Genre : horreur, épouvante
Année : 2005
Durée : 1h30
Synopsis : Des fourmis sont malencontreusement exposées à des radiations. Les insectes belliqueux voient leur taille se décupler et reproduisent à grande échelle leur instinct de prédateur. Les fourmis à l'appétit pantagruélique sont lâchées dans un gratte-ciel au coeur de San Francisco un samedi matin. Les rares personnes travaillant dans le bâtiment doivent trouver un moyen de s'échapper : les mutantes ont envahi l'immeuble, du garage jusqu'aux étages supérieurs. Très vite, les fourmis commencent à assaillir et à tortorer leurs premières victimes.
La critique :
Vous l'avez sans doute constaté, renâclé et même subodoré. Depuis quelques temps, Cinéma Choc se polarise sur l'agression animale. Que les adulateurs du blog (mais enfin, qui sont-ils ?) se rassérènent. Via cette chronique, nous ne commettrons pas l'offense d'itérer la genèse et l'historique de ce sous-registre du cinéma bis et d'exploitation. En l'occurrence, c'est le succès pharaonique de Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) qui va attribuer ses lettres de noblesse à un genre à la fois carnassier et rutilant. Ainsi, requins, crocodiliens, piranhas, poissons voraces et autres crotales affamés vont devenir les principaux leitmotivs du cinéma horrifique.
Impression corroborée par les sorties de Piranhas (Joe Dante, 1978), La Mort au large (Enzo G. Castellari, 1981), la saga Lake Placid (initiée par Steve Miner en 1999), Orca (Michael Anderson, 1977), Frankenfish (Mark A.Z. Dippé, 2004), ou encore Peur Bleue (Renny Harlin, 1999).
Du statut de blockbuster, l'agression animale va subrepticement se transmuter en série B impécunieuse. Bientôt, l'océan doit s'évincer et se phagocyter pour laisser sa place à une menace diligentée sur notre bon sol terrestre. Nos amis les insectes seront évidemment les précieux convives de ce genre iconoclaste et tout d'abord sous le joug des radiations atomiques et nucléaires. Ainsi, Them ! Des Monstres Attaquent la Ville (Gordon Douglas, 1954), La Chose surgit des Ténèbres (Nathan Juran, 1957) et Beginning of the End (Bert I. Gordon, 1957) annoncent des temps peu cléments et assujettis à la menace radioactive. Parfois même, nos chers insectes sont les victimes infortunées des expériences humaines. Preuve en est avec les sorties concomitantes de La Mouche Noire (Kurt Neumann, 1958), Le Retour de la Mouche (Edward Bernds, 1959) et La Malédiction de la Mouche (Don Sharp, 1965).
Que ce soit les cafards hideux et miteux (Voyage au bout de l'horreur, Terence H. Winckless, 1988), les abeilles tueuses et venimeuses (L'inévitable catastrophe, Irwin Allen, 1978), les guêpes hargneuses (Deadly Swarm, Paul Andresen, 2003), ou encore les moustiques gloutons et plantureux (l'inénarrable Mosquito, Gary Jones, 1995), toutes ces productions adventices expriment cette peur indicible de la fin du monde. Un jour ou l'autre, l'espèce humaine sera éradiquée et supplantée par une nouvelle espèce dominante. Bon gré mal gré, l'agression animale est corrélée avec la dialectique darwinienne. Et nos amis les fourmis dans tout ça ?
Pour souvenance, ces dernières avaient déjà pullulé dans Them ! Des monstres attaquent la ville (déjà susmentionné dans cette chronique).
Encore aujourd'hui, c'est le film de Gordon Douglas qui fait référence et voeu d'allégeance dans l'univers corseté des fourmis gargantuesques. Ce long-métrage science-fictionnel exprimait cette crainte ineffable de la Guerre Froide. Evidemment, ces belligérances ne sont plus d'actualité. Place aux nanars avariés et avec des fourmis, s'il vous plaît ! Preuve en est avec Insects, soit Glass Trap dans l'idiome de Shakespeare, et réalisé par la diligence (hum...) de Fred Olen Ray en 2005. Pour l'anecdote superfétatoire, le metteur en scène sévit ici sous le cryptonyme d'Ed Raymond.
En outre, Fred Olen Ray appartient à cette catégorie de tâcherons qui sévissent ponctuellement dans le cinéma bis. En tant que réalisateur, on lui doit au moins une centaine de forfaitures concentrées sur pellicule.
Les thuriféraires du cinéaste (s'il vous plaît, merci de lever la main !) n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles qu'Alien Dead (1980), Scalps (1983), Dead Space (1988), Alienator (1990), Dinosaur Island (1994), Face aux serpents (2002), Bikini Royale (2008), ou encore Twilight Vamps (2010). Vous l'avez donc compris. Le cinéma faisandé de Fred Olen Ray s'accointe davantage avec la série Z. Et Insects ne déroge pas à la règle. La distribution du film se compose de C. Thomas Howell, Siri Baruc, Stella Stevens, Brent Huff, Andrew Pine, Chick Vennera, Matin Kove, tracy Brooks, Peter Spellos et Whitney Sloan.
Insects se pare d'un casting famélique pour l'occasion. Seul le pauvre C. Thomas Howell transparaît dans cette production cachectique.
Pour souvenance, le comédien aura connu la célébrité dès sa plus tendre enfance en tenant des rôles proéminents dans E.T. L'Extra-Terrestre (Steven Spielberg, 1982) et Outsiders (Francis Ford Coppola, 1983). Hélas, cette gloriole sera éphémère malgré un premier rôle remarqué dans Hitcher (Robert Harmon, 1986). La suite ? C. Thomas Howell parachèvera sa carrière dans des séries télévisées notoires et dans des nanars de seconde (troisième...) zone. Mais trêve de palabres et de verbiages et passons à l'exégèse d'Insects ! Attention, SPOILERS !
Des fourmis sont malencontreusement exposées à des radiations. Les insectes belliqueux voient leur taille se décupler et reproduisent à grande échelle leur instinct de prédateur. Les fourmis à l'appétit pantagruélique sont lâchées dans un gratte-ciel au coeur de San Francisco un samedi matin.
Les rares personnes travaillant dans le bâtiment doivent trouver un moyen de s'échapper : les mutantes ont envahi l'immeuble, du garage jusqu'aux étages supérieurs. Très vite, les fourmis commencent à assaillir et à tortorer leurs premières victimes. Inutile de préciser que Glass Trap jouit d'une réputation sulfureuse. Ce n'est pas un hasard si ce nanar soporifique fait partie de la sélection de Nanarland (Source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-insects-insects.html) parmi leurs chroniques avisées et truculentes. On finit presque par regretter la bonne vieille époque avec la technique de la stop-motion (image par image).
En l'occurrence, Insects louvoie entre les images de synthèses frelatées et ses figurines en caoutchouc censées représenter nos chers formicidés.
Sur ces entrefaites, Insects - Glass Trap repose sur un huis clos prétendument anxiogène. Malencontreusement, ce nanar horrifique est victime de son budget anémique. Pour le design des fourmis, Fred Olen Ray est prié de réviser sa copie. Heureusement, les fourmis de service attaquent souvent... Très souvent... Et ce... Pour notre plus grand bonheur ! Inutile de préciser que ces dernières détrônent, à elles seules, le casting humain, C. Thomas Howell en tête. Mais comment cet acteur, qui avait pourtant écopé de rôles soyeux en son temps (le superbe Outsiders...) a-t-il pu échouer dans une production aussi lamentable ? Pour le reste, Insects amalgame sans fard les omissions, les impondérables, les approximations et les figures archétypales.
Il faudra se contenter d'un C. Thomas Howell en mode cabotin, d'un inspecteur des travaux finis (véridique !) qui tombe en pâmoison devant le moindre cadavre, de squelettes ensanglantés mais affreusement peinturlurés, d'une "blondasse" qui passe son temps à chouiner et à se demander où elle a pu fourrer sa trousse à maquillage et évidemment de formicidés qui assaillent sans sourciller. Vous l'avez donc compris. Fred Olen Ray ne nous épargne aucune excentricité ! D'une incompétence constante, le metteur en scène nous afflige et nous inflige une nouvelle modicité dont il a hélas le secret. Insects - Glass Trap ravira les amateurs les plus patentés de nanars.
Les autres s'interrogeront à raison sur la bonne santé mentale de son auteur. Mais bon, depuis ses tous premiers balbutiements dans l'industrie cinématographique (en 1977, tout de même), Fred Olen Ray n'a toujours pas réalisé un seul film probe, honorable ou correct !
Côte : Nanar
Alice In Oliver