Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2019
Durée : 1h31
Synopsis : Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé : c’est un petit garçon éveillé, doué et curieux de tout. Mais à l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Tori nourrit bientôt d’atroces doutes sur son fils. Désormais, Brandon n’agit plus que pour satisfaire ses terribles besoins, et même ses proches sont en grave danger alors que l’enfant miraculeux se transforme en un redoutable prédateur qui se déchaîne sur leur petite ville sans histoire...
La critique :
Il serait sans doute futile, voire fastidieux de réitérer la genèse, ou plutôt la résurgence, de nos super-héros dans les salles de cinéma. Ce nouveau diktat du cinéma consumériste remonte déjà à deux décennies via le succès pharaonique de X-Men (Bryan Singer, 2000). Depuis, les super-héros ne cessent de pulluler et de proliférer dans les salles de cinéma. Depuis, les firmes Marvel et DC Comics se disputent la couronne de la société la plus lucrative et la plus hégémonique, un match aisément remporté par Marvel... Tout du moins pour le moment... Parmi les productions les plus éloquentes, les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles qu'Iron Man (Jon Favreau, 2008), Watchmen, les gardiens (Zack Snyder, 2009), The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008), Spider-Man (Sam Raimi, 2002), X-Men - Le Commencement (Matthew Vaughn, 2011), ou encore Logan (James Mangold, 2017) parmi les métrages les plus notables et éventuellement les plus notoires.
Après vingt ans de bons et loyaux services au sein de Marvel ou de DC Comics, que faut-il retenir de cette profusion de super-héros sur nos écrans ? Réponse, pas grand-chose ou alors peu ou prou, tout du moins des pellicules analogiques qui tentent de coaliser un large public, soit de 7 à 77 ans. Mieux, nos justiciers dotés de pouvoirs faramineux (à l'exception de Batman et d'une petite poignée d'irréductibles...) ont formé des ligues pour lutter contre les forces du mal, le tout avec l'assentiment de la scène internationale et surtout de l'Oncle Sam. Le premier Avengers (Joss Whedon, 2012) a triomphé dans le monde entier et devait inéluctablement se muer en une franchise opulente et mercantiliste. Que ce soit Avengers - L'ère d'Ultron (Joss Whedon, 2015), Avengers - Infinity War (Anthony et Joe Russo, 2018), ou encore Avengers - Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019), tous ces chapitres consécutifs corroboreront l'omnipotence de Marvel sur l'univers des super-héros.
Que soit. Sévèrement effarouché, DC Comics répondra de façon timorée avec le piètre Justice League (Zack Snyder, 2017), un blockbuster plantureux (pléonasme...) et condamné à dépérir dans les affres de la désuétude. Marvel peut dormir placidement sur ses deux esgourdes. Il n'a rien à craindre - ou presque - de son plus farouche adversaire. Mais Marvel doit veiller à son édifice, désormais vacillant et menacé par une autre firme potentat, Walt Disney "himself". Après avoir racheté les droits de la saga Star Wars, la société fastueuse a pour velléité de préempter l'univers des super-héros. Dans cette série de rixes et de martialités, ce registre cinématographique a vu la gente féminine se regimber contre le (pseudo) diktat du patriarcat. Ainsi, Captain Marvel (Ryan Fleck et Anna Boden, 2019), Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017), Catwoman (Pitof, 2004) et autres Elektra (Rob Bowman, 2005) épousent les rudiments et les linéaments de la doxa féministe.
Puis, les super-héros ont obliqué vers davantage d'irénisme et d'oecuménisme en renâclant vers l'aspect communautaire. Preuve en est avec des longs-métrages tels que Black Panther (Ryan Coogler, 2018), Blade (Stephen Norrington, 1998), Hancock (Peter Berg, 2008), ou encore l'inénarrable Meteor Man (Robert Townsend, 1993). Toutes ces pellicules ont pour aspérité de vanter les prouesses et les mérites de la communauté Afro-Américaine au nom du pacifisme, du multiculturalisme et du "vivre ensemble". Oui, nonobstant certains apparats matois et des films à priori inoffensifs, se tapit une idéologie. Bien sûr, les super-vilains se devaient eux aussi de transparaître dans cette kyrielle de productions peu ou prou analogiques. Récemment encore, ce sont Venom (Ruben Fleischer, 2018) et Joker (Todd Phillips, 2019) qui ont conquis - au moins pour le deuxième - les ferveurs d'un public extatique.
