Le_Cercle_des_poetes_disparus

Genre : drame  
Année : 1989
Durée : 2h08

Synopsis : Todd Anderson, un garçon plutôt timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être l'une des plus fermées et austères des États-Unis, là où son frère avait connu de brillantes études. C'est dans cette université qu'il va faire la rencontre d'un professeur de lettres anglaises plutôt étrange, Mr Keating, qui les encourage à toujours refuser l'ordre établi. Les cours de Mr Keating vont bouleverser la vie de l'étudiant réservé et de ses amis... 

 

La critique :

Réalisateur australien, Peter Weir a tout d'abord débuté sa carrière dans l'univers de la télévision. C'est dans ce contexte qu'il signe des courts, voire des moyens métrages, notamment Homesdale (1971) et Three To Go (1971), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. Il réalise son tout premier long-métrage vers le milieu des années 1970 avec Les voitures qui ont mangé Paris (1974), un film qui amalgame à la fois le fantastique, l'horreur et le thriller. Mais Peter Weir obtient enfin les ferveurs et la reconnaissance du public avec son film suivant, Pique-Nique à Hanging Rock (1975), un drame austère, lui aussi à la lisière du fantastique, et qui s'inspire d'un fait bien réel.
En outre, c'est avec ce deuxième essai que Peter Weir imprime son propre style, à savoir celui d'un metteur en scène qui affectionne l'onirisme et l'amphigourie.

Impression corroborée par son troisième long-métrage, à savoir La Dernière Vague (1977). Le nom de Peter Weir commence alors à s'expatrier au-delà des frontières australiennes. Le cinéaste décide de sortir de l'ornière et de réaliser un film beaucoup moins ésotérique. Ce sera L'année de tous les dangers (1981), un film dans lequel Peter Weir requiert l'omniscience de Mel Gibson, un acteur en verve depuis la sortie et le succès pharaonique de Mad Max (George Miller, 1979). Cette fois-ci, Peter Weir peut embrasser une carrière hollywoodienne. Il enchaîne alors avec Witness (1985), Mosquito Coast (1987), Green Card (1990), Etat Second (1993), The Truman Show (1998), Master and Commander - De l'autre côté du monde (2003) et Les Chemins de la liberté (2011).
Vient également s'ajouter Le Cercle des Poètes Disparus, sorti en 1988.

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En outre, c'est vraiment avec ce drame estudiantin que Peter Weir obtiendra la gloire et la consécration. Je devine également votre surprise. Vous devez sans doute pester et tonner contre la ligne directrice de Cinéma Choc. En l'occurrence, vous pouvez légitimement vous interroger sur la place d'un film tel que Le cercle des poètes disparus dans les coursives alambiquées du blog. Néanmoins, le site n'a jamais caché son engouement ni son intempérance pour les dramaturgies, surtout lorsque ces dernières se concluent dans la contrition et de façon mortifère. Hélas, le métrage de Peter Weir n'échappe pas à cette dialectique mélancolique. Le scénario du film est griffonné par les soins de Tom Schulman qui s'inspire de sa propre expérience de professorat (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cercle_des_po%C3%A8tes_disparus). Non seulement, Le Cercle des Poètes Disparus se soldera par un immense succès commercial, mais s'arrogera toute une pléthore de récompenses.

Le long-métrage s'octroiera - entre autres - l'Oscar du meilleur scénario original pour le même Tom Schulman, le British Academy Film Awards de la meilleure musique originale pour Maurice Jarre et le César du meilleur film étranger. A leur tour, les critiques se montrent unanimement panégyristes. Mieux, avec les années, Le Cercle des Poètes Disparus obtient le titre de film culte, voire de classique sérénissime. Reste à savoir su ce drame mérite - ou non - de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... la distribution du film se compose de Robin Williams, Robert Sean Leonard, Ethan Hawke, Josh Charles, Gale Hansen, Dylan Kussman, Allelon Ruggiero, James Waterston, Norman Lloyd, Kurtwood Smith et Alexandra Powers.
Plusieurs comédiens seront approchés et même envisagés pour incarner John Keating, professeur de lettres, notamment Liam Neeson, Dustin Hoffman et Bill Murray.

