junk 2000

Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 16 ans pour la version cut, interdit aux - 18 ans pour la version uncut)
Année : 2000
Durée : 1h23 pour la version cut, 1h31 pour la version uncut

Synopsis : L'armée américaine procède dans une usine désaffectée à des recherches concernant la mort, et tente de mettre au point un vaccin permettant de faire revenir à la vie. À la suite d'une erreur, l'expérience tourne court et les morts-vivants prennent peu à peu la place, au sein de l'usine, des vivants... Dans cette même usine, une bande de malfrats a donné rendez-vous à des yakuzas pour procéder à un échange de bijoux. À la suite d'une altercation, les deux clans vont se retrouver confrontés aux zombies. 

 

La critique :

Vous l'avez sans doute compris, tout du moins renâclé, voire subodoré. Depuis quelques jours, quelques semaines, Cinéma Choc se polarise sur l'univers des zombies carnassiers. Comme nous l'avions déjà stipulé lors de la chronique de Retour à Zombieland (Ruben Fleischer, 2019, Source :), le registre "zombiesque" s'achemine sur plusieurs mouvances et intempérances. Que les adulateurs du blog (mais enfin, qui êtes-vous ?) se rassérènent. Via ce nouveau billet chronophage, nous ne commettrons pas l'offense d'itérer la genèse ni l'historique de sous-registre du cinéma horrifique. 
Néanmoins, il sied tout de même de notifier que ce registre cinématographique a connu toute une kyrielle de mouvances et d'intempérances. Vers la fin des années 1960, George A. Romero apparaît comme l'une des figures proéminentes via La Nuit des Morts-Vivants (1968).

A l'époque, cette production impécunieuse rencontre à la fois les plébiscites et les acrimonies de circonstance. D'un côté, les thuriféraires adulent et divinisent une série B digressive et iconoclaste. De l'autre, les contempteurs brocardent et admonestent un long-métrage beaucoup trop âpre et virulent. Pour George A. Romero, les zombies claudicants préfigurent avant tout cette déréliction politique et sociétale dont est victime l'Oncle Sam depuis le début de la Guerre Froide. Pour la première fois dans l'histoire du cinéma d'horreur américain, c'est un comédien Afro-Américain, un certain Duane Jones, qui tient le rôle principal. Non seulement l'acteur en déveine devra affronter les assauts incessants de morts-vivants affamés, mais il devra également ferrailler contre l'hostilité de ses propres congénères. 
A postériori, George A. Romero corroborera ce tropisme pour la parabole sociétale avec la Trilogie des Morts.

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Ainsi, Zombie (1978), Le Jour des Morts-Vivants (1985) succèdent à La Nuit des Morts-Vivants. Opportuniste, George Romero poursuivra sur ce didactisme idéologique et sociétal via Le territoire des morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le vestige des morts-vivants (2009). Mais, vers le milieu des années 1980, le public commence sérieusement à se lasser de toutes ces ellipses politiques et idéologiques. Ce dernier réclame et exige davantage de truculence. La requête est évidemment ouïe par les producteurs, et en particulier par Dan O'Bannon via Le Retour des Morts-Vivants (1985). Cette fois-ci, les zombies anthropophagiques oscillent davantage vers le gore et les rodomontades. A raison, George A. Romero fulmine. 
Le Jour des Morts-Vivants est expressément phagocyté des salles obscures et en particulier par Le retour des morts-vivants, une série B qui toise les firmaments du box-office américain.

La métaphore sociologique ne fait plus recette et est sommée de s'évincer au profit de la truculence et de la fanfaronnade. Impression accréditée par la sortie, quelques années plus tard, de Braindead (Peter Jackson, 1992). Puis, six ans plus tard, le genre "zombie" adopte un point de vue anthropocentrique avec Moi, Zombie - Chronique de la Douleur (Andrew Parkinson, 1998). Puis, encore six ans plus tard, les morts-vivants optent pour le pittoresque et la comédie égrillarde avec Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2004). Sur ces entrefaites, le genre "zombie" reluque incessamment vers les facéties et les goguenardises. Il était donc logique que le cinéma asiatique vienne lui aussi s'agréger aux inimitiés. Et là aussi, stupéfaction, on trouve toute une pléthore de productions peu ou prou faramineuses.
Parmi les pellicules les plus probantes, les laudateurs mentionneront sans doute à raison des oeuvres telles que Dernier Train Pour Busan (Sang-ho Yeon, 2016), Ne Coupez Pas ! (Shinichiro Ueda, 2017), Battlefield Baseball (Yûdai Yamaguchi, 2003), ou encore Tokyo Zombie (Sakichi Satô, 2005).

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Vient également s'agréger Junk, réalisé par la diligence d'Atsushi Muroga (à tes souhaits !) en 2000. La carrière du metteur en scène asiatique débute vers l'orée des années 1990. Selon nos sources, le cinéaste est directement issu du cinéma indépendant. De facto, il est parfaitement futile de citer les principales composantes d'une filmographie plutôt énigmatique et surtout inédite dans nos contrées hexagonales, à l'exception de Junk évidemment... Et encore, en raison de son statut de série B (série Z), le film n'a pas bénéficié d'une distribution dans les salles obscures. Il faut donc passer par le streaming ou l'achat pur et simple du dvd.
Paradoxalement, nonobstant sa côte de rareté, Junk jouit d'une réputation plutôt flatteuse auprès des amateurs patentés du cinéma underground.

Le métrage est régulièrement recensé parmi les films les plus gore en matière de zombies décrépits. Reste à savoir si Junk mérite - ou non - de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Pour l'anecdote superfétatoire, il existe deux versions de Junk, une version cut (une heure et 23 minutes) et une version uncut (environ une heure et demie). A fortiori, c'est la version non censurée qui fait voeu d'allégeance auprès des aficionados du cinéma trash via une interdiction aux moins de 18 ans. La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Nobuyuki Asano, Shû Ehara, Tate Gouta, Anthony Grow, Yûji Kishimoto, Natsuki Ozawa et Kaori Shimamura ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! 
L'armée américaine procède dans une usine désaffectée à des recherches concernant la mort, et tente de mettre au point un vaccin permettant de faire revenir à la vie. 

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À la suite d'une erreur, l'expérience tourne court et les morts-vivants prennent peu à peu la place, au sein de l'usine, des vivants... Dans cette même usine, une bande de malfrats a donné rendez-vous à des yakuzas pour procéder à un échange de bijoux. À la suite d'une altercation, les deux clans vont se retrouver confrontés aux zombies. Récemment encore, le réalisateur Shinichiro Ueda a démontré que l'on pouvait encore réaliser un excellent film de morts-vivants via Ne Coupez Pas ! (Déjà susdénommé dans ses lignes), une bisserie pourtant nantie d'un budget famélique.
Malencontreusement, toutes les série B désargentées ne possèdent pas le raffinement ni l'entregent d'un Shinichiro Ueda. Paradoxalement, Junk n'a pas de telles aspérités. Le film d'Atsushi Muroga renâcle davantage vers le film Re-Animator (Stuart Gordon, 1986), un classique que Junk spolie et psalmodie à satiété, là aussi la sagacité et l'érudition en moins.

Vous l'avez donc compris. La métaphore avec Re-Animator s'arrête bien là. Certes, les aficionados de barbaque et de tripailles seront en terrain connu et quasiment conquis. Reconnaissons que sur ce dernier point, Junk se montre particulièrement magnanime. Sans ses profusions d'hémoglobine, Junk ne mériterait sans doute pas de tels dithyrambes. Le long-métrage d'Atsushi Muroga n'est pas exempt de tout grief, loin de là et même pour une série Z délestée de toute présomption narrative. Hormis un scénario exsangue, le cinéphile avisé pourra légitimement tonner et clabauder contre une interprétation aux mieux calamiteuse. Le manque (ou plutôt l'absence...) de direction d'acteur se fait furieusement sentir. Et que dire alors des maquillages désastreux ?
Même pour ce genre de production impécunieuse, de telles carences sont impardonnables, voire rédhibitoires. Dommage car Junk s'immisce parfois sur des thématiques passionnantes et aventureuses, notamment sur ce droit d'ingérence que l'armée américaine s'octroie sur la scène internationale. Hélas, derechef, un tel sujet aurait mérité un bien meilleur étayage, sans compter des personnages atones et une mise en scène beaucoup trop académique pour susciter nos appétences. Bref, cela fait beaucoup trop d'approximations et d'incohérences pour ériger Junk parmi les classiques voluptuaires et même parmi les séries B sympathiques.
C'est donc la circonspection qui est de mise lors du générique final. Ma note finale fera donc preuve de clémence et de munificence.

Note : 08.5/20      


sparklehorse2 Alice In Oliver