hard sensation 1980

Genre : pornographie, trash, horreur, rape and revenge, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1980
Durée : 1h26

Synopsis : (1) Deux jeunes filles de bonne famille, chaperonnées par leur professeur Susan, s'embarquent à destination des plages blanches d'une île des caraïbes. Arrivées sur l'île, les jeunes femmes délaissent rapidement les joies du farniente pour des jeux plus sensuels. Trois malfaiteurs évadés font soudainement irruption dans la villa. Ils prennent les jeunes femmes en otage après s'être débarrassé des deux marins qui les accompagnaient. Clyde, le « bon » du groupe, essaye de refréner les ardeurs de Bobo, le chef de bande, particulièrement sensible au charme se Susan et bien décider à profiter de la situation. En guise de punition, Clyde est contraint par ses co-évadés d'avoir une relation sexuelle avec Corinne. Il est ensuite abattu en essayant d'aider les filles à s'évader. Mais celles-ci ont pu s'emparer d'une arme et parviennent finalement à tuer leurs bourreaux (1).  

La critique :

Ce n'est pas la première fois - loin de là - que Cinéma Choc, votre blog favori (oui, vous avez le droit de vous gausser et de vous esclaffer...), se polarise sur le rape and revenge. Pour souvenance, c'est le film La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972) qui acte et officialise la naissance de ce sous-registre du cinéma bis et d'exploitation. Ce dernier obéit - peu ou prou - à la même ritournelle. Une jeune femme frêle et pudibonde est victime des railleries, puis des satyriasis de voyous de passage. Laissée pour morte, cette dernière se relèvera de ses excoriations et de ses blessures. 
Elle se transmute alors une femme vengeresse et vindicative. La jeune femme furibonde qui a juré haro sur ses vils oppresseurs. Aucun de ses bourreaux ne sera épargné. Pis, tous périront dans d'abominables souffrances.

Pour l'anecdote superfétatoire, Wes Craven n'a jamais caché les corrélations matoises entre La Dernière Maison sur la Gauche et La Source (Ingmar Bergman, 1960), soit le film prodrome en matière de rape and revenge. Mais c'est pourtant The Last House On Dead End Street qui remportera l'accessit et le précieux pactole. En raison de son barbarisme et de sa virulence, le long-métrage écope, de prime abord, d'une interdiction aux moins de 18 ans et n'échappe pas au couperet acéré de la censure. A contrario, la polémique participe à ériger la notoriété de ce rape and revenge. Surtout, le film de Wes Craven s'inscrit dans cette doxa féministe, très en vogue durant les années 1970. La gente féminine se regimbe contre l'impérium du patriarcat.
C'est sans doute pour cette raison - entre autres - que La Dernière Maison sur la Gauche fait désormais voeu d'obédience dans le cinéma underground.

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Mieux, le métrage de Wes Craven influence et génère toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires du genre n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que L'été meurtrier (Jean Becker, 1983), Le Vieux Fusil (197), Oeil pour Oeil (Meir Zarchi, 1978), La Traque (Serge Leroy, 1975), Crime à froid (Bo Arne Vibenius, 1974), Irréversible (Gaspar Noé, 2002), L'ange de la vengeance (Abel Ferrara, 1981), ou encore The Horseman (Steven Kastrissios, 2008) parmi les longs-métrages notables. En l'occurrence, la décennie 1970 est marquée par toute une floraison de rape and revenge. Cette époque est bouleversée par la mutation des moeurs. 
La phallocratie est priée de se phagocyter au profit d'une gente féminine sévèrement courroucée et qui réclame davantage de prégnance et d'émancipation.

Et c'est exactement ce que traduit, bon gré mal gré, le rape and revenge. Ce sous-registre du cinéma d'exploitation s'inscrit également dans le sophisme de la loi du Talion. En ce sens, on peut légitimement répertorier Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974) à la fois comme un vigilante movie et un rape and revenge. Ces deux registres cinématographiques vont continuer de pulluler et de proliférer durant la décennie 1980. C'est sans compter sur le cinéma pornographique. Après tout, pourquoi ne pas amalgamer rape and revenge, vindicte personnelle et débauche ? Telle est l'idée matoise (saugrenue ?) de Joe d'Amato via Hard Sensation, sorti en 1980.
On ne présente même plus ce maestro du cinéma bis transalpin. Souvent honni par ses pairs, il est à contrario adoubé par les thuriféraires du cinéma underground.

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A la fois cinéaste, cadreur, scénariste et directeur de la photographie, Joe d'Amato n'a jamais caché son appétence pour l'opportunisme. Parmi ses métrages les plus célèbres, on peut notamment stipuler La mort a souri à l'assassin (1973), Justine (1975), Voluptueuse Laura (1976), Emanuelle en Amérique (1977), Viol sous les Tropiques (1977), Emanuelle et les filles de Madame Claude (1978), Les amours interdites d'une religieuse (1979), Blue Holocaust (1979), Les plaisirs d'Hélène (1980), Anthropophagus (1980), Porno Holocaust (1981), ou encore Horrible (1981). Entre la fin des années 1970 et l'orée des années 1980, le rape and revenge est en pleine effervescence. On ne compte même plus les films d'exploitation transalpins qui ont mimé et psalmodié La Dernière Maison sur la Gauche, à l'instar - finalement - de La Dernière Maison sur la Plage (Francesco Prosperi, 1978). 

Apparemment, Joe d'Amato a beaucoup apprécié le film de Francesco Prosperi, un peu trop sans doute... A tel point qu'il décide de délivrer une version alternative et surtout pornographique. Tel est le principal leitmotiv de Hard Sensation. En l'occurrence, le long-métrage est scénarisé par George Eastman qui emprunte le cryptonyme de Tom Salina, une façon comme une autre d'exporter le film à l'étranger... En raison de