manhunt 2008

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans) 
Année : 2008
Durée : 1h18

Synopsis : Eté 1974. Quatre amis partent pour un week-end de détente dans les bois. En chemin, ils sont attaqués par des hommes armés qui les assomment un par un. Ils se réveillent esseulés en plein coeur de la forêt et entendent le son d'un cor de chasse...

 

La critique :

On omet souvent de le dire et de le stipuler, mais c'est le film Les chasses du Comte Zaroff (Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, 1934) qui acte et officialise la naissance du survival. Bien des décennies plus tard, John Boorman reprend le didactisme de ce classique sérénissime pour le transmuter en chasse à l'homme haletante via Délivrance (1972). C'est ce long-métrage âpre et virulent qui va devenir la nouvelle égérie du survival. Toujours imité et jamais égalé même plus de quarante-cinq ans après sa sortie. Pourtant, le film de John Boorman s'achemine sur un script dilatoire.
Quatre hommes d'affaires se lancent pour défi d'affronter et d'arpenter en canoë une rivière rugueuse et capricieuse. Gare à ne pas effaroucher une nature hostile et bientôt mouvementée par quelques gueux de passage !

Pour s'en sortir, nos héros d'infortune devront revenir à l'âge de pierre. Vingt-cinq ans plus tard, Predator (John McTiernan, 1987) épousera - peu ou prou - la même dialectique guerroyeuse. Seule dissimilitude et pas des moindres, des soldats chevronnés doivent se colleter avec une créature extraterrestre et anthropomorphe. Pour survivre, ils devront se fondre dans la nature, finalement à l'instar de leur farouche adversaire. Depuis ses tous premiers balbutiements, le survival a toujours flagorné un public en manque de fulgurations sanguinolentes, appliquant doctement la même recette analogique. Les thuriféraires de ce sous-registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Le territoire des loups (Joe Carnahan, 2012), Battle Royale (Kinji Fukasaku, 2000), Rambo (Ted Kotcheff, 1982), Apocalypto (Mel Gibson, 2006), 127 Heures (Danny Boyle, 2010), ou encore Sans Retour (Walter Hill, 1981) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.

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Corrélativement, un autre film amalgame habilement horreur, gore, torture porn et survival. Son nom ? Détour Mortel (Rob Schmidt, 2003). Si cette série B adventice renâcle à la fois du côté de Délivrance et de La colline a des yeux (Wes Craven, 1977), elle remporte un succès pharaonique lors de son exploitation en vidéo. Il n'en faut pas davantage pour générer et influencer toute une pléthore d'avatars, dont Manhunt (Patrik Syversen, 2008) fait partie. Manhunt est donc un pur produit (si j'ose dire...) issu du cinéma norvégien. Le film n'a donc pas eu l'heur de connaître une distribution dans les salles obscures, tout du moins dans nos contrées hexagonales.
Toutefois, Manhunt est aisément disponible via le support vidéo ou par l'entremise du streaming. Il faut se rendre sur le site IMDb et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.imdb.com/name/nm2393910/) pour glaner et déceler quelques informations sur Patrik Syversen.

Selon nos sources, la carrière cinématographique du metteur en scène débute vers le milieu des années 2000 via plusieurs courts-métrages (deux au total), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. De facto, inutile de les mentionner... A fortiori, Manhunt constituerait son tout premier long-métrage. A postériori, Patrik Syversen enchaînera avec Prowl (2010), Interiors (2011), Demon Box (2017), Dragonheart - La bataille du coeur de feu (2017), ou encore Kielergata (2018). Manhunt va ériger sa réputation sulfureuse en glanant toute une kyrielle de récompenses à travers plusieurs festivals. Le long-métrage de Patrik Syversen écope d'une interdiction aux moins de 16 ans. Manhunt enjôle les critiques et la presse spécialisée.
Aux yeux de certains adulateurs du cinéma gore, Manhunt réinventerait le survival, rien que ça ! 

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Certains laudateurs du film évoquent même une sorte de Délivrance version norvégienne. Reste à savoir si ce métrage trash et horrifique mérite - ou non - de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... A contrario, d'autres contempteurs se montrent beaucoup plus pondérés. Sur la forme comme sur le fond, Manhunt ne serait qu'un ixième succédané de Délivrance. La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms d'Henriette Bruusgaard, Nini Bull Robsahm, Jorn-Bjorn Fuller-Gee, Lasse Valdal, Helge Sveen, Jeppe Laursen et Erlend Vetleseter ; mais j'en doute... Attention SPOILERS !
(1) En plein été 1974, quatre jeunes, Camilla, son petit ami Roger, Mia et Jørgen, partent pour un week-end de détente dans les bois.

Ils s'arrêtent dans une auberge où ils rencontrent quelques habitants aux regards antipathiques et une jeune fille qui, terrorisée, leur demande de l'emmener avec eux. Ils acceptent. Ils repartent enfin en voiture, mais, en chemin, les jeunes sont attaqués par des hommes armés qui les assomment un par un. Ils se réveillent esseulés en plein cœur de la forêt et entendent le son d'un cor de chasse (1). Certes, parmi les influences de Manhunt, Rovdir de son titre originel, nous avons déjà mentionné Détour Mortel, Délivrance et La Colline a des Yeux. On pourrait également notifier Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), soit autant d'ouvrages faramineux auxquels Manhunt semble faire voeu d'obédience. Hélas, toutes ces références, aussi proéminentes soient-elles, ont déjà été mimées, paraphrasées et psalmodiées à satiété par le passé. 

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Et autant l'annoncer sans fard. Non, Manhunt n'a pas pour aspérité de raviver, ni de revivifier un genre en désuétude. Sur la forme, Manhunt se contente de mimer ses augustes homologues. Cependant, le métrage de Patrik Syversen peut au moins s'enhardir de posséder un certain nombre d'arguties dans sa besace. Pas question d'obliquer vers les facéties et les billevesées, un peu à la manière d'un Détour Mortel ! En l'occurrence, Manhunt se veut nihiliste, radical et brut de décoffrage. Les saynètes de barbaque et de tripailles s'amoncellent pour mieux prodiguer un film volontairement brutal. Pas question de s'appesantir non plus sur la psyché des divers protagonistes.
Manhunt n'a pas de telles velléités. Indubitablement, la forêt constitue un maillon essentiel, voire un personnage supplémentaire dans cette suite d'animosités. Sur la forme (bis repetita), Manhunt réactive cette violence ancestrale qui imprégnait les films gore de la décennie 1970. En l'état, Manhunt se montre beaucoup plus éloquent que la plupart des films trash actuels, qu'ils se nomment Détour Mortel (oui, encore...), les nouvelles versions aseptisées de Massacre à la Tronçonneuse, ou encore Hostel (Eli Roth, 2006). In fine, le long-métrage se montre suffisamment magnanime pour satisfaire les amateurs les plus patentés d'éviscérations et autres joyeusetés du même acabit. 
Chronique succincte aujourd'hui, finalement à l'instar de la durée - elle aussi élusive - du film (à peine une heure et 15 minutes de bobine, générique y compris).

Note : 13.5/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver