Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h25
Synopsis : Une ex-policière déchue en désintoxication accepte un travail dans la morgue de l'hôpital où elle se soigne. Un jour, un corps sévèrement mutilé lui est confié. La jeune femme assiste alors à une série de meurtres qui la conduira à affronter une entité démoniaque.
La critique :
On pouvait aisément l'augurer, le supputer et même le subodorer. Un jour ou l'autre, le cinéma d'épouvante réactiverait l'effroi, les frissons et les cris d'orfraie via la thématique ineffable du paranormal. C'est par l'entremise d'une série B impécunieuse que les activités parapsychiques retrouvent un peu de verve et de luminescence. Pourtant, aucun producteur - ou presque - n'aurait gagé sur le succès pharaonique de Paranormal Activity (Oren Peli, 2009). A l'origine, cette bisserie impécunieuse n'a jamais nié ses contiguïtés matoises avec le film Le Projet Blair Witch (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick, 1999), un found footage auquel Paranormal Activity semble faire voeu d'obédience.
Mieux, en l'espace de quelques semaines (quelques mois...), Paranormal Activity devient un phénomène populaire.
Il était donc logique, voire inhérent, que ce premier chapitre se transmute en une franchise lucrative et mercantiliste. Ainsi, Paranormal Activity 2 (Todd Williams, 2010), Paranormal Activity 3 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2011), Paranormal Activity 4 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2012), Paranormal Activity - The Marked Ones (Christopher Landon, 2014) et Paranormal Activity 5 - Ghost Dimension (Gregory Plotkin, 2015) seront produits et réalisés dans la foulée. Le cinéma d'épouvante asiatique vient lui aussi s'ajouter aux inimitiés via un Paranormal Activity - Tokyo Night (Toshikazu Nagae, 2010), qui fait office à la fois de remake, de suite et de séquelle.
Corrélativement, un autre auteur démiurgique renâcle à son tour vers l'horreur de naguère. Son nom ? James Wan, le célèbre réalisateur de Saw (2004) premier du nom.
En l'espace d'une petite décennie, le metteur en scène devient le nouveau chantre de l'épouvante. Des films tels que Dead Silence (2007), Insidious (2011), Conjuring - Les dossiers Warren (2013), Insidious - Chapitre 2 (2013) et Conjuring 2 - Le Cas Endfield (2016) lui permettent de toiser les firmaments du box-office américain. Evidemment, les succès concomitants des sagas Paranormal Activity et Conjuring inspirent et engendrent toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Sinister (Scott Derrickson, 2012), Dark Skies (Scott Charles Stewart, 2013), Grave Encounters (The Vicious Brothers, 2011), Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014), ou encore Hérédité (Ari Aster, 2018) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Toutes ces productions tentent de profiter de l'essor du paranormal, que ce soit dans les salles de cinéma ou par l'entremise du support vidéo.
Evidemment, l'exorcisme profite de cette nouvelle impulsion. Est-il absolument opportun de s'appesantir sur l'historique de sous-registre du cinéma d'épouvante ? Non, pas vraiment... Même s'il convient de placer le bien nommé L'Exorciste (William Friedkin, 1973) comme la figure hégémonique et proéminente. Toujours imité, mais jamais égalé. Tel est le verdict péremptoire qu'il sied de notifier. Mais d'autres oeuvres - peu ou prou analogiques - méritent elles aussi d'être stipulées. C'est par exemple le cas de Constantine (Francis Lawrence, 2005), L'exorcisme d'Emily Rose (Scott Derrickson, 2005), Le Dernier Exorcisme (Daniel Stamm, 2010), Le rite (Mikael Hafström, 2011), Le dernier rite (Peter Cornwell, 2009), Possédée (Ole Bornedal, 2012), La maison de l'exorcisme (Mario Bava, 1974), ou encore L'exorcisme de Molly Hartley (Steven R. Monroe, 2015).
On pouvait donc légitimement s'interroger sur L'Exorcisme de Hannah Grace, réalisé par la diligence de Diederik van en Rooijen 2018. Scénariste et metteur en scène hollandais, Diederik van en Rooijen débute sa carrière cinématographique vers l'orée des années 2000. Puis, quelques années plus tard, l'auteur polymathique s'exile aux Etats-Unis et signe Bollywood Hero (2009). A postériori, il enchaînera avec La Guerre de Stella (2009) et Daylight (2013). A ce jour, L'Exorcisme de Hannah Grace reste donc son long-métrage le plus proverbial. Dans nos contrées hexagonales, ce film d'épouvante a connu une sortie élusive dans nos salles obscures.
C'est donc par l'entremise des festivals que le long-métrage tente de se départir et qu'il récolte des avis plutôt mitigés dans l'ensemble.
Si certaines critiques saluent un effort plutôt louable, d'autres admonestent le film pour son académisme formel. Reste à savoir si L'Exorcisme de Hannah Grace mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution du film se compose de Shay Mitchell, Stana Katic, Grey Damon, Kirby Johnson, Nick Thune, Jacob Ming-Trent, Max McNamara et Louis Herthum. Attention, SPOILERS ! (1) L'ex-policière Megan Reed a perdu son poste suite à une arrestation qui a mal tourné. En cure de désintoxication dans un hôpital de Boston, elle accepte un poste d'agent d'admission dans la morgue de l'établissement.
Une nuit, elle reçoit le cadavre de Hannah Grace, une jeune femme décédée 3 mois plus tôt suite à plusieurs exorcismes ratés. Mais l'esprit démoniaque qui a pris possession de son corps n'a pas disparu et l'amène à commettre plusieurs meurtres qui vont mettre les nerfs de Megan à rude épreuve (1).
Indubitablement, le titre en français du film fonctionne en trompe-l'oeil. Il ne s'agit pas ici d'un exorcisme mais d'un ixième cas de possession démoniaque. Ce n'est pas un hasard si le long-métrage s'intitule The Possession of Hannah Grace dans l'idiome de Shakespeare. Ne vous attendez donc pas à voir un ou plusieurs prêtres procéder à d'étranges imprécations pour débarrasser une jeune femme (donc Hannah Grace... Au cas où vous n'auriez pas suivi...) d'un démon incube... Même si le film procède par flashback pour relater un exorcisme qui a abouti sur la mort de l'adulescente. L'Exorcisme de Hannah Grace situe essentiellement son action dans les coursives d'une morgue.
L'idée pourrait paraître originale... Si et seulement si le concept n'avait pas déjà été préemptée par André Ovredal via The Autopsy of Jane Doe (2016, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2017/08/13/35063920.html).
Et malheureusement pour Diederik van en Rooijen (à tes souhaits !), le film d'André Ovredal se montre beaucoup plus probant, que ce soit en termes de design et surtout de trémolos dans la voix. Indiscutablement, L'Exorcisme de Hannah Grace souffre de la métaphore avec The Autopsy of Jane Doe. En outre, Diederik van en Rooijen (à tes souhaits ! Oui, encore !) se contente de psalmodier la recette déjà éculée du film d'André Ovredal. Vous l'avez donc supputé et même subodoré. L'Exorcisme de Hannah Grace n'est pas exempt de tout grief, à l'instar de ce prologue final qui ne tient pas les promesses annoncées. A contrario, le long-métrage peut s'enorgueillir d'une mise en scène affûtée et de plusieurs saynètes éloquentes.
Ici, la possession est presque subsidiaire, le film préférant se polariser sur la psyché en déliquescence de sa policière en déveine. Hélas, cette déréliction aurait mérité un bien meilleur étayage. Toutefois, pour une série B d'épouvante, L'Exorcisme de Hannah Grace reste légèrement supérieur à la moyenne habituelle et mérite bien quelques congratulations de circonstance dans nos colonnes. Mais, dans le même genre, on lui préférera amplement (bis repetita) The Autopsy of Jane Doe.
Note : 12/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Exorcisme_de_Hannah_Grace
Alice In Oliver