Genre : thriller, biopic, drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 2014
Durée : 1h50
Synopsis : Liz, une mère célibataire tombée amoureuse de Ted Bundy, refuse de croire à ses crimes pendant des années.
La critique :
Lorsque l'on invoque les serial killers les plus tristement notoires, on songe invariablement aux tueurs en série américains, à savoir les criminels les plus médiatiques. Des noms tels qu'Albert Fish, Jeffrey Dahmer, Dennis Rader, Gary Ridgway, Richard Trenton Chase, Edmund Kemper, ou encore Charles Manson sont devenus autant de cryptonymes hélas populaires dans la mémoire collective. Par ailleurs, Stephen King, le célèbre romancier de l'épouvante, s'inspirera des forfaitures de John Wayne Gacy pour Ca, un opuscule dans lequel un clown kidnappe et dévore les enfants d'une petite communauté américaine (en l'occurrence, le Maine). Tel était, par ailleurs, le modus operandi du même John Wayne Gacy. "Blind, torture, kill" ("Ligoter, torturer, tuer") : tel était le syllogisme de ce renégat hors pair.
Dixit les propres aveux de sa famille et de son entourage, John Wayne Gacy n'est pas ce sinistre individu acariâtre et sociopathe.
Mieux, l'homme replet est décrit comme un individu affable, parfaitement intégré dans notre société et bon père de famille. Pourtant, à ses heures perdues, le psychopathe assaille des adulescents avec qui il entretient des relations sexuelles. Fou de rage et sous l'emprise de pulsions intarissable, l'écervelé les mutile et les enterre dans sa cave. Que soit. Qu'on le veuille ou non, ces criminels insatiables répulsent autant qu'ils fascinent. Preuve en est. Bien des années après leur condamnation à mort, ces maniaques continuent à hanter la mémoire collective. C'est par exemple le cas de Ted Bundy, né en 1946 et décédé en 1989 par injection létale.
Dixit les aveux de son proche entourage, Ted Bundy est décrit comme un homme avenant, charmant et au-delà de tout soupçon.
Pourtant, sous ce visage courtois et affriolant, se tapit un pervers et un sociopathe des plus mécréants. A fortiori, ses premières séries de meurtres commencent vers la fin des années 1960. Toutefois, l'anamnèse de ses troubles psychopathologiques fait régulièrement débat auprès des biographes, psychiatres et autres experts chevronnés. Toujours est-il que le modus operandi reste peu ou prou analogique. Ted Bundy roule à bord d'une Volkswagen Coccinelle, une voiture qu'il utilise pour appâter ses victimes, les séquestrer, les violer, les supplicier et les démembrer dans d'abominables souffrances. Fallacieux, Ted Bundy reconnaîtra le meurtre de plus d'une trentaine de jeunes femmes.
Inutile de préciser que son cas choquera et révulsera l'Amérique toute entière. Pourtant, nonobstant la profusion de preuves irréfutables, le serial killer criera son innocence pendant son procès.
Il devient son propre avocat, ainsi qu'une icône de la sphère médiatique. Avant l'exécution de Ted Bundy, l'Amérique vit dans la terreur. Jusqu'ici, la figure psychopathique était considérée comme un individu claustré, répudié et vivant à l'écart de la société. L'histoire de Ted Bundy montre que le sociopathe peut s'infiltrer et s'immiscer dans la vie de tous les jours, et ainsi prospérer en toute impunité. Evidemment, le cas de Ted Bundy va à la fois inspirer la télévision, ainsi que le noble Septième Art via plusieurs téléfilms et longs-métrages, entre autres le bien nommé Ted Bundy (Matthew Bright, 2002), Ann Rule presents : The Stranger Beside Me (Paul Shapiro, 2003), Au-dessus de tout soupçon (Marvin J. Chimsky, 1986), Bundy - An American Icon (Michael Feifer, 2008), ou encore The Riverman (Bill Eagles, 2004). Vient également s'additionner Extremely Wicked, Shockingly And Vile, réalisé par la diligence de Joe Berlinger en 2019.
L'intitulé du film fait référence à une phrase en guise de sentence et prononcée par le juge lors du procès de Ted Bundy, par ailleurs condamné à la peine capitale. Extremely Wicked, Shockingly And Vile est aussi une production cornaquée par Nefflix. Le film n'a donc pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures, mais sera projeté lors du festival de Sundance. Le scénario du film est également l'adaptation d'un opuscule, The Phantom Prince: My Life with Ted Bundy d'Elizabeth Kendall (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Extremely_Wicked,_Shockingly_Evil_and_Vile). Les critiques sont plutôt pondérées dans l'ensemble.
