Genre : horreur, épouvante, comédie (interdit aux - 12 ans)
Année : 2015
Durée : 1h26
Synopsis : Ellie, Madeleine et Jennifer, trois femmes aux caractères radicalement différents, sont enlevées après une soirée particulièrement arrosée et assemblées en une seule et même personne. Elles partent à la recherche du coupable, bien décidées à se venger…
La critique :
A l'origine, le monstre de Frankenstein est issu de l'imagination de Mary Shelley. La créature anonyme apparaît pour la première fois dans le célèbre opuscule intitulé Frankenstein ou le Prométhée moderne. Il était logique, voire inhérent, que cette créature mortifère, conçue et fabriquée à partir de plusieurs cadavres, soit - un jour ou l'autre - adapté par le noble Septième Art. Vers l'orée des années 1930, James Whale réalise la toute première adaptation, sobrement intitulée Frankenstein (1931). Cette version peut escompter sur le magnétisme - presque animal - de Boris Karloff pour prêter ses traits livides et caverneux au monstre loqueteux. Le film de James Whale devient rapidement un long-métrage populaire qui marque profondément la mémoire collective.
Grisé par ce succès inopiné, le metteur en scène britannique réitère cinq ans plus tard avec La Fiancée de Frankenstein (1935).
A ce jour, cette suite consécutive est souvent considérée comme le meilleur film de la franchise... Une franchise qui va prendre une ampleur inattendue. La fiancée de Frankenstein s'octroie le statut de film culte et même de classique sérénissime. La firme, Universal Monsters, fait de la créature son principal leitmotiv. Impression corroborée par les sorties concomitantes de Le fils de Frankenstein (Rowland V. Lee, 1939), Frankenstein rencontre le loup-garou (Roy William Neill, 1943), ou encore La maison de Frankenstein (Erle C. Kenton, 1944).
Puis, c'est au tour de la Hammer de préempter le monstre et son célèbre créateur, notamment avec Frankenstein s'est échappé (Terence Fisher, 1957), La revanche de Frankenstein (Terence Fisher, 1958), ou encore L'empreinte de Frankenstein (Freddie Francis, 1964).
Entre temps, le mythe de Frankenstein est amplement dévoyé. Que ce soit sous l'angle de la comédie potache ou de l'érotisme goguenard, le monstre doit subir les élucubrations de la série B. Preuve en est avec des titres tels que Jesse James contre Frankenstein (William Beaudine, 1966), La vie sexuelle de Frankenstein (Peter Perry Jr., 1964), Les expériences érotiques de Frankenstein (Jesùs Franco, 1972), ou encore Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle (Mel Welles, 1973). A cela, s'additionnent aussi d'autres bisseries qui exploitent à satiété la mythologie du créateur écervelé. Pour souvenance, Stuart Gordon n'a jamais caché les corrélations matoises entre le film Re-Animator (1985) et les différentes versions de Frankenstein.
Là aussi, il est question d'un médicastre désireux de ressusciter les morts et de jouer avec le Complexe d'Icare.
Le mythe de Frankenstein peut donc s'exporter à travers différents scénarios macabres. En outre, il serait parfaitement futile, voire chimérique, de recenser tous les films et bisseries qui se réclament de Frankenstein. L'un des derniers films en date se nomme Patchwork, réalisé par la diligence de Tyler MacIntyre en 2015. Il faut se rendre sur le site IMDb et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.imdb.com/name/nm3225709/) pour glaner et déceler quelques informations sur ce metteur en scène. Selon nos sources, plutôt pingres pour l'occasion, Tyler MacIntyre a essentiellement officié en tant que chef monteur et opérateur sur plusieurs courts-métrages et documentaires, par ailleurs inconnus du bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales.
A fortiori, Patchwork constituerait le tout premier long-métrage de Tyler MacIntyre.
En raison de son statut de série B impécunieuse, Patchwork n'a pas reçu les faveurs ni les ferveurs d'une sortie dans les salles obscures. C'est donc par l'entremise de plusieurs festivals (notamment le BIFF édition 2016) que le film a pu se prévaloir auprès d'un public avisé. En l'occurrence, les avis et les critiques sont plutôt mitigés. D'un côté, Patchwork peut escompter sur le soutien indéfectible d'une presse plutôt magnanime et qui salue ce premier essai prometteur. A contrario, les contempteurs fustigent et vitupèrent une bisserie inconséquente et qui exploite partiellement son sujet.
Reste à savoir si Patchwork mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Autant l'annoncer sans ambages. Cinéma Choc se situe clairement dans la seconde catégorie. En outre, le scénario de Patchwork aurait mérité un bien meilleur étayage ; sujet sur lequel nous reviendrons ultérieurement.
La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Tracey Fareway, Tory Stolper, Maria Blasucci, James Phelps et Corey Sorenson ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Ellie, Madeleine et Jennifer, trois femmes aux caractères radicalement différents, sont enlevées après une soirée particulièrement arrosée et assemblées en une seule et même personne. Elles partent à la recherche du coupable, bien décidées à se venger… Au moins, Patchwork peut s'enhardir d'un scénario iconoclaste, surtout dans l'univers galvaudé des morts-vivants putréfiés. Certes, les filiations avec le mythe de Frankenstein (bis repetita...) sont évidentes, voire immanentes... Mais au moins, Patchwork propose de visiter un tout autre syllogisme.
Cette fois-ci, c'est la gente féminine, et en particulier trois gourgandines, qui subissent les extravagances d'un vil scientifique.
Mais ce dernier a évidemment des complices. Dans Frankenstein (la version de 1931), on se gaussait impérialement des susdits cadavres qui composaient le corps putrescent de la créature. Patchwork épouse un didactisme antinomique. Le long-métrage de Tyler MacIntyre repose sur ce concept d'une triade féminine qui devra se concilier et s'entendre pour retrouver les responsables de cet étrange cas de métempsychose. A priori, Patchwork part sous les meilleurs auspices... Tout du moins, en apparence... En outre, Tyler MacIntyre exploite son sujet avec beaucoup trop d'avarice et de parcimonie. On aurait apprécié davantage de gore et d'érubescences.
Or, le cinéaste opte pour la comédie égrillarde et transie par la doxa féministe. On retrouve derechef cette vindicte personnelle (et revendiquée) contre l'omnipotence du vilain mâle.
Il serait temps, grand temps, que le cinéma en général et le cinéma d'horreur en particulier se délestent - un jour ou l'autre - de cette intempérance. Heureusement, Patchwork retrouve un peu de verve et d'effervescence lorsque nos trois héroïnes, affublées du même corps, sont sommées de ferrailler avec leur propre thaumaturge. Néanmoins, cette dernière demi-heure en apothéose peine réellement à sauver les apparences, à savoir cette impression de visionner une série B qui fonctionne seulement par intermittence. In fine, le manque de budget se fait furieusement sentir.
Reste le twist final qui permet au film de conserver un certain pragmatisme. C'est hélas insuffisant pour susciter nos réelles appétences. Ne réalise pas Re-Animator qui veut. Telle est la leçon à retenir de cette série B falote et sans envergure. Chronique succincte aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film...
Note : 09/20
Alice In Oliver