47 meters down uncaged

Genre : horreur, agression animale (interdit aux - 12 ans)
Année : 2019
Durée : 1h28

Synopsis : Un groupe de filles décide d'aller nager près de ruines sous-marines au large des côtes brésiliennes. Elles vont vite se rendre compte qu'elles ne sont pas seules sous les mers... 

La critique :

L'agression aquatique au cinéma, un genre qui acte et officialise sa naissance vers le milieu des années 1970 via Jaws, soit Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) dans l'idiome de Molière. A l'époque, le film de "Spielby" (pour les intimes...) fait office de blockbuster faste et plantureux (un pléonasme), mais hélas émaillé par de nombreux incidents malencontreux durant le tournage. A raison, Steven Spielberg fulmine. Le requin mécanique est victime de toute une série d'impondérables. Le cinéaste dépasse allègrement le temps et le budget impartis, au grand dam des producteurs effarouchés.
Les Dents de la Mer se doit de rapporter le précieux pactole lors de sa sortie dans les salles de cinéma, sans quoi la carrière de Steven Spielberg pourrait s'enliser dans la pénombre. Que soit. En l'occurrence, Les Dents de la Mer se soldera par un succès pharaonique lors de sa sortie en salles.

Mieux, le long-métrage s'arroge le statut de classique du cinéma horrifique. Après Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963), Les Dents de la Mer fait désormais référence dans l'agression animale. A tort, certains contempteurs n'y voient qu'une ixième confrontation entre l'homme et le grand requin blanc, un peu à l'instar de Moby Dick (John Huston, 1956) deux décennies plus tôt. Certes, Steven Spielberg n'a jamais nié les accointances matoises entre le film de John Huston et Les Dents de la Mer. Toutefois, il serait particulièrement réducteur de résumer Jaws à de simples belligérances entre l'homme et un poisson vorace et de taille gargantuesque.
En outre, le vrai requin, ce n'est pas cet animal de taille cyclopéenne qui assaille et tortore quelques touristes infortunés dans l'océan, mais avant tout ces édiles politiques qui sacrifient la populace au nom de lucre et de la saison estivale.

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En raison de son succès mirobolant, Les Dents de la Mer va influencer toute une pléthore d'épigones. Dixit les propres aveux de Steven Spielberg lui-même, seul Piranhas (Joe Dante, 1978) est en mesure de faire ciller l'hégémonie rogue de Les Dents de la Mer. Qu'ils se nomment Peur Bleue (Renny Harlin, 1999), Bait (Kimble Randall, 2012), Shark Attack (Bob Misiorowski, 1999), Malibu Shark Attack (David Lister, 2009), Killer Shark (Oscar Boetticher, 2011), ou encore En eaux troubles (Jon Turteltaub, 2018), toutes ces productions subalternes ne sont, in fine, que des palimpsestes de Les Dents de la Mer. Toujours imité, mais jamais égalé.
Tel est le constat dogmatique quarante-cinq ans après la sortie du chef d'oeuvre horrifique de Steven Spielberg.

Certes, certains concurrents sont parvenus à revivifier un genre anémique et en désuétude. C'est par exemple le cas d'Open Water - En eaux profondes (Chris Kentis, 2003) et de The Reef (Andrew Traucki, 2011). Cette fois-ci, les crocs acérés de l'océan s'emparent de faits authentiques et de plongeurs aventureux qui se sont égarés au beau milieu de nulle part. Récemment encore, c'est le film Instinct de Survie (Jaume Collet-Serra, 2016) qui a fait sensation dans les salles obscures, à la grande surprise générale. Le long-métrage est même sorti sous plusieurs intitulés, entre autres The Shallows et 47 Meters Down. Le principe est aussi simplissime que lapidaire.
Une surfeuse se retrouve prisonnière près d'un rivage et doit se colleter avec le grand requin blanc en personne.

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Il n'en faut pas davantage pour propulser Instinct de Survie en tête de peloton lors de son exploitation en vidéo. Il était donc logique qu'une suite, 47 Meters Down - Uncaged, réalisée par la diligence de Johannes Roberts en 2018, soit produite dans la foulée. Cette fois-ci, ce second chapitre ne connaît pas l'heur d'une exploitation dans les salles et doit se contenter d'une sortie élusive en DTV (direct-to-video). Pis, les critiques tancent et vitupèrent une suite soporifique et inapte à réitérer les fulgurations de son illustre antécesseur. Reste à savoir si 47 Meters Down - Uncaged mérite (ou non) de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution du film se compose de Sophie Nélisse, Corinne Foxx, Brianne Tju, Sistine Stallone, Davi Santos, Khylin Rhambo, Brec Bassinger, John Corbett et Nia Long.

Attention, SPOILERS ! Un groupe de filles décide d'aller nager près de ruines sous-marines au large des côtes brésiliennes. Elles vont vite se rendre compte qu'elles ne sont pas seules sous les mers... Elles vont devoir lutter pour survivre et surtout s'empoigner avec plusieurs requins blancs pour s'extraire de cette situation périlleuse. Vous l'avez donc compris. A l'instar de son auguste devancier, le scénario de 47 Meters Down - Uncaged tient - au mieux - sur un post-it tuméfié. Autant l'annoncer sans ambages. Cette suite famélique ne réitère pas les finauderies du premier volet.
A contrario, le film de Johannes Roberts ne mérite sans doute pas ce concert d'acerbités. 
Si on fait fi du premier Instinct de Survie, 47 Meters Down - Uncaged reste un film d'agression aquatique légèrement supérieur à la moyenne habituelle du genre. 

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En l'occurrence, on pourrait légitimement invoquer une sorte de The Descent (Neil Marshall, 2005) version squales affamés. Sur la forme comme sur le fond, 47 Meters Down - Uncaged est un film d'horreur à vocation féministe qui claustre - à son tour - de jeunes aventurières dans les entrailles et les tréfonds de la mer. Oui, on se surprend encore à tressauter de temps à autre. En termes d'effroi, 47 Meters Down - Uncaged remplit doctement son office et permet de faire illusion sur sa durée laconique (à peine une heure et demie de bobine).
En revanche, cette suite soporative n'est pas exempte de tout grief. Les protagonistes restent beaucoup trop archétypaux pour que l'on adhère totalement à leurs tribulations. Dans cette série de rixes et de noyades, seule la belle Sophie Nélisse surnage.

Niveau mise en scène, une certaine érudition a été apportée à la complexion plantureuse des requins gloutons. Toutefois, certaines séquences de tension et de carnage se déroulent presque entièrement dans la pénombre, si bien que l'on a toutes les peines du monde à discerner dans quelles conditions les interprètes sont tortorés ou assaillis par les squales effarouchés. Pour sortir de l'ornière, nos jeunes héroïnes devront vaincre leurs propres peurs (principalement l'acrophobie et l'achluophobie en tête de liste... Toujours la même antienne...). Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? Oui, on en revient toujours et encore à The Descent, un long-métrage voluptuaire que 47 Meters Down - Uncaged spolie et paraphrase à satiété. En l'état, 47 Meters Down - Uncaged ne reste qu'un film d'agression aquatique tout juste divertissant et plutôt magnanime en termes de martialités.
Maintenant, espérons que les producteurs n'auront pas l'outrecuidance de financer un troisième chapitre, une supputation plus que probable... On aurait tout de même envie de leur rétorquer : "Mais rendez-nous Les Dents de la Mer !".

 

Note : 10.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver