Genre : arts martiaux, boxe (interdit aux - 16 ans)
Année : 2007
Durée : 1h45
Synopsis : Après avoir assassiné sauvagement ses parents, Ryo, seize ans, est envoyé en prison. Il y devient le souffre-douleur des autres détenus, mais fait la rencontre d'un maître de karaté qui va changer sa vision de la vie et lui donner le goût de la vengeance...
La critique :
Lorsque l'on invoque la boxe thaïlandaise - ou le muay-thaï - au cinéma, on songe invariablement au long-métrage Ong-Bak (Prachya Pinkaew, 2003). Contre toute attente, cette série B dispendieuse se solde par un succès pharaonique lors de sa sortie en salles et s'expatrie au-delà de ses frontières asiatiques sous les précieuses instigations de Luc Besson qui participe à la promotion du film. Mieux, ce premier chapitre se transmute en trilogie lucrative via Ong-Bak 2 - La Naissance du Dragon (Tony Jaa, 2008) et Ong-Bak 3 (Tony Jaa et Panna Rittikrai, 2010).
Mais, déjà, dans les années 1980, le muay-thaï pouvait escompter sur la figure robuste de Jean-Claude Van Damme (JCVD) pour ériger une bisserie - Kickboxer (Mark DiSalle et David Worth, 1989) - produite avec un modeste budget.
Là encore, ce premier épisode se métamorphosera en franchise erratique avec six nouveaux chapitres (Kickboxer 2 - Le Sucesseur, Kickboxer 3 - Trafic à Rio, Kickboxer 4, Kickboxer 5 - Le dernier combat, Kickboxer - Vengeance et Kickboxer - L'héritage). Corrélativement, d'autres pellicules tentent de s'immiscer parmi cette concurrence apoplectique. Les échauffourées ne se déroulent plus seulement sur le ring, mais aussi par l'entremise du DTV (direct-to-video). Les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles qu'Une Prière avant l'Aube (Jean-Stéphane Sauvaire, 2017), Boxers (Kongkiat Khomsiri, 2007), L'honneur du dragon (Prachya Pinkaew, 2005), Chok Dee (Xavier Durringer, 2005), Yamada, la voie du samouraï (Nopporn Wattin, 2005), Fureur (Karim Dridi, 2001), ou encore Le Guerrier de Feu (Chalerm Wongpim, 2006) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner Coq de Combat, réalisé par la diligence de Soi Cheang en 2007. Ce metteur en scène chinois provient du cinéma de Hong-Kong et signe sa toute première réalisation vers l'orée des années 2000 via Diamond Hill (2000). Il enchaîne alors avec New Blood (2002), Love Battlefield (2004), Hidden Heroes (2004), Dog Bite Dog (2006), Motorway (2012), The Monkey King (2014), The Monkey King 2 (2016) et The Monkey King 3 (2018). Soi Cheang est loin d'être un noviciat derrière la caméra. A ce jour, le fameux Dog Bite Dog reste sans doute son long-métrage proverbial. Le cinéaste prise et affectionne l'univers du manga.
Preuve en est avec Coq de Combat qui est justement l'adaptation d'un manga éponyme d'Izo Hashimoto. En l'état, difficile de décrire le matériel originel puisque nous reconnaissons notre candeur vis-à-vis de ce manga à la réputation sulfureuse.
Selon les laudateurs de la première heure, le manga d'Izo Hashimoto dénote par sa virulence et son héros principal - Ryo - un marginal condamné à une lourde peine de prison après l'assassinat sanglant de sa parentèle. Le jeune homme survit à son incarcération en obliquant vers le muay-thaï. Il est alors entraîné par un mentor énigmatique. A fortiori, l'adaptation cinématographique respecte les grandes lignes narratives de l'oeuvre d'origine même si le film de Soi Cheang élude la partie "détention", tout du moins le métrage l'évoque partiellement, ou alors en filigrane. En raison de sa violence, Coq de Combat n'a pas connu les ferveurs d'une exploitation dans les salles.
Interdit aux moins de 16 ans, le métrage de Soi Cheang doit donc se démarquer par l'entremise du support vidéo.
