Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2016
Durée : 1h39
Synopsis : À Los Angeles en 1965, une veuve et ses deux filles montent une nouvelle arnaque pour pimenter leur commerce de séances de spiritisme bidon. Chemin faisant, elles font involontairement entrer chez elles un esprit maléfique bien réel. Lorsque la fille cadette est possédée par la créature impitoyable, la petite famille doit surmonter une terreur dévastatrice pour la sauver et renvoyer l'esprit de l'autre côté…
La critique :
On pouvait aisément l'augurer, le prédire et même le supputer. Un jour ou l'autre, le cinéma d'épouvante réactiverait l'effroi, les frissons et les cris d'orfraie via la thématique ineffable du paranormal. C'est par l'entremise d'une série B impécunieuse que les activités parapsychiques retrouvent un peu de verve et de luminescence. Pourtant, aucun producteur - ou presque - n'aurait gagé sur le succès pharaonique de Paranormal Activity (Oren Peli, 2009). A l'origine, cette bisserie impécunieuse n'a jamais nié ses contiguïtés matoises avec le film Le Projet Blair Witch (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick, 1999), un found footage auquel Paranormal Activity semble faire voeu d'obédience.
Mieux, en l'espace de quelques semaines (quelques mois...), Paranormal Activity devient un phénomène populaire.
Il était donc logique, voire inhérent, que ce premier chapitre se transmute en une franchise lucrative et mercantiliste. Ainsi, Paranormal Activity 2 (Todd Williams, 2010), Paranormal Activity 3 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2011), Paranormal Activity 4 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2012), Paranormal Activity - The Marked Ones (Christopher Landon, 2014) et Paranormal Activity 5 - Ghost Dimension (Gregory Plotkin, 2015) seront produits et réalisés dans la foulée. Le cinéma d'épouvante asiatique vient lui aussi s'ajouter aux inimitiés via un Paranormal Activity - Tokyo Night (Toshikazu Nagae, 2010), qui fait office à la fois de remake et de séquelle.
Corrélativement, un autre auteur démiurgique renâcle à son tour vers l'horreur de naguère. Son nom ? James Wan, le célèbre réalisateur de Saw (2004) premier du nom.
En l'espace d'une petite décennie, le metteur en scène devient le nouveau chantre de l'épouvante. Des films tels que Dead Silence (2007), Insidious (2011), Conjuring - Les dossiers Warren (2013), Insidious - Chapitre 2 (2013) et Conjuring 2 - Le Cas Endfield (2016) lui permettent de toiser les firmaments du box-office américain. Evidemment, les succès concomitants des sagas Paranormal Activity et Conjuring inspirent et engendrent toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Sinister (Scott Derrickson, 2012), Dark Skies (Scott Charles Stewart, 2013), Grave Encounters (The Vicious Brothers, 2011), Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014), ou encore Hérédité (Ari Aster, 2018) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Toutes ces productions tentent de profiter de l'essor du paranormal, que ce soit dans les salles de cinéma ou par l'entremise du support vidéo.
Vient également s'additionner Ouija (Mike Flanagan et Stiles White, 2014, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/11/24/37636333.html). Pour souvenance, cet ixième film d'épouvante aux exhalaisons ténébreuses n'avait pas spécialement laissé un souvenir impérissable, loin de là... Pis, le long-métrage suintait la fastidiosité et la redondance à plein nez. Paradoxalement, lors de son exploitation en salle et via le support DTV (direct-to-video), Ouija rapporte suffisamment de pécunes et de précieux capitaux pour engendrer un second chapitre, à savoir Ouija - Les Origines, réalisé par la diligence de Mike Flanagan en 2016.
La carrière du cinéaste débute vers l'orée des années 2000 via Makebelieve (2000), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales.
Mike Flanagan enchaîne alors avec Still Life (2001), Ghosts of Hamilton Street (2003), Absentia (2011), The Mirror - Occulus (2013), Pas un bruit (2016), Ne t'endors pas (2016), Jessie (2017) et récemment Doctor Sleep (2019). Mieux, le metteur en scène orfèvre a joué les apprentis dociles lors de la réalisation de Ouija premier du nom. Pas besoin d'être un extralucide pour subodorer les accointances entre Mike Flanagan et le cinéma d'épouvante, un registre qu'il sacralise et divinise. Si le premier Ouija s'était soldé par des critiques unanimement négatives, Ouija - Les origines rencontre - à contrario - les plébiscites de la presse spécialisée. Un oxymore...
Comme le stipule son intitulé, Ouija - Les Origines n'est pas vraiment (du tout...) une suite consécutive, mais plutôt une préquelle qui revient sur les origines de la planche maléfique.
Reste à savoir si ce deuxième opus mérite - ou non - de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose d'Elizabeth Reaser, Annalise Basso, Lin Shaye, Lulu Wilson, Henry Thomas, Parker Mack, Sam Anderson et Kate Siegel. Attention, SPOILERS ! (1) Los Angeles, 1967. Alice Zander et ses deux filles, Paulina et Doris, sont de fausses médiums qui arnaquent leurs clients, lors de séance de tables tournantes truquées. Lorsqu'elles commandent un jeu de Ouija, elles pensent avoir affaire à une nouvelle arnaque, mais Doris, la benjamine de la famille, prétend que la planche se déplace réellement toute seule lorsqu'elle utilise le jeu.
Bien qu'au début sceptiques, Alice et Paulina comprendront que la planche de Ouija a bien fonctionné réellement avec Doris.
Au fur et à mesure des séances, Doris apprend que le fantôme avec qui elle communique par l'entremise du Ouija était un médecin psychopathe qui a vécu dans leur maison et bientôt, ces séances de Ouija mèneront à un cas de possession lorsque Doris sera possédée par l'esprit de ce médecin décédé. Alice devra faire appel à un exorciste pour libérer sa fille de l'emprise de l'esprit maléfique... (1) Certes, Ouija - Les Origines n'a pas pour aspérité de raviver un genre en désuétude et revisité jusqu'à la moelle (voire plus soif...). Oui, Ouija - Les Origines n'est pas réitérer les terreurs déjà entrevues dans certains classiques sérénissimes, notamment Poltergeist (Tobe Hooper, 1982) et L'Exorciste (William Friedkin, 1973). A raison, certains contempteurs effarouchés n'y verront qu'une succession de poncifs et de clichés éculés. Or, il serait dommage de résumer Ouija - Les Origines à toute une litanie de caricatures joliment désuètes, voire obsolescentes.
Indubitablement, Mike Flanagan n'est pas un manchot ni un cancre derrière la caméra. Stakhanoviste, le metteur en scène imprime à son long-métrage une vraie ambiance "sixties" et peaufine ses divers protagonistes. Ces derniers sont crédibles même si le film s'agence de nouveau sur le terrain familial, par ailleurs délesté de la figure patriarcale. Si le scénario de Ouija - Les Origines n'élude pas certains archétypes, ainsi que certains effets surannés, voire conventionnels, il faut reconnaître que le film essaime quelques scènes de frousse savamment fomentées.
Contre toute attente, cette préquelle parvient à susciter quelques trémolos inopinés. Si Ouija - Les Origines amalgame certaines recettes frelatées de l'épouvante, au moins, il le fait avec diligence et déférence. En ce sens, cette suite (Enfin... Séquelle...) se montre beaucoup plus probante que son sinistre antécesseur. Il faudrait se montrer particulièrement rustre et vachard pour ne pas discerner les indéniables arguties du long-métrage de Mike Flanagan. Indiscutablement, on tient là un cinéaste en devenir... Tout du moins s'il ne se fait pas dévorer par l'argyrocratie hollywoodienne...
Mais on peut aisément lui prédire un avenir pérenne. La preuve, les producteurs lui confié la réalisation de Doctor Sleep (2019), la suite sérénissime de Shining...
Note : 12.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ouija_:_Les_Origines