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Finalement, le rôle échoira à Robin Williams. Mais trêve de palabres et de verbiages et passons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! (1) En 1959, aux Etats-Unis, Todd Anderson, un garçon timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, dans l'État du Vermont, réputée pour être l'une des plus fermées et austères du pays et où son frère aîné a suivi de brillantes études. Il y fait la rencontre d'un professeur de lettres anglaises aux pratiques pédagogiques plutôt originales, Monsieur Keating, qui encourage le refus du conformisme, l'épanouissement des personnalités par la vie en poésie, l'art de profiter de l'instant présent et le goût de la liberté.
Voulant au maximum suivre la voie nouvelle qui leur est présentée, certains élèves vont redonner vie au cercle des poètes disparus, un groupe d'esprits libres et oniriques, dont Monsieur Keating fut, en son temps, l'un des membres influents.

La découverte d'une autre vie va à jamais bouleverser l'avenir de ces étudiants. En effet, les situations des divers personnages ne se prêtent guère à l'exercice de ces libertés récemment découvertes car les mentalités des parents et des professeurs n'admettent pas que leur autorité soit remise en question par ces jeunes personnalités tentant de s'affranchir de règles trop rigides (1). Certes, on pourrait considérer Le Cercle des Poètes Disparus comme un drame antinomique, à la fois imbibé par la culture du rigorisme et de l'intransigeance et ce prisme de l'humanisme, évidemment incarné par Monsieur Keating. Ces deux syllogismes dominants s'opposent et sont amenés à s'empoigner dans une bataille à la fois politique, culturel et littéraire. D'un côté, l'Académie de Welton prône des valeurs basées sur la discipline, le conformisme, l'inflexibilité et un choix de carrière qui doit mener les étudiants vers les firmaments d'une élite autocratique (principalement les mondes de la banque, du droit, de la médecine et de la finance).

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De l'autre, la poésie n'a pas de telles aspérités hégémoniques. Le lyrisme, le romantisme et la mélancolie doivent l'emporter et contrer une société despotique et régie à la fois par le pouvoir, le carriérisme et l'appât du gain. "Cueille dès à présent les fleurs de la vie" ou encore "Carpe Diem : profite du jour présent". Tels sont les fondamentaux et l'enseignement - presque libertaire - de Monsieur Keating, un professeur quasi anarchiste, surtout face aux préceptes diligentés par l'Académie de Welton. L'enseignant paiera très cher pour profaner de telles fadaises et outrecuidances.
Sans cesse en apostasie, l'éminent précepteur inculque à ses élèves - ses nouveaux dévots - une autre façon d'envisager la providence. Sur ces entrefaites, Le Cercle des Poètes Disparus aborde des thématiques aussi spinescentes que le pouvoir et la liberté.

L'impérium familial, ici encore sous le joug du patriarcat, tient une place prépondérante et prendra tout son sens lors de la dernière segmentation du film. Robin Williams trouve ici l'un des rôles les plus proéminents de sa vaste carrière. A la fois mime, maestro et tragicomique, le comédien est un véritable métronome qui finira néanmoins par ciller contre une autorité irréfragable. Mais le plus intéressant dans Le Cercle des Poètes Disparus ne réside pas forcément dans ses thématiques toujours passionnantes, mais davantage dans cette dichotomie entre le rationnel (entre autres, la notion de vérité, pour le moins alambiquée) et cette labilité émotionnelle (à savoir cette fugacité existentielle).
Finalement, par ses introspections philosophiques, Le Cercle des Poètes Disparus justifie pleinement sa place dans les colonnes diffuses de Cinéma Choc !

 

 

Note : 16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver 

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cercle_des_po%C3%A8tes_disparus