Vient également s'ajouter Brightburn - L'Enfant du Mal, réalisé par la diligence de David Yarovesky en 2019. En vérité, Brightburn n'est pas vraiment un film de super-héros ou plutôt de super-vilain stricto sensu. Mais le scénario du long-métrage s'inspire de Superman, en tout cas de sa figure antinomique. En résumé, que se passerait-il si l'homme de Krypton se regimbait contre notre Humanité ? Au moins, Brightburn repose sur un concept iconoclaste. Autant dire que l'on avait hâte de voir le résultat sur écran, d'autant plus que le projet est cornaqué par James Gunn, l'auteur omniscient de Super (2010), Horribilis (2006), Les gardiens de la galaxie (2014) et Les Gardiens de la Galaxie vol. 2 (2017). Ensuite, Brightburn n'a pas vraiment pour velléité de boxer parmi la catégorie des super-héros, mais lutine davantage avec le slasher, l'horreur et l'épouvante.
A vrai dire, le script du film entretient de nombreuses accointances avec l'épisode intitulé C'est une belle vie (Episode 8, Saison 3, James Sheldon, 1961) de la série La Quatrième Dimension. En outre, Brightburn reprend peu ou prou la même formule, à savoir cette idée d'un enfant diabolique et nanti de pouvoirs faramineux. Bilieux, le gosse punit, étrille et lamine tous les adultes qui ont le malheur de contrarier son humeur labile. Quant à David Yarovesky, la carrière du cinéaste débute vers le milieu des années 2000 via plusieurs courts-métrages, notamment A Funny Thing Happened at the Quick Mart (2004), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales.
A postériori, il enchaîne avec The Hive (2014), son tout premier long-métrage. David Yaroveski fait donc presque office de noviciat dans l'univers cinéphilique.
Au sujet de Brightburn, peu d'informations circulent. Pour le spectateur avisé, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'à la sortie du film pour découvrir les réelles aspérités de Brightburn - L'Enfant du Mal. En l'occurrence, les critiques sont plutôt mitigées. Si certains adulateurs saluent et encensent cette modeste série B, d'autres se montrent beaucoup plus pondérées. Reste à savoir si Brightburn justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Toujours est-il que le film rapportera suffisamment de pécunes pour envisager un second chapitre consécutif... Affublé d'un budget de 6 millions de dollars, Brightburn a rapporté cinq fois plus que les sommes imparties.
Mais pour le moment, dixit les propres aveux de James Gunn, le producteur vaque à d'autres projets dans la foulée.
La distribution du film se compose d'Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn, Meredith Hagner, Steve Agee, Becky Wahlstrom, Emmie Hunter, Gregory Alan William et Michael Rooker. Attention, SPOILERS ! Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé : c’est un petit garçon éveillé, doué et curieux de tout. Mais à l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Tori nourrit bientôt d’atroces doutes sur son fils.
Désormais, Brandon n’agit plus que pour satisfaire ses terribles besoins, et même ses proches sont en grave danger alors que l’enfant miraculeux se transforme en un redoutable prédateur qui se déchaîne sur leur petite ville sans histoire...
Dans l'épisode C'est une belle vie, on se souvient que Rod Serling - l'auteur démiurgique de La Quatrième Dimension - avait toutes les peines du monde à exploiter son concept avec sagacité et finauderie. D'une bonne idée de départ, l'épisode s'enlisait dans les affres de la redondance. Brightburn souffre des mêmes carences et impondérables, à savoir cette inaptitude à étayer une idée matoise. Certes, les problèmes de la période juvénile, la faillite de la cellule familiale, le déclin du patriarcat, le parricide, la sphère identitaire et la dynamique sexuelle sont autant de thématiques abordées en filigrane par un David Yarovesky débonnaire. De facto, Brightburn s'achemine, bon gré mal gré, vers le slasher lambda. Seule dissimilitude et pas des moindres, Michael Myers (le croquemitaine d'Halloween - La nuit des masques) s'est métamorphosé en super-vilain et en sale gosse atrabilaire.
"Prendre le monde", griffonne le môme bilieux sur son agenda. Certes, on relève çà et là quelques saynètes érubescentes. Hélas, ces quelques fulgurations de circonstance ne parviennent guère à endiguer cette impression d'assister à une production exsangue et qui fonctionne seulement par intermittence. En outre, il faudra attendre le prologue final pour voir Brandon s'éveiller à de plus amples martialités, le film adoptant enfin son rythme de croisière, hélas quelques minutes avant de péricliter. En fait, Brightburn - L'Enfant du Mal se termine là où il aurait dû commencer.
Ne réalise pas La Malédiction (Richard Donner, 1976) qui veut. Telle est la leçon dogmatique qu'aurait dû retenir un David Yarovesky beaucoup trop pusillanime. Par gratitude envers cette série B faussement désinvolte, nous accorderons une mention passable en guise de note finale, mais c'est sans doute clément, trop clément...
Note : 10/20
Alice In Oliver