Genre : horreur, épouvante, slasher (interdit aux - 12 ans)
Année : 2017
Durée : 1h37
Synopsis : Prisonnière d’une boucle temporelle, Tree, étudiante, revit sans cesse le jour de son meurtre. Une journée apparemment banale qui s’achève systématiquement par sa mort atroce. Finira-t-elle par découvrir l’identité de son tueur ?
La critique :
Lorsque l'on invoque le slasher, on songe invariablement aux sagas Vendredi 13, Halloween, Massacre à la Tronçonneuse, Chucky et A nightmare on Elm Street. Si la genèse de ce registre cinématographique acte et officialise sa naissance via Black Christmas (Bob Clark, 1974), on décèle déjà les tous premiers rudiments et les linéaments avec Le Voyeur (Michael Powell, 1960) et Psychose (Alfred Hitchcock, 1960). Mais c'est bien Black Christmas qui impose et érige la figure sociopathique du croquemitaine en amalgamant huis clos, horreur et home invasion anxiogène.
Narquois, John Carpenter réitérera peu ou prou le même syllogisme analogique via Halloween, la nuit des masques (1978). Seule dissimilitude et pas des moindres, le croquemitaine n'a pas vraiment de faciès et incarne le mal absolu.
Factieux et turpide, Michael Myers préfigure cette menace indicible qui vient subrepticement occire et assaillir des étudiants peu farouches. Seule la jolie Laurie Strode, une adulescente pudibonde, échappe de justesse au courroux du psychopathe écervelé. On retrouve également cette pruderie ostentatoire à travers A Nightmare on Elm Street et Vendredi 13. Dans le cas de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), les animosités se déroulent à la lisière de Crystal Lake. Cette fois-ci, le croquemitaine étrille et estampe des étudiants gouailleurs et ripailleurs.
Narquois, Sean S. Cunningham s'échine à mettre en exergue un tueur en série indicible et énigmatique. Ce dernier n'est autre que Madame Voorhees, une matriarche sévèrement courroucée depuis le décès de son fils Jason.
Le corps de l'adulescent monstrueux git quelque part dans les tréfonds de Crystal Lake. Suite au succès pharaonique du premier Vendredi 13, il était logique que le jouvenceau revienne d'entre les morts pour étriller - à son tour - la caste estudiantine. Tel sera, par ailleurs, le principal apanage des chapitres consécutifs. Jason Voorhees devient une figure iconique du cinéma d'horreur. Et peu importe si le célèbre boogeyman est empalé, démembré, écartelé, anatomisé ou encore tuméfié. Durant les années 1980, le slasher est au faîte de sa gloire.
A leur tour, Michael Myers, Freddy Krueger et autres Leatherface se délectent de jeunes éphèbes qu'ils estampent et étrillent avec une jubilation à peine dissimulée. Corrélativement, le public commence déjà se lasser de ces pellicules peu ou prou analogiques.
Dès la fin des années 1980, le slasher est en berne et peine à retrouver ses lettres de noblesse de naguère. Et c'est ce qu'a parfaitement compris Wes Craven. Plus personne ne semble en mesure de raviver un genre en désuétude. Alors autant s'ébaudir de ces mêmes préceptes qui ont marqué la quintessence du slasher entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980. C'est dans cette nouvelle dialectique que s'inscrit Scream (Wes Craven, 1996), un film d'épouvante qui fait voeu d'obédience à Halloween, la nuit des masques et autres Vendredi 13.
La recette se révèle fructueuse, à tel point que Scream se transmute à son tour en saga opulente via trois nouveaux chapitres consécutifs. Mieux, le long-métrage de Wes Craven se décline en slasher prépubère via les succès concomitants d'Urban Legend (Jamie Blanks, 1999) et de Souviens-toi... L'été dernier (Jim Gillespie, 1997).
Toutefois, rien de neuf à l'horizon si ce n'est que le slasher se contente de psalmodier les bonnes recettes de jadis. Etait-il possible d'inventer une nouvelle formule et de redorer le blason de ce registre rébarbatif, voire tautologique ? Oui, semble rétorquer Christopher Landon via Happy Birthdead, sorti en 2017. A la fois scénariste, cinéaste et producteur, Christopher Landon a surtout officié en tant que cacographe. Il signe son premier court-métrage vers le milieu des années 1990. Ce sera Only Child (1996), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales.
A postériori, il enchaînera avec Paranormal Activity - The Marked Ones (2014) et Manuel de survie à l'apocalypse zombie (2015). Pas besoin d'être médium ni extralucide pour subodorer les contiguïtés matoises entre Christopher Landon et le cinéma d'épouvante.
Certes, d'un point de vue pécuniaire, Happy Birthdead n'est qu'une modeste série B subsidiaire. Pourtant, ce slasher se soldera non seulement par des avis unanimement panégyristes, mais toisera les firmaments du box-office américain ; à tel point qu'une suite, Happy Birthdead 2 You (Christopher Landon, 2019), sera réalisée dans la foulée. A l'origine, le projet devait être initialement cornaqué par Michael Bay "himself", mais la trame narrative ne sied guère au producteur. Le script d'Happy Birthdead reste alors dans les tiroirs poussiéreux pour échoir finalement entre les mains de Christopher Landon. Personne ne gage sur ce petit slasher, à priori condamné à croupir dans les affres des oubliettes.
Gravissime erreur ! Reste à savoir si Happy Birthdead mérite - ou non - de tels dithyrambes. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution du film se compose de Jessica Rothe, Israel Broussard, Ruby Modine, Rachel Matthews, Charles Aitken, Caleb Spillyards, Rob Mello, Phi Vu et Cariella Smith. Attention, SPOILERS ! (1) 18 septembre 2017. Theresa « Tree » Gelbman, une étudiante membre de la sororité Kappa, se réveille le jour de son anniversaire dans la chambre de Carter Davis, un étudiant l'ayant aidé après son énorme cuite de la nuit dernière. Tree, assez superficielle, repousse Carter, refuse les appels de son père, couche avec son professeur, le docteur marié Gregory Butler, et se comporte mal avec sa colocataire, l'infirmière Lori Spengler, même quand cette dernière essaye de lui faire une surprise pour son anniversaire. Dans la soirée, Tree se rend à une fête organisée plus loin dans le campus.
Sur le chemin, elle est attaquée et violemment assassinée par un homme portant le masque de bébé de la mascotte de l'université.
Tree se réveille aussitôt dans la chambre de Carter et se rend bientôt compte qu'elle est en train de revivre la même journée. Après s'être faite assassiner une seconde fois, Tree comprend qu'elle est bloquée dans une boucle temporelle. Elle déduit que la seule solution pour terminer cette boucle est de trouver le tueur et de l'arrêter, avant d'être à nouveau assassinée… (1) Certes, à l'aune de cet ixième slasher, on comprend mieux pourquoi Happy Birthdead a reçu les acclamations et les vivats de la presse spécialisée. Derechef, on se retrouve devant un film d'horreur estudiantin qui exploite un concept à priori mutin, à savoir la répétition ad nauseam de la même journée, une malédiction qui vient subrepticement tarabuster le quotidien de Carter, une jeune jouvencelle acariâtre et exécrable.
Sur ces entrefaites, Christopher Landon préempte le sophisme et la logique d'Un Jour Sans Fin (Harold Ramis, 1993).
A l'instar de la comédie sarcastique d'Harold Ramis, Happy Birthdead s'achemine sur le portrait peu affable d'une adulescente, dont le fatum se solde inlassablement par un sort funeste. "Aujourd'hui est le dernier jour du reste de ta vie". Telle est la moraline dogmatique qui transparaît en filigrane. Certes, Happy Birthdead s'approxime à une sorte de puzzle géant qui consiste à reconstituer l'identité du criminel, ainsi qu'à discerner ses véritables motivations. Indubitablement, ce slasher peut escompter sur l'énergie et la bonhomie communicative de Jessica Rothe, très en verve pour l'occasion. Hélas, le long-métrage de Christopher Landon n'est pas exempt de tout grief.
A force de spolier le concept d'Un Jour Sans Fin à satiété, Happy Birthdead s'apparente davantage à une comédie macabre plutôt qu'à un slasher pur et dur. Dans l'ensemble, ce film d'épouvante se montre beaucoup trop doucereux et croquignolet pour susciter nos appétences sur la durée. A contrario, ce slasher indolent et inoffensif flagornera sans doute les néophytes, ainsi que le jeune public prépubère, soit la cible qu'il privilégie à tous crins. Bref, en quelques mots, sympa mais pas mémorable non plus.
Note : 11/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Happy_Birthdead