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Genre : horreur, gore, trash, comédie, arts martiaux, inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année : 2012
Durée : 1h31

Synopsis : Fille d’un grand chef sushi renommé, Keiko, 21 ans, s’enfuit de sa maison pour ne plus avoir à subir des entrainements de kung-fu devenus trop stricts. Elle se réfugie dans une auberge où un staff excentrique et un groupe de pharmaciens en séminaire la ridiculisent. Mais un ancien pharmacien avide de vengeance répand un sérum capable de transformer les sushis en créatures affamées... 

 

La critique :

De temps à autre, le cinéma trash et extrême s'accointe et s'acoquine avec les spécialités culinaires. Pour satisfaire ses précieux convives, un maniaque s'adonne avec passion au cannibalisme via des mets sapides cuisinés et servis lors d'un repas plantureux. Pour souvenance, Blood Feast - Orgie Sanglante (Herschell Gordon Lewis, 1963, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2017/11/23/35715018.html) reste le tout premier film gore de l'histoire du cinéma. Déjà, dans cette série B impécunieuse, un traiteur écervelé s'amuse à décortiquer et à démembrer des jeunes femmes pour invoquer la résurgence d'une déesse égyptienne. D'une façon générale, le cinéma bis prise et affectionne ses recettes de cuisine en concordance avec la vengeance terrible d'un maniaque de l'opinel.
Dans Régal d'asticots (Herb Robins, 1977), c'est un vieil ermite qui empoisonne les habitants d'une petite communauté grâce à des vers longiformes qu'il enchevêtre dans la nourriture.

Dans The Stuff (Larry Cohen, 1985, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/12/05/36736020.html), le yaourt - un produit de consommation courante - se transmute subrepticement en entité extraterrestre. Le met exquis transforme les bibendums américains en consommateurs patentés. Sur la forme, cette série B s'approxime à une satire et à une critique au vitriol d'un capitalisme américain atone. Le consommateur semble condamné à se muer en un vulgaire cacochyme... Inexorablement... Dans The Gingerdeadman (Charles Band, 2005), c'est un pain d'épice peu amène qui fait office de croquemitaine. Inutile de préciser que l'on phagocytera expressément ce slasher culinaire...
Et puisqu'il est question d'hédonisme et de consumérisme, le fast-food n'échappe pas aux quolibets du cinéma bis. 

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Impression corroborée par Burger Kill (Brendan Cowles et Shane Kuhn, 2007) et Poultrygeist - Night of the Chicken (Lloyd Kaufman, 2006, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/02/01/36966108.html). Là aussi, il est question d'une culture américaine assujettie à un système avide et mercantiliste. Les hamburgers prolifèrent et transforment le consommateur lambda en vulgaire cacochyme. Parfois aussi, l'horreur culinaire fait office de comédie goguenarde et délestée de toute diatribe de notre système eudémoniste. Preuve en est avec L'attaque des tomates tueuses (John De Bello, 1978) et L'attaque de la moussaka géante (Panos H. Koutras, 1999, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/05/29/37271556.html), deux bisseries adventices qui n'ont pas spécialement laissé un souvenir indélébile, loin de là... 

Puis, enfin, dans Bad Taste (Peter Jackson, 1987, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2017/09/07/35266028.html), ce sont de vils extraterrestres ourdissent de savants complots pour envahir notre planète. Leur but ? Faire de la Terre leur nouvel univers et transformer les êtres humains en hamburgers plantureux. Vous l'avez donc compris. Les sévices culinaires ont toujours - peu ou prou - inspiré le cinéma gore. Nous aurions pu également ajouter d'autres forfaitures sur pellicule, notamment Ebola Syndrome (Herman Yau, 1996, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2017/01/06/34823767.html), Nouvelle Cuisine (Fruit Chan, 2006, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2016/03/05/32823938.html), Cannibal Kitchen (Gregory Mandry, 2008), ou encore Blood Diner (Jackie Kong, 1987, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/09/12/37492974.html).

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Vient également s'additionner Dead Sushi, réalisé par la diligence de Noboru Iguchi en 2012. Pour les thuriféraires du cinéma gore et extrême, le cinéaste, scénariste et producteur japonais n'a jamais été spécialement réputé pour son raffinement ni sa bienséance. Noboru Iguchi n'a jamais caché son engouement ni son effervescence pour les mangas, les zombies décrépits à base de flatulences et autres cyborgs nantis de pulsions satyriasiques. The Machine Girl (2008), Shyness Machine Girl (2009), RoboGeisha (2009), Mutant Girl Squad (2010), Zombie Ass - The Toilet of the Dead (2012), Gothic Lolita Battle Bear (2014), ou encore Tomie - Unlimited (2011) sont autant de prévarications sur pellicule. Evidemment, Dead Sushi ne déroge pas à la règle.
Pour ceux qui vénèrent et sacralisent les mignardises, ainsi qu'un cinéma exigeant, merci de quitter hâtivement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates !

Pourtant, force est de constater que depuis Zombie Ass - The Toilet of the Dead, Noboru Iguchi a, semble-t-il, euphémisé (quelque peu...) ses ardeurs et ses accointances avec les miasmes et autres pestilences. Avec Dead Sushi, le metteur en scène nippon va-t-il enfin retrouver sa verve désormais légendaire ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Rina Takeda, Shigeru Matsuzaki, Kentaro Shimazu, Asami Sugiura, Demo Tanaka et Takamasa Suga. Attention, SPOILERS ! Fille d’un grand chef sushi renommé, Keiko, 21 ans, s’enfuit de sa maison pour ne plus avoir à subir des entrainements de kung-fu devenus trop stricts.
Elle se réfugie dans une auberge où un staff excentrique et un groupe de pharmaciens en séminaire la ridiculisent.

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Mais un ancien pharmacien avide de vengeance répand un sérum capable de transformer les sushis en créatures affamées... Comme de coutume chez Noboru Iguchi, la trame narrative tient - au mieux - sur un post-it atrophié... En l'occurrence, Noboru Iguchi s'était curieusement assagi depuis l'inénarrable Zombie Ass - The Toilet of the Dead. Ses admirateurs les plus patentés n'avaient pas omis de lui faire savoir. Il était donc temps de réitérer les fulgurations de naguère. La requête est évidemment ouïe par un Noboru Iguchi plus en forme que jamais. Sur la forme, Dead Sushi s'avoisine à une sorte de salmigondis filmique qui amalgame sans fard comédie funambulesque, arts martiaux, gore, diverses explosions (implosions...) sanguinolentes et autres délires culinaires.
Enfin, les sushis et les calamars trouvent un film à leur mesure et à leur réputation sulfureuse via cette galette (c'est le cas de le dire...) confectionné par l'érudition d'un Noboru Iguchi en mode pilotage automatique.

Autrement dit, plus c'est gros, plus c'est bon. Tel semble être, par ailleurs, le principal leitmotiv de Dead SushiExtatique, Noboru Iguchi s'autorise toutes les excentricités sur pellicule. Les amateurs de tripailles et autres joyeusetés qui explosent arrogamment sur l'écran rougeoyant seront ici en terrain connu et quasiment conquis. Voilà que nos chers sushis transpercent le crâne et même la cavité buccale (voire anale...) de nos chers protagonistes ! Jadis, nos chères victuailles se laissaient appâter par notre appétit insatiable. Désormais, sushis et autres calamars, pourtant trépassés, reviennent à la vie pour se venger de notre boulimie intarissable. 
A l'instar de Zombie Ass - The Toilet of the Dead en son temps, Dead Sushi dérive lui aussi vers les fétidités et autres odeurs pestilentielles dont Noboru Iguchi est hélas coutumier. A raison, les cinéphiles pesteront et maronneront contre la futilité de ce pur produit d'exploitation. A contrario, Dead Sushi rencontrera sans doute les bonnes grâces des laudateurs du cinéma underground.

 

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver