Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2016
Durée : 1h37
Synopsis : Pour essayer d’échapper à son passé, Greta, une jeune Américaine, se fait engager comme assistante maternelle en Angleterre, dans une maison perdue en pleine campagne. À son arrivée, elle découvre qu’elle a été embauchée non pas pour s’occuper d’un petit garçon de 8 ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature. Seule dans la maison, loin de tout, Greta assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres. La poupée serait-elle vivante ? Il se trouve que Greta n’a pas seulement été engagée, elle a été choisie…
La critique :
Lorsque l'on invoque le slasher, on songe invariablement aux sagas Vendredi 13, Halloween, Massacre à la Tronçonneuse, Chucky et A nightmare on Elm Street. Si la genèse de ce registre cinématographique acte et officialise sa naissance via Black Christmas (Bob Clark, 1974), on décèle déjà les tous premiers rudiments et les linéaments avec Le Voyeur (Michael Powell, 1960) et Psychose (Alfred Hitchcock, 1960). Mais c'est bien Black Christmas qui impose et érige la figure sociopathique du croquemitaine en amalgamant huis clos, horreur et home invasion anxiogène.
Narquois, John Carpenter réitérera peu ou prou le même syllogisme analogique via Halloween, la nuit des masques (1978). Seule dissimilitude et pas des moindres, le croquemitaine n'a pas vraiment de faciès et incarne le mal absolu.
Factieux et turpide, Michael Myers préfigure cette menace indicible qui vient subrepticement assaillir des étudiants peu farouches. Seule la jolie Laurie Strode, une adulescente pudibonde, échappe de justesse au courroux du psychopathe écervelé. On retrouve également cette pruderie ostentatoire à travers A Nightmare on Elm Street et Vendredi 13. Dans le cas de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), les animosités se déroulent à la lisière de Crystal Lake. Cette fois-ci, le croquemitaine étrille et estampe des étudiants gouailleurs et ripailleurs.
Narquois, Sean S. Cunningham s'échine à mettre en exergue un tueur en série indicible et énigmatique. Ce dernier n'est autre que Madame Voorhees, une matriarche sévèrement courroucée depuis le décès de son fils Jason.
Le corps de l'adulescent monstrueux git quelque part dans les tréfonds de Crystal Lake. Suite au succès pharaonique du premier Vendredi 13, il était logique que le jouvenceau revienne d'entre les morts pour étriller - à son tour - la caste estudiantine. Tel sera, par ailleurs, le principal apanage des chapitres consécutifs. Jason Voorhees devient une figure iconique du cinéma d'horreur. Et peu importe si le célèbre boogeyman est empalé, démembré, écartelé, anatomisé ou encore tuméfié. Durant les années 1980, le slasher est au faîte de sa gloire.
A leur tour, Michael Myers, Freddy Krueger et autres Leatherface se délectent de jeunes éphèbes qu'ils estampent et étrillent avec une jubilation à peine dissimulée. Corrélativement, le public commence déjà se lasser de ces pellicules peu ou prou analogiques.
Le slasher doit se revivifier sous peine de succomber aux écueils de la redondance. Et c'est qu'a parfaitement compris Tom Holland avec Jeu d'Enfant (1989), un film d'horreur qui amalgame magie vaudou, poupée démoniaque et slasher. Surtout, le réalisateur polymathique invente et crée une nouvelle figure psychopathique en la "personne" (si j'ose dire...) de Chucky, la poupée sanglante. A l'instar de Vendredi 13, Halloween et autres Massacre à la Tronçonneuse, le premier épisode se décline à son tour en saga lucrative et mercantiliste. Mieux, le succès pharaonique de cette nouvelle franchise opulente inspire et engendre toute une pléthore d'épigones.
Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Dolly Dearest (Maria Lease, 1991), Puppet Master (David Schmoeller, 1989), Les géôles du Diables (Charles Band, 2008), Demonic Toys (Peter Manoogian, 1992), ou encore Dolls - Les Poupées (Stuart Gordon, 1987) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner The Boy, réalisé par la diligence de William Brent Bell en 2016. A la fois scénariste, producteur et réalisateur, William Brent Bell démarre sa carrière vers le milieu des années nonante via Sparkle and Charm (1997), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. En outre, le metteur en scène américain n'a jamais caché son engouement ni son effervescence pour le cinéma horrifique. A postériori, il enchaînera avec Stay Alive (2006), The Devil Inside (2012) et Wer (2013). Autant l'annoncer sans ambages.
Ces trois séries B inconséquentes n'ont pas spécialement laissé un souvenir impérissable. En l'occurrence, The Boy reste sans aucun doute le long-métrage le plus proverbial de William Brent Bell. Par ailleurs, une suite, The Boy - La Malédiction de Brahms (2020), sera produite quatre ans plus tard.
Mieux, ce nouvel essai est reçu sous les vivats et les acclamations de critiques unanimement extatiques, à l'exception de quelques pondérations de circonstance. Reste à savoir si The Boy mérite autant de dithyrambes et de satisfécits. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Lauren Cohan, Rupert Evans, Jim Norton, Diana Hardcastle, Ben Robson, James Russell, Jett Klyne, Lily Pater et Stephanie Lemelin. Attention, SPOILERS ! (1) Pour essayer d’échapper à Cole, son ex compagnon, qui la battait et qui lui fit subir une fausse couche, Greta se fait engager comme baby-sitter en Angleterre dans un château perdu en pleine campagne.
À son arrivée dans la demeure, la jeune femme découvre qu’elle a été embauchée par un couple de personnes visiblement très âgées, non pas pour s’occuper d’un petit garçon de huit ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature représentant un enfant du même âge.
Ce couple lui confie cette poupée, qu'il nomme Brahms, en lui remettant des consignes bien précises, puis ils quittent la demeure pour mettre fin à leurs jours en allant se noyer ensemble dans un lac. Seule et loin de tout, Greta, doit s'occuper de cette étrange poupée que pourtant d'abord elle rejette, puis ignore totalement. Mais, peu à peu, la jeune femme assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres. De temps en temps, elle reçoit la visite d'un jeune épicier qui vient livrer de la nourriture pour elle et la poupée. Ce jeune homme, prénommé Malcom, finit par lui expliquer que la poupée représente, en fait, le petit Brahms, jeune fils de huit ans de ce vieux couple et mort voici vingt ans dans des circonstances tragiques. Afin de prouver ce fait, Malcom emmène Greta devant la tombe de Brahms. Dans le village voisin, courent, d'ailleurs, de curieuses rumeurs expliquant que ce jeune garçon serait à l'origine de sa propre mort et de celle d'une petite fille (1).
Evidemment, avec un tel tâcheron aux commandes, on pouvait s'attendre à une véritable calamité et à un slasher formaté pour flagorner un large audimat. En l'occurrence, on obliquera davantage pour la seconde option. Oui, The Boy est allègrement supérieur aux précédentes forfaitures de William Brent Bell. Le cinéaste prend son temps pour planter son décor, à savoir un château vaste et chenu, ainsi que ses divers protagonistes, qui se comptent par ailleurs sur les doigts atrophiés de la main. Sur ces entrefaites, le film entretient sciemment le mystère sur cette poupée énigmatique.
Sur ces entrefaites, The Boy est un curieux amalgame entre La Maison de Cire (Jaume Collet-Serra, 2005), le huis clos parfois anxiogène et Chucky, la poupée sanguinolente. Indubitablement, Brahms, la poupée de porcelaine, reste la véritable attraction du film.
Toutefois, Lauren Cohan accomplit doctement son office et permet au long-métrage d'affiner ses arguments, plutôt pingres pour l'occasion. Cependant, nonobstant certaines arguties, The Boy n'est pas exempt de tout grief, loin de là... Dans l'ensemble, The Boy reste beaucoup trop doucereux et croquignolet pour susciter nos appétences. En outre, l'interdiction aux moins de 12 ans paraît largement usurpée tant The Boy suinte la production aseptisée et cornaquée pour appâter un audimat docile et peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques. Certes, objectivement, The Boy n'est ni déshonorant ni foncièrement désagréable. Néanmoins, on se retrouve derechef devant un slasher lambda, incapable d'exploiter une bonne idée de départ et surtout d'édifier le réel potentiel de sa pseudo poupée démoniaque.
Espérons que la suite affinera davantage les aptitudes de sa marionnette fantoche, sans quoi le public risque de discerner lestement l'habile subterfuge. C'est donc la circonspection qui émane lors du générique final...
Note : 10/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Boy_(film,_2016)