venom 2018

Genre : science-fiction, super-héros (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h52

Synopsis : Possédé par un symbiote qui agit de manière autonome, le journaliste Eddie Brock devient le protecteur létal Venom. 

La critique :

Depuis l'orée des années 2000, les super-héros ne cessent de pulluler dans les salles de cinéma, une nouvelle hégémonie presque arrogante et amorcée avec X-Men (Brian Singer, 2000). Depuis, les firmes Marvel et DC Comics ne cessent de se disputer la couronne de la société la plus plantureuse dans cet univers corseté et régenté par des codes singuliers. Parmi les meilleurs essais, les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles qu'Iron Man (Jon Favreau, 2008), Watchmen - Les Gardiens (Zack Snyder, 2009), Kick-Ass (Matthew Vaughn, 2010), Spider-Man (Sam Raimi, 2002), The Dark Knight Rises (Christopher Nolan, 2012), Incassable (M. Night Shyamalan, 2000), V pour Vendetta (James McTeigue, 2006), ou encore Logan (James Mangold, 201) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.

Entre temps, nos super-héros se sont même coalisés pour s'octroyer la première place du box-office américain. Mieux, ces derniers s'exportent dans le monde entier et font office de thaumaturges et même de sauveurs de l'humanité. Preuve en est avec Avengers (Joss Whedon, 2012) et ses suites consécutives (Avengers - L'ère d'Ultron en 2015, Avengers - Infinity War en 2018 et Avengers - Endgame en 2019). Mais, parfois, ces blockbusters se soldent par de sévères fiascos au box-office. Récemment encore, Justice League (Zack Snyder, 2017) s'est sérieusement plantée lors de son exploitation sur le sol américain, remboursant péniblement le budget imparti...
Mais pas de quoi décourager les producteurs en quête de gloriole et d'appât du gain. Désormais, il est même question de se polariser sur ces "bad guys", ces fameux antagonistes qui ferraillent inlassablement contre une société hédoniste et consumériste qu'ils jugent atones et pusillanimes. 

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Dernièrement encore, le réalisateur, Todd Phillips, se focalisait sur la psychasthénie mentale d'Arthur Fleck avec le film Joker (2019). Mais là aussi, ce didactisme pour ces renégats intarissables se soldent parfois par des rebuffades artistiques et commerciales. Pour souvenance, Suicide Squad (David Ayer, 2016) n'avait pas spécialement laissé un souvenir impérissable, loin de là... Dans Spider-Man 3 (Sam Raimi, 2007), l'homme-araignée était sommé de s'empoigner avec une autre figure antinomique, Venom. Indubitablement, ce "bad guy" possède un solide potentiel. Un potentiel qui n'escarpe pas à l'oeil avisé des producteurs. Dès juillet 2008, Sony songe déjà à financer une adaptation cinématographique. Plusieurs scénarii sont alors envisagés et griffonnés par toute une kyrielle de cacographes patentés.
Corrélativement, l'homme-araignée revêt de nouveau oripeaux via plusieurs films produits dans la foulée, entre autres The Amazing Spider-Man (Marc Webb, 2012), The Amazing Spider-Man : Le destin d'un héros (Marc Webb, 2014) et Spider-Man - Homecoming (Jon Watts, 2017).

Le célèbre tisseur a encore de précieux atours et peut écouler des jours pérennes, nonobstant l'échec cuisant du second chapitre diligenté par Marc Webb. Que soit. Le projet Venom renaît subrepticement de ses cendres dès 2017 et échoit entre les mains expertes (?) de Ruben Fleischer l'année suivante. Le cinéaste débute sa carrière cinématographique vers l'orée des années 2000 via plusieurs courts-métrages. A la fin des années 2000, le metteur en scène connaît enfin la consécration avec Bienvenue à Zombieland (2009). Il enchaîne alors avec 30 minutes maximum (2011), Gangster Squad (2012) et Retour à Zombieland (2019). Certes, Venom se soldera par un succès pharaonique lors de sa distribution en salles. A contrario, le long-métrage est tancé et brocardé par des critiques unanimement sardoniques. Trop approximatif et bourré d'incohérences pour certains contempteurs, trop doucereux et croquignolet pour d'autres, Venom ne convainc guère la presse et les médias spécialisés.