On ne compte même plus les adaptations de manga, que ce soit Crying Freeman (Christophe Gans, 1995), le piètre Dragonball Evolution (James Wong, 2009), le superbe Ichi the Killer (Takashi Miike, 2001), ou encore le splendide et remarquable Old Boy (Park Chan-wook, 2004) ; pour ne citer que ceux-là. Les avis des critiques sont plutôt mitigés à l'égard de Coq de Combat. Si certains adulateurs reconnaissent les qualités esthétiques et de mise en scène de cette adaptation cinglante, les contempteurs vitupèrent un long-métrage épars et qui aurait mérité un bien meilleur étayage. Reste à savoir si Coq de Combat justifie - ou non - son visionnage.
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Shawn Yue, Annie Liu, Francis Ng, Ryo Ishibashi, Dylan Ku, Leung Siu-Lung, Pei Pei et Zing Chau.
Attention, SPOILERS ! Après avoir assassiné sauvagement ses parents, Ryo, seize ans, est envoyé en prison. Il y devient le souffre-douleur des autres détenus, mais fait la rencontre d'un maître de karaté qui va changer sa vision de la vie et lui donner le goût de la vengeance... Et de la victoire... Vous l'avez donc compris. Coq de Combat ne brille guère par sa trame narrative, plutôt pingre pour l'occasion. Pour une fois, un film de boxe (le muyai-thaï en l'occurrence) ne tente pas d'humaniser son protagoniste principal. Ainsi, Ryo n'est pas ce héros en quête d'expiation et/ou de rédemption. Pis, pour le spectateur avisé, il n'est pas aisé de s'attacher à cet anti-héros qui coalise à lui seul toutes les carences d'un animal blessé. Et c'est exactement cette épithète qui caractérise ce boxeur décrit comme spécieux, tricheur, bonimenteur, obséquieux et fallacieux.
Soi Cheang a parfaitement discerné l'essence du manga originel. Stakhanoviste, le cinéaste chinois distille une mise en scène apprêtée et à couteaux tirés. Indubitablement, Soi Cheang n'est pas un manchot derrière la caméra. Contrairement à ce que son intitulé le laisse augurer (Coq de Combat... Mais enfin, quel titre funambulesque !), le métrage de Soi Cheang est loin d'être le navet décrié, loin de là... Oui, ce film de boxe s'illustre par sa véhémence et son outrecuidance. Rarement, on aura assisté à des rixes et à des martialités d'une telle érubescence. Paradoxalement, les combats sont plutôt rares et se comptent sur les doigts de la main atrophiée. Entre temps, Soi Cheang s'échine à décrire la trajectoire escarpée d'un personnage revanchard et déboussolé.
C'est sans doute dans ce portrait - peu flatteur en l'occurrence - que Coq de Combat perd de son éloquence, voire de sa sagacité ; d'où l'impression de visionner un film de boxe qui fonctionne par intermittence.
On regrette presque que le film ne lorgne pas vers davantage d'hémoglobine pour obliquer vers un pur produit de Catégorie III, un peu à la manière d'un Full Contact (Ringo Lam, 1992). Plus que la perte d'humanité qui caractérise le personnage principal, Coq de Combat s'achemine sur des thématiques qu'il esquisse avec beaucoup trop de parcimonie. Dans un univers régi par la loi du plus fort et la vindicte personnelle, le chemin du repentir est impossible pour Ryo. Le jeune homme fougueux et atrabilaire est condamné - bon gré mal gré - à rester la bête sauvage qu'il est devenu depuis le meurtre horrible de sa parenté. Mais, derechef, un tel syllogisme aurait mérité un bien meilleur cheminement, tout comme ces longues facondes qui consistent à disserter sur la connaissance de soi et de sa véritable force intérieure. Indiscutablement, le film de Soi Cheang ne restera pas dans les annales du noble Septième Art, mais le film pourra éventuellement séduire par son côté à la fois dissident et régressif, finalement à l'instar de son protagoniste primordial.
Note : 12/20
Alice In Oliver