doctor strange

Genre : science-fiction 
Année : 2016
Durée : 1h55

Synopsis : Doctor Strange suit l'histoire du Docteur Stephen Strange, talentueux neurochirurgien qui, après un tragique accident de voiture, doit mettre son égo de côté et apprendre les secrets d'un monde caché de mysticisme et de dimensions alternatives. Basé à New York, dans le quartier de Greenwich Village, Doctor Strange doit jouer les intermédiaires entre le monde réel et ce qui se trouve au-delà, en utilisant un vaste éventail d'aptitudes métaphysiques et d'artefacts pour protéger le Marvel Cinematic Universe. 

La critique :

Il serait sans doute futile, voire fastidieux de réitérer la genèse, ou plutôt la résurgence, de nos super-héros dans les salles de cinéma. Ce nouveau diktat du cinéma consumériste remonte déjà à deux décennies via le succès pharaonique de X-Men (Bryan Singer, 2000) dans les salles obscures. Depuis, les super-héros ne cessent de pulluler et de proliférer dans les salles de cinéma. Depuis, les firmes Marvel et DC Comics se disputent la couronne de la société la plus lucrative et la plus hégémonique, un match aisément remporté par Marvel... Tout du moins pour le moment...
Parmi les productions les plus éloquentes, les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles qu'Iron Man (Jon Favreau, 2008), Watchmen, les gardiens (Zack Snyder, 2009), The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008), Spider-Man (Sam Raimi, 2002), X-Men - Le Commencement (Matthew Vaughn, 2011), ou encore Logan (James Mangold, 2017).

Après vingt ans de bons et loyaux services au sein de Marvel ou de DC Comics, que faut-il retenir de cette profusion de super-héros sur nos écrans ? Réponse, pas grand-chose ou alors peu ou prou, tout du moins des pellicules analogiques qui tentent de coaliser un large public, soit de 7 à 77 ans. Mieux, nos justiciers dotés de pouvoirs faramineux (à l'exception de Batman et d'une petite poignée d'irréductibles...) ont formé des ligues pour lutter contre les forces du mal, le tout avec l'assentiment de la scène internationale et surtout de l'Oncle Sam. Le premier Avengers (Joss Whedon, 2012) a triomphé dans le monde entier et devait inéluctablement se muer en une franchise opulente et mercantiliste. Que ce soit Avengers - L'ère d'Ultron (Joss Whedon, 2015), Avengers - Infinity War (Anthony et Joe Russo, 2018), ou encore Avengers - Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019), tous ces chapitres consécutifs corroboreront l'omnipotence de Marvel sur l'univers des super-héros.

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Que soit. Sévèrement effarouché, DC Comics répondra de façon timorée avec le piètre Justice League (Zack Snyder, 2017), un blockbuster plantureux (pléonasme...) et condamné à dépérir dans les affres de la désuétude. Marvel peut dormir placidement sur ses deux esgourdes. Il n'a rien à craindre - ou presque - de son plus farouche adversaire. Mais Marvel doit veiller à son édifice, désormais chancelant et menacé par une autre firme potentat, Walt Disney "himself". Après avoir racheté les droits de la saga Star Wars, la société fastueuse a pour velléité de préempter l'univers des super-héros.
Dans cette série de rixes et de martialités, ce registre cinématographique a vu la gente féminine se regimber contre le (pseudo) diktat du patriarcat. Ainsi, Captain Marvel (Ryan Fleck et Anna Boden, 2019), Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017), Catwoman (Pitof, 2004) et autres Elektra (Rob Bowman, 2005) épousent les rudiments et les linéaments de la doxa féministe.

Puis, les super-héros ont obliqué vers davantage d'irénisme et d'oecuménisme en renâclant vers l'aspect communautaire. Preuve en est avec des longs-métrages tels que Black Panther (Ryan Coogler, 2018), Blade (Stephen Norrington, 1998), Hancock (Peter Berg, 2008), ou encore l'inénarrable Meteor Man (Robert Townsend, 1993). Toutes ces pellicules ont pour aspérité de vanter les prouesses et les mérites de la communauté Afro-Américaine au nom du pacifisme, du multiculturalisme et du "vivre ensemble". Oui, nonobstant certains apparats matois et des films à priori inoffensifs, se tapit une idéologie sous-jacente. Bien sûr, les super-vilains se devaient eux aussi de transparaître dans cette kyrielle de productions peu ou prou analogiques. Récemment encore, ce sont Venom (Ruben Fleischer, 2018) et Joker (Todd Phillips, 2019) qui ont conquis - au moins pour le deuxième - les ferveurs d'un public extatique.