Si certains thuriféraires saluent cette nouvelle tentative de biopic et de discernement de la personnalité ineffable du tueur au série, d'autres fustigent un thriller en demi-teinte qui ne parvient jamais (ou trop rarement) à saisir un serial killer indicible.
Reste à savoir si Extremely Wicked, Shockingly And Vile justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Zac Efron, Lily Collins, John Malkovich, Grace Victoria Cox, Kaya Scodelario, James Hetfield, Angela Sarafyan, Jim Parsons et Haley Joel Osment. Quant à Joe Berlinger, l'instigateur de ce projet cinéphilique, le cinéaste a essentiellement officié en tant que producteur, surtout sur des documentaires. Seul Blair Witch 2 - Le Livre des Ombres (2002) déroge à la règle et n'a pas spécialement laissé un souvenir indélébile, loin de là... Mais trêve de palabres et de verbiages, et passons à l'exégèse du film !
Attention, SPOILERS ! (1) Il était beau. Il était grand, charmant et charismatique. Propre sur soi diront certains.
Un jeune homme à qui tout pouvait réussir que ce soit dans ses études de droit ou en politique. Un joyeux séducteur qui profitait insoucieusement des années post-Charles Manson. Pourtant, Theodore Robert Cowell, mieux connu sous le nom de Ted Bundy a été condamné à mort pour avoir agressé, mutilé et assassiné plus d’une trentaine de femmes durant les années 1970. Des accusations que cet homme niera jusqu’à la fin. Malgré tout, le public sera toujours de son côté, incapable de croire qu’un homme aussi beau et prometteur puisse commettre autant d’horreur. C'est ce que croit ingénument Liz Klopfler, une femme qui a partagé sa vie avec le criminel.
Hélas, le rêve tourne au cauchemar lorsque Ted Bundy est arrêté… (1) Avant toute chose, il paraît opportun de rappeler qu'Extremely Wicked, Shockingly And Vile est une production prodiguée par Netflix (bis repetita).
De facto, les laudateurs du cinéma trash sont priés de quitter prestement leur siège et de retourner hâtivement dans leurs pénates. Non, contrairement à ce que l'intitulé du film laisse augurer, Extremely Wicked, Shockingly And Vile n'est pas ce déluge d'érubescences et d'hémoglobine ad nauseam. Manifestement, Joe Berlinger et ses sectateurs (en particulier Zac Efron lui-même) ont énormément besogné pour comprendre et discerner la personnalité de Ted Bundy. Sur ces entrefaites, le tueur en série, tristement notoire, n'est jamais décrit comme un maniaque du bistouri, adepte entre autres de l'équarrissage et autres pratiques nécrophiles, voire d'autres paraphilies subséquentes.
Pis, ce thriller - en forme de biopic - évoque non seulement les dommages collatéraux (si j'ose dire) du forcené, mais surtout le destin qui aurait pu nimber ce personnage plutôt banal.
S'il n'avait pas épousé le crime et surtout s'il avait pu réfréner ses ardeurs sociopathiques, Ted Bundy aurait pu aisément revêtir les oripeaux d'un avocat, très en verve pour l'occasion. Par ce syllogisme, Extremely Wicked, Shockingly And Vile épouse les fantasmagories médiatiques. Comment un individu, à priori clairvoyant, a pu s'immiscer dans tant de turpitudes, de bassesses et d'impudicités ? Une question qui restera hélas sans réponse. C'est probablement la raison pour laquelle le film de Joe Berlinger ne raconte rien ou presque, nonobstant l'excellente partition de son acteur principal, Zac Efron. Le comédien, plutôt coutumier des rôles de bellâtre, cherche à casser son image lisse et doucereuse. A force de verser dans la psychologie et les labilités émotionnelles, Extremely Wicked, Shockingly And Vile finit par perdre ses protagonistes en cours de route...
Et le spectateur avec lui... Dommage car ce thriller possède - à contrario - de solides arguties dans sa besace, notamment une mise en scène soyeuse et précautionneuse. Mais, dans l'ensemble, Extremely Wicked, Shockingly And Vile reste beaucoup trop académique et conventionnel pour susciter nos appétences et, de facto, nos congratulations dans les colonnes éparses de Cinéma Choc. C'est donc le désappointement qui exhale lors du générique final.
Note : 11/20
(1) Synopsis du film sur : https://www.leblogducinema.com/critiques/critiques-films/zac-efron-se-revele-dans-extremely-wicked-shockingly-evil-and-vile-critique-875426/
Alice In Oliver