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Même Tom Hardy, qui tient le rôle principal du film, est amer et se récuse auprès des laudateurs du personnage originel. Toujours est-il qu'une suite, Morbius, est d'ores et déjà annoncée et même en instance de tournage... Et toujours avec Tom Hardy dans le rôle de Venom... Hollywood, quand tu nous tiens... Reste à savoir si Venom mérite - ou non - de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Hormis Tom Hardy (déjà susdénommé dans ces lignes), la distribution du film se compose de Michelle Williams, Riz Ahmed, Scott Haze, Reid Scott, Jenny Slate, Melora Walters et Michelle Lee. A noter aussi l'apparition élusive de Woody Harrelson via un cameo.
Attention, SPOILERS ! Eddie Brock, un journaliste téméraire et scrupuleux, voit d’un mauvais œil les affaires de Life Foundation, une multinationale qui se sert d’innocents pour essayer ses produits chimiques.

Alors que la firme a découvert des symbiotes extraterrestres, son jeune patron Carlton Drake décide de les implanter dans des cobayes. Les symbiotes s’échappent et changent sans cesse d’hôte. Eddie fusionne alors avec l’une d’entre elles et se transforme en un monstre surpuissant. Indiscutablement, Venom n'est pas exempt de tout grief. Manifestement, Ruben Fleischer, qui avait pourtant déjà sévi dans l'univers des super-héros via l'abominable Suicide Squad, n'est pas le metteur en scène idoine pour étayer un super-vilain à la fois complexe et en pleine crise d'altérité.
Après une première demi-heure prolixe et fastidieuse qui suit l'enquête et les pérégrinations d'Eddie Brock, Venom adopte enfin son rythme de croisière lorsqu'il coalise son personnage principal avec cette entité symbiotique.

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Lorsque l'entité extraterrestre se juxtapose à son hôte humain. C'est même la principale rhétorique du film : "Humains et symbiotes enfin combinés". Hélas, ce syllogisme aurait mérité un bien meilleur étayage. Sur ces entrefaites, Venom (le film) retrouve enfin un peu de verve et de luminescence. Au moins, Tom Hardy semble s'amuser comme un gosse devant la caméra et permet au film de s'extirper - non sans peine - de la mention navet avarié. Pour le reste, Ruben Fleischer tergiverse et louvoie incessamment entre la comédie goguenarde, balourdises de son super-vilain, le thriller policier, la science-fiction via ce complot ourdi par de vils extraterrestres et le long-métrage horrifique.
En l'état, Venom fait office de métrage hétéromorphe et incapable de transcender son sujet ni son principal protagoniste. 

Heureusement, dans cette litanie d'explosions et de belligérances à tous crins, on relève tout de même quelques bons moments, hélas beaucoup trop évanescents pour susciter notre appétence sur la durée (plus d'une heure et cinquante minutes de bobine tout de même !). Après, Venom n'est pas la déconfiture annoncée, mais se montre incapable de magnifier un personnage paradoxalement captivant... Tout du moins lorsque celui-ci élude de verser dans les rodomontades et les gaudrioles. On se demande encore comment Tom Hardy a pu se laisser soudoyer par ce blockbuster beaucoup trop inoffensif. Ruben Fleischer aurait dû opter pour l'horreur et les digressions de son "bad guy" de service. Mais dans l'univers hollywoodien actuel, une telle option se révèle aventureuse.
Sur la forme comme sur le fond, Venom cherche mordicus à satisfaire un public peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques. A force de verser dans les facéties et autres polissonneries de façade, Venom finit par s'enliser sur un chemin escarpé. Allez, par gratitude, nous accorderons à ce blockbuster une mention passable, ni plus ni moins.

 

 

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver