L_Arme_fatale 1987

Genre : policier, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 1987
Durée : 1h50

Synopsis : Deux policiers de Los Angeles, Martin Riggs et Roger Murtaugh, se retrouvent coéquipiers sur une même affaire. Les deux hommes, aux caractères franchement opposés, finissent par s'apprécier et doivent bientôt faire montre de toutes leurs qualités lorsque la fille de Murtaugh est enlevée par d'anciens agents des forces spéciales devenus trafiquants de drogue. 

La critique :

Selon le site Wikipédia, "le buddy movie ou buddy film (littéralement, « film de copains » ou « film de potes » en français) est un genre cinématographique qui consiste à placer dans l'intrigue principale d'un film deux héros (ou quelquefois plus de deux) très différents. En français, on parle, selon les cas, de « duo de choc », de « binôme de flics » ou encore de « film à tandem ». Souvent aux antipodes l'un de l'autre, les deux héros doivent travailler ensemble, ce qui provoque entre eux des problèmes de communication ; malgré tout, après des débuts souvent compliqués, ils finiront par s'entendre et s'apprécier" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Buddy_movie).
Certes, le buddy movie va devenir l'un des principaux leitmotivs du polar à l'américaine, mais ce registre cinématographique connaît déjà ses tous premiers balbutiements à travers la comédie française.

Ainsi, des films tels que La Traversée de Paris (Claude Autant-Lara, 1956), Un Singe En Hiver (Henri Verneuil, 1962), Le Corniaud (Gérard Oury, 1965) et La Grande Vadrouille (Gérard Oury, 1966) mettent déjà en exergue des duos atypiques et antinomiques. Mais c'est sans doute le film 48 Heures (Walter Hill, 1982) qui lance les inimitiés en coalisant un petit voyou issu de la communauté Afro-Américaine (Eddie Murphy) à un flic "blanc" (Nick Nolte). Tout oppose ses deux individus en dissidence. Toutefois, le public extatique raffole de ce genre de tandem antagoniste. De surcroît, leurs multiples pérégrinations vont amener les deux comparses à lutiner et à partager une certaine déférence, voire une amicalité qui dépasse la petite amitié de circonstance.
Les thuriféraires de buddy movies n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Double Détente (Walter Hill, 1988), Midnight Run (Martin Brest, 1988), Tango et Cash (Andreï Kontchalovski et Albert Magnoli, 1989), La Relève (Clint Eastwood, 1989), ou encore Bad Boys (Michael Bay, 1995) parmi les métrages notoires et éventuellement notables.

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C'est sans compter sur L'Arme Fatale, réalisée par la diligence de Richard Donner en 1987. A l'origine, le projet est cornaqué par Shane Black. Pour le rôle de Martin Riggs, le producteur envisagera toute une pléthore de comédiens, notamment Alec Baldwin, Michael Biehn, Jeff Bridges ou encore Nicolas Cage. Après d'interminables louvoiements et atermoiements, Shane Black se tourne finalement vers Mel Gibson. Même chose pour Roger Murtaugh, un rôle qui doit initialement échoir à Brian Dennehy. Mais, là encore, Shane Black souhaite affilier à Martin Riggs (Mel Gibson) un acteur antagoniste, en la personne de Danny Glover. Pour l'anecdote superfétatoire, L'Arme Fatale est dédiée à la mémoire du cascadeur Dar Robinson, décédé peu après le tournage (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Arme_fatale). Hormis Mel Gibson et Danny Glover, déjà susdénommés à maintes reprises, la distribution du film se compose de Gary Busey, Mitch Ryan, Tom Atkins, Darlene Love, Traci Wolf et Ed O'Ross.

Inutile de le mentionner et de le préciser, mais L'Arme Fatale se soldera par un succès pharaonique lors de son exploitation au box-office. Le long-métrage s'arroge même le titre de film culte. Reste à savoir si L'Arme Fatale mérite - ou non - de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Toujours est-il que ce premier chapitre se transmutera en une tétralogie lucrative et mercantiliste via L'Arme Fatale 2 (Richard Donner, 1989), L'Arme Fatale 3 (Richard Donner, 1992) et L'Arme Fatale 4 (Richard Donner, 1998), sans compter une série télévisée éponyme (Matt Miller, 2016 - 2019). Vous l'avez compris, voire même subodoré.
On tient là un buddy movie populaire. Hélas, nonobstant ses scores probants au box-office américain et dans le monde entier, la saga perdra subrepticement de sa superbe au fil des épisodes.

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Car L'Arme Fatale, c'est avant tout un cocktail explosif d'action, de comédie égrillarde et même de saynètes assez virulentes, tout du moins si on se tient au premier chapitre. Les suites consécutives obliqueront vers davantage de truculence. Quant à Richard Donner, on lui doit notamment des oeuvres telles que La Malédiction (1976), Superman (1978), Le Jouet (1982), Ladyhawke, la femme de la nuit (1985), Les Goonies (1985) Fantôme en Fête (1988), Maverick (1994), Assassins (1995), Prisonniers du Temps (2003), ou encore 16 Blocs (2006). Mais trêve de palabres et de verbiages et passons à l'exégèse de L'Arme Fatale ! Attention, SPOILERS !
(1) Roger Murtaugh
 est un policier qui aime le calme et la tranquillité. Pour ses 50 ans, ses supérieurs lui font un cadeau empoisonné : un nouveau coéquipier appelé Martin Riggs, un jeune flic enragé et suicidaire depuis la mort de sa femme. 

Riggs se révèle vite incontrôlable pour Murtaugh. Ils n'ont qu'un point commun : ils ont tous les deux fait la guerre du Vietnam (Riggs était dans les Forces Spéciales et Murtaugh dans l'Unité des Marines avec son ami Michael Hunsaker). Aussi, lorsque la fille de Michael Hunsaker meurt dans des circonstances louches, Murtaugh décide de s'occuper de l'affaire avec Riggs. Très vite, les deux découvrent l'existence d'un trafic d'héroïne monté par une bande d'anciens soldats comme eux : le général McAllister et son escadron, la « Shadow Company » (1). Curieusement, L'Arme Fatale premier du nom est souvent affiliée à la comédie policière alors que l'on tient un vrai film noir qui aborde sans fard les rémanences et les réminiscences de la guerre du Vietnam, encore très présentes dans la mémoire collective.
Ainsi, toute la première partie du film s'ingénie à explorer la psyché en déliquescence de son personnage prédominant, Martin Riggs. 

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L'individu forcené est le parfait archétype du flic suicidaire et tête brûlée, au grand dam de son nouvel affidé (Roger Murtaugh). A contrario, ce dernier mène une vie bien rangée. Martin Riggs vit dans une caravane vétuste et ne parvient pas à oublier le meurtre de sa défunte épouse. As de la gâchette, le policier retors accumule les facéties et les impondérables. "Le job n'attend pas", décrie cet ancien de la guerre du Vietnam. Sans cesse sur la corde raide, Riggs survit pour son métier qu'il sacralise et affectionne. Sur ce dernier point, le film n'élude pas certains stéréotypes habituels. La relation entre Martin Riggs et Roger Murtaugh est essentiellement conflictuelle, nonobstant certains apparats matois. Les deux flics passent ainsi leur temps à s'injurier et à s'invectiver.
Mais L'Arme Fatale ne repose pas uniquement sur ce duo anticonformiste.

En filigrane, Shane Black et Richard Donner distillent une enquête aux petits oignons, dans laquelle il est question - non seulement - d'un trafic de stupéfiants ; mais également d'une jeune génération victime des turpitudes d'une nouvelle forme de criminalité. Dans ce premier volet, c'est la fille d'un policier débonnaire qui trépasse et dont la mort suspecte fait l'objet d'une enquête précautionneuse. Sur ces entrefaites, L'Arme Fatale amalgame habilement le polar, les scènes d'action rocambolesques, ainsi qu'une once de rodomontade. Par ailleurs, le second chapitre réitérera peu ou prou la même recette antinomique, avec néanmoins un peu moins de finauderie.
La franchise perdra subrepticement de sa verve dès le troisième opus, sous le joug impérial de la faribole. Les personnages subsidiaires s'additionneront (René Russo, Joe Pesci et Chris Rock), mais à aucun moment, la saga ne réactivera cette noirceur ineffable, celle qui sied si bien à ce premier volet. Toutefois, en dépit de ses arguties, L'Arme Fatale n'est pas exempte de tout grief. 
Si le scénario est plutôt bien ficelé et agencé, il reste assez conventionnel. Mais il faudrait se montrer particulièrement rustre et vachard pour ne pas discerner les vertus de ce film policier.

 

 

Note : 15/20

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Arme_fatale

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