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Puis, de temps à autre, Marvel poursuit son classicisme formel. Preuve en est avec Doctor Strange, réalisé par la diligence de Scott Derrickson en 2016. A la fois scénariste, producteur et metteur en scène, Scott Derrickson démarre sa carrière cinématographique vers le milieu des années 1990 via un court-métrage, Love in the ruins (1995), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. A postériori, il enchaînera avec Hellraiser 5 - Inferno (2000), L'exorcisme d'Emily Rose (2005), Le jour où la Terre s'arrêta (2008), Sinister (2012) et Délivre-nous du mal (2014). La genèse de Doctor Strange remonte à l'orée des années 2010.
A l'époque, les studios envisagent déjà une adaptation cinéphilique, mais pour des raisons de divergences artistiques, le projet est différé à maintes reprises.

Finalement, c'est en 2014 que Scott Derrickson est engagé pour adapter les tribulations du célèbre scientifique sur grand écran. La distribution du film se compose de Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor, Tilda Swinton, Rachel McAdams, Benedict Wong, Mads Mikkelsen, Michael Stuhlbarg, Benjamin Bratt et Scott Adkins. A noter aussi le caméo de Chris Hemsworth. Certes, le docteur Strange n'est pas forcément le personnage le plus proéminent dans l'univers Marvel, en tout cas un peu moins que Spider-Man, Hulk, Captain America et autres Iron Man.
Pourtant, le long-métrage de Scott Derrickson se soldera par des scores probants lors de son exploitation au box-office américain. Mieux, Doctor Strange est unanimement salué et encensé par des critiques plutôt dithyrambiques dans l'ensemble, en dépit d'une certaine once de pondération.

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Cette même circonspection fustige un traitement du personnage et de ses pouvoirs avec beaucoup trop de pruderie et de frilosité. Reste à savoir si Doctor Strange mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Attention, SPOILERS ! Doctor Strange suit l'histoire du Docteur Stephen Strange, talentueux neurochirurgien qui, après un tragique accident de voiture, doit mettre son égo de côté et apprendre les secrets d'un monde caché de mysticisme et de dimensions alternatives. Basé à New York, dans le quartier de Greenwich Village, Doctor Strange doit jouer les intermédiaires entre le monde réel et ce qui se trouve au-delà, en utilisant un vaste éventail d'aptitudes métaphysiques et d'artefacts pour protéger le Marvel Cinematic Universe.
Avec Doctor Strange, Marvel diligente une pellicule comme elle en produit à la pelle depuis maintenant deux décennies.

Certes, les adulateurs de la firme hégémonique seront en terrain connu et quasiment conquis. Par certaines accointances, Doctor Strange n'est pas sans réitérer les scansions dogmatiques d'Iron Man premier du nom. A l'instar de Tony Stark, Stephen Strange est aussi un éminent scientifique, à la fois présomptueux, altier et plutôt antipathique. Pourtant, son égo surdimensionné va être mis à rude épreuve suite à un malheureux carambolage. Pour dépasser ses croyances et ses apriorismes, le neurochirurgien va devoir se colleter avec des forces métaphysiques, ineffables et irréfragables. "Oubliez tout ce que vous croyez" rétorque un condisciple de Stephen Strange.
Nous aussi, on aurait apprécié que le film s'aventure vers davantage d'ésotérisme et de sagacité. Sur ces entrefaites, Doctor Strange s'immisce sur les thématiques aventureuses des univers parallèles, de la théorie quantique, de la matière noire et de l'énergie sombre, soit autant de sujets que le film maîtrise - plus ou moins - avec pingrerie et parcimonie. Indubitablement, un tel scénario aurait mérité un bien meilleur étayage, ainsi qu'un réalisateur idoine derrière la caméra. En l'occurrence, Scott Derrickson se contente de filmer benoîtement les inimitiés.
Le cinéaste privilégie la forme sur le fond. En l'état, Doctor Strange reste un blockbuster certes spectaculaire, mais engoncé par ses propres louvoiement et atermoiements. Dommage car l'univers de Doctor Strange révèle par instants un fabuleux potentiel.

 

 

Note : 10.5/20

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