée et phagocytée, surtout en l'absence de ses auteurs démiurgiques.
Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi ne souhaitent plus poursuivre les inimitiés.
Hélas, leur requête n'est pas vraiment ouïe par les producteurs mercantilistes. Ainsi, trois nouveaux chapitres seront financés bien des décennies plus tard. Que ce soit Mondo Cane 3 (Stelvio Massi, 1985), Mondo Cane 2000 - L'Incredibile (Gabriele Crisanti et Stelvio Massi, 1988) et Mondo Cane 4 (?, 1992), toutes ces pellicules impudentes ne seront pas distribuées en France. Mieux, mis à part le cinéma d'exploitation transalpin, personne (ou presque...) ne semble supputer l'existence de ces trois nouveaux chapitres. Pour tout dire, en France, les adulateurs de "Mondo" s'étaient arrêtés aux deux premiers Mondo Cane. Gravissime erreur !
Aujourd'hui, c'est le cas de Mondo Cane 3 qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes diffuses. Pour l'anecdote superfétatoire, ce shockumentary est également sorti sous les noms de Mondo Cane Oggi (soit l'intitulé originel du film) et de Savage World Today, une façon comme une autre d'exporter laborieusement ce "documenteur" au-delà de ses terres ritales.
Autant l'annoncer sans ambages. Via Mondo Cane 3, on nage davantage (si j'ose dire...) vers le death movie adventice. Ce n'est pas aléatoire si ce "documenteur" a écopé de l'ultime réprobation, à savoir d'une interdiction aux moins de 18 ans. Quant à Stelvio Massi, on tient là un metteur en scène issu du circuit indépendant. On lui doit notamment des oeuvres telles que Texas (1969), Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera (1970), Quand les colts fument... On l'appelle cimetière (1971), Les rendez-vous de Satan (1972), ou encore L'exécuteur vous salue bien (1977). Mais trêve de palabres et de verbiages, et passons à l'exégèse de Mondo Cane 3 !
Attention, SPOILERS ! La saga Mondo Cane est de retour, mais sans l'aval de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, les auteurs thaumaturgiques du "Mondo", désormais aux abonnés absents.
Bienvenue dans Mondo Cane 3 ! Cette fois-ci, ce shockumentary, mâtiné de death movie, explore les us et les coutumes à travers des rituels inhérents à la mort et à la pornographie. Les snuffs animaliers ne sont pas en reste dans ce troisième chapitre beaucoup plus âpre et virulent que ses augustes devancier. Rien n'a changé depuis Mondo Cane premier du nom. Oui, nous vivons vraiment (toujours...) dans un monde de chiens... Le préambule de Mondo Cane 3 - Savage World Today établit d'entrée la filiation avec le diptyque Mondo Cane puisque nous assistons, éberlués, à une rixe entre deux canidés. Sur ces entrefaites, Mondo Cane 3 applique benoîtement le même paradigme.
Lui aussi consiste en une sorte de périple autour du monde afin de discerner notre tropisme pour l'égotisme et l'eudémonisme.
Par ailleurs, le terme de "consumérisme" est explicitement évoqué. Mondo Cane 3 a donc pour seule velléité de flagorner notre scopophilie obsessionnelle, voire maladive. Ainsi, toutes les tares de l'Humanités sont copieusement prodiguées par Stelvio Massi, très en verve pour l'occasion. Côté trash, le metteur en scène remplit doctement son office. Au menu des tristes réjouissances, nous sommes conviés à l'écurage et l'équarrissage de bovidés dans un abattoir. Le vice et le stupre sont également de rigueur via des fellations à peine dissimulées. Même remarque pour la dysphorie de genre, savamment explorée. Désormais, vous saurez tout sur le zizi, pour paraphraser la célèbre calembredaine de Pierre Perret. Plus sérieusement, concernant l'opération chirurgicale du pénis, l'organe sexuel est castré pour laisser place à un clitoris. Aucun détail scabreux ne nous épargné, surtout lorsque Stelvio Massi explore les coursives de la morgue et de l'odontologie chirurgicale.
Un cadavre est dépecé de la gorge jusqu'à la cavité abdominale. Dans sa poitrine éviscérée, l'individu trépassé cache plusieurs sacs de cocaïne et d'héroïne... Toutefois, Mondo Cane 3 atteint son paroxysme lorsqu'il se polarise sur ces enfants africains victimes de maltraitance et de dénutrition sévère. Est-il absolument opportun de s'appesantir davantage sur les détails ? Pas vraiment... Bref, vous l'avez compris. Derechef, toutes ces séquences futiles suintent la perniciosité. Mais, au moins, Mondo Cane 3 - Savage World Today se montre suffisamment magnanime pour satisfaire l'appétit pantagruélique des amateurs patentés du cinéma trash.
Les autres maronneront et clabauderont à raison contre l'inanité abyssale de cet ixième shockumentary. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Note : 11/20
Alice In Oliver