Vous l’avez sans doute remarqué, mais ces dernières semaines et derniers mois, ont vu Cinéma Choc accorder une attention toute particulière à celui qui est considéré parmi les cinéastes japonais les plus importants de l’histoire de son pays. Figure sulfureuse dont certaines œuvres sont encore interdites dans certains pays, Koji Wakamatsu bouscula l’ordre établi tout en s’immisçant comme l’emblème incontournable du pinku-eiga. A travers cet article spécial, j’ai décidé de vous faire mon top en passant brièvement en revue chacun de ses titres.
01. Quand l’embryon part braconner
Fréquemment cité parmi ses réussites les plus probantes, voire même son meilleur film, il est aussi mentionné comme l’une de ses créations les plus osées pour l’époque. Encore aujourd’hui, et peut-être même plus que jamais, la domination sadomasochiste d’un homme psychologiquement instable sur une jeune nymphe ne peut que déranger.
02. Va, va vierge pour la deuxième fois
Avec le premier film mentionné, on tient le moyen-métrage le plus dérangeant de son auteur. Le synopsis laisse entrevoir beaucoup de choses mais c’est surtout le nihilisme total, peut-être le plus jusqu’au-boutiste que j’ai pu voir du réalisateur, qui le rend si perturbant. Dans tous les cas, il ne peut laisser indifférent.
03. L’Extase des Anges
Décrit comme l’aboutissement de son cinéma, le film qui condense toute la rage et les dénonciations de Koji Wakamatsu, L’Extase des Anges est une véritable bombe qui scotche et frappe là où ça fait mal.
04. Shinjuku Mad
La recherche éprouvante d’un père pour retrouver son fils l’amène à se confronter aux jeunes générations qui auront beaucoup de choses à lui dire. Ses errances passionnantes dans le Tokyo nocturne en font une franche réussite.
05. La Vierge Violente
Le plus difficile d’accès de la filmographie de Wakamatsu et disponible chez nous. Je dois avouer avoir eu du mal à me prononcer au début tant je n’avais pas été préparé à sa mise en scène expérimentale. Mais avec le recul, on est sur du très bon niveau. Les mots ne suffisent pas, il faut juste le voir.
06. Les Anges Violés
Malsain à plus d’un titre, Wakamatsu se centre ici essentiellement sur le sexe, mais pas celui qui fera chavirer les cœurs. Le nom du film veut déjà tout dire. Et quand, en plus, le silence pesant est omniprésent, tout est là pour passer un « agréable » moment.
07. Naked Bullet
Plutôt en rupture avec les autres réalisations de l’époque, il est question ici d’une histoire de yakuza revisitée à la sauce Wakamatsu. Et vous vous en doutez, les choses se montreront bien différentes de ce que vous avez l’habitude de voir.
08. Les Secrets derrière le mur
Très étonnant que ce film ne soit pas souvent cité parmi les plus grosses polémiques de l’histoire du cinéma. Ce n’est pas tous les jours qu’un incident diplomatique est causé entre deux pays suite à la diffusion d’une pellicule lors d’un festival cinématographique. Quelques coups de mou parfois, mais le tout est vite rattrapé par l’ambiance proprement glaciale.
09. La femme qui voulait mourir
Les rapports tumultueux d’un couple qui s’envoleront dans une petite ville perdue dans les montagnes enneigées. Interpellant, n’espérez pas voir quelconque lumière au bout du tunnel.
10. La Saison de la Terreur
Un titre qui n’est pas sans rappeler l’excellent La Vie des Autres. Malgré son immobilisme, La Saison de la Terreur galvanise l’attention du cinéphile désireux de connaître le fin mot de toute cette histoire, sans compter un second niveau de lecture cher à Wakamatsu. What else ?
11. Running in Madness, Dying in Love
Moins palpitant que ses frères susmentionnés, manquant un peu de gnac, gare toutefois à ne pas le sous-estimer car il a suffisamment d’arguties dans sa besace pour justifier son visionnage.
12. Violence sans Raison
Parfois énervant sur la question des personnages tout ce qu’il y a de plus manichéens dans leurs idées, il n’en reste pas moins un cru assez fort. Loin d’être le meilleur de son auteur, mais de qualité tout à fait recommandable.
13. The United Red Army
Le gros problème de ce film est purement subjectif puisque j’ai toujours eu du mal avec le style contemporain de Wakamatsu sur la question de la caméra et du visuel loin de la beauté de son noir et blanc. Néanmoins, la puissance de son sujet, la violence sous-jacente et la reconstitution historique impressionnante de détails justifient pleinement une grosse soirée, vu les 3h de séance.
14. Sex Jack
Sex Jack, en promouvant la lenteur et le vide de ses acteurs, est finalement victime de son propre concept. Bien qu’il ait du mal à garder notre attention de manière constante et qu’il manque d’ambitions visuelles, il se rattrape par une grande intelligence de lecture.
15. Le Soldat Dieu
Le concept, sentant Johnny s’en va-t’en guerre à plein nez, donne naissance à un film sans espoir, d’une tristesse prégnante. Hélas, on se demande parfois quand Wakamatsu compte démarrer son long-métrage tant les scènes se répètent.
16. Piscine sans Eau
Un film peu intéressant, rébarbatif, tournant vite en rond. Quelques fulgurances scénaristiques relèveront la chose mais le goût de trop peu reprend le dessus. Cependant, il a le mérite de rester un peu au-dessus du 10/20.
17. 25 Novembre 1970, le jour où Mishima choisit son destin
Le dernier bébé d’une carrière impressionnante qui est, à notre grand dam, son œuvre la plus faiblarde. On apprécie l’audace de changer de sujet en se concentrant sur l’extrême-droite, mais le reste ne suit pas entre le visuel exécrable, le jeu d’acteurs en dents-de-scie et surtout ce gros manque de gnac narratif du début jusqu’à la fin. Ca ne pouvait pas pardonner.