Genre : horreur, gore, trash, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 2015
Durée : 1h22
Synopsis : Cinq étrangers, deux jeunes mariés serial killers, un flic suicidaire ainsi qu'un frère et une sœur en cavale vont devenir à la fois suspects et victimes lorsqu’un meurtrier masqué fait son apparition dans une maison d’hôtes isolée à la montagne...
La critique :
Comme une évidence, presque une pantalonnade. Lorsque l'on invoque le néologisme du "torture porn", on songe invariablement à Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). Dans le cas du premier film susdénommé, James Wan adapte un court-métrage éponyme qu'il avait lui-même réalisé. Dixit les propres aveux de l'auteur démiurgique, Saw n'avait pas pour velléité de toiser les firmaments des oriflammes. A l'origine, il s'agit d'une série B impécunieuse qui amalgame sans fard huis clos, torture porn, thriller, horreur et une enquête policière conçue comme une sorte de puzzle aux multiples collatérales. Pourtant, cette formule surannée flagorne les thuriféraires du cinéma gore.
Paradoxalement, Saw n'a rien inventé et réitère les recettes éculées de naguère. James Wan n'a jamais caché sa dilection pour Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977), ou encore La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972).
Toujours la même antienne... Saw défie tous les pronostics et caracole en tête de peloton lors de sa sortie en salles. Aux yeux des producteurs, Saw constitue la nouvelle manne providentielle. Ces derniers exhortent James Wan à signer de nouvelles suites consécutives. Mais le metteur en scène n'a cure des instigations, voire des objurgations de ses financeurs. James Wan affectionne davantage l'épouvante de jadis. Impression corroborée par ses longs-métrages suivants, notamment Dead Silence (2007), Insidious (2011), Insidious - Chapitre 2 (2013), Conjuring - Les Dossiers Warren (2013) et Conjuring - Le Cas Endfield (2016). Que soit.
En raison de son succès pharaonique, Saw premier du nom va se transmuter en une franchise lucrative et opportuniste, hélas cornaquée par toute une série de tâcherons patentés.
En l'occurrence, Hostel obliquera - peu ou prou - vers la même trajectoire. Dans le film d'Eli Roth, c'est une étrange organisation qui s'adonne à la capture, puis à la torture de touristes dans un pays d'Europe de l'Est. Hostel signe donc la résurgence des tortures de l'Inquisition, toutefois sous l'angle du capitalisme et du consumérisme à tous crins. Si le premier chapitre s'approxime à un film d'horreur potache, le second volet, sobrement intitulé Hostel - Chapitre 2 (2007), affine davantage son syllogisme morbide. La franchise échoit alors entre les mains de Scott Spiegel via un inévitable Hostel - Chapitre 3 (2011). Ce sera l'opus de trop.
Le long-métrage ne sortira même pas au cinéma et écumera les bacs via le support vidéo. Mais peu importe, Saw et Hostel relancent la mode galvaudeuse du torture porn. En résulte toute une panoplie de productions peu ou prou analogiques.
Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Grotesque (Kôji Shiraishi, 2009), Excision (Richard Bates Jr., 2012), Pernicious (James Cullen Bressack, 2015), Perseveration (Adam Sotelo, 2012), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), See No Evil (Gregory Dark, 2006), Captivity (Roland Joffé, 2007), Borderland (Zev Berman, 2008), ou encore Seed (Uwe Boll, 2007) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires. Vient également s'additionner Bastard, réalisé par la diligence de Patrick Robert Young et Powell Robinson en 2015. En outre, il est difficile de déceler des informations sur ces deux cinéastes si ce n'est que les deux comparses ont surtout officié en tant que scénaristes.
Selon nos sources, Bastard constituerait leur tout premier long-métrage.
Série B oblige, le film n'a pas connu les ferveurs ni les faveurs d'une exploitation dans les salles obscures. Bastard devra donc se départir via le support DTV (direct-to-video) pour s'ériger une once de notoriété. Le métrage peut également escompter sur les festivals. Paradoxalement, on trouve assez peu d'avis sur ce torture porn mâtiné de slasher. Si certaines critiques reconnaissent les qualités de ce film gore, notamment en termes de barbaques et de tripailles, d'autres avis font montre de beaucoup plus de circonspection. Reste à savoir si Bastard justifie - ou non - son visionnage.
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Rebekah Kennedy, Ellis Greer, Dan Creed, Will Tranfo, Tonya Kay, Burt Culver, Ryan Shoos, Nadine Arlyn, Micah Fitzgerald, Brian Foyster, Kelly Hancock, Emily Lopato et Austin Nimnicht ; mais j'en doute...
En l'occurrence, l'exégèse du film se résume en une seule petite ligne. Attention, SPOILERS ! Cinq étrangers, deux jeunes mariés serial killers, un flic suicidaire ainsi qu'un frère et une sœur en cavale vont devenir à la fois suspects et victimes lorsqu’un meurtrier masqué fait son apparition dans une maison d’hôtes isolée à la montagne... Vous l'avez donc compris. Le scénario n'est pas forcément la principale argutie de Bastard. Indubitablement, Robert Patrick Young et Powell Robinson connaissent leurs classiques sur le bout des lèvres. Sur la forme, Bastard s'apparente à un curieux maelström entre Saw, Hostel, Wolf Creek (Greg McLean, 2005) et Massacre à la Tronçonneuse premier du nom.
On pense parfois aussi, par certaines accointances, à Détour Mortel, aka Wrong Turn (Rob Schmidt, 2003).
Hélas, et vous vous en doutez, la métaphore s'arrête bien là. La faute incombe principalement à la trame narrative du film, pour le moins nébuleuse et alambiquée. Pourtant, Bastard tente de leurrer son audimat en se polarisant sur les tribulations et les prévarications d'un couple de serial killers. Malencontreusement, les deux énamourés vont tomber sur un psychopathe encore plus écervelé, adepte - entre autres - de la torture et du cannibalisme. A l'instar du couple sociopathique, le forcené obéit lui aussi à une étrange dualité. En l'état, difficile d'en révéler davantage...
Après une première partie timorée et soporative, Bastard adopte enfin son rythme de croisière et pourra éventuellement enjôler les néophytes via plusieurs saynètes d'hémoglobine. Toutefois, rien de grave ni de mémorable dans cet ixième torture porn.
Seule petite surprise, nos deux serial killers, pourtant chevronnés dans les meurtres, les déprédations et les turpitudes, seront occis et décimés en premiers. C'est donc une jeune femme frêle et peu charismatique qui va devoir ferrailler avec le croquemitaine de service. Voilà pour l'ensemble des martialités ambiantes ! Non, Bastard n'est pas ce torture porn abominable ni ce navet avarié. Le film contient toutes les carences et les approximations inhérentes à une toute première réalisation. Inutile de préciser que l'on ne retiendra pas grand-chose de ce slasher victime de nombreuses chutes de rythme, hélas préjudiciables à la qualité du film. In fine, les différents protagonistes n'échappent pas aux stéréotypes habituels. Bref, on se retrouve devant un film d'horreur lambda et victime de ses propres larmoiements et atermoiements. Dans ce contexte, difficile d'obtenir la moyenne - loin de là - et encore moins les congratulations dans les colonnes de Cinéma Choc...
Note : 07/20
Alice In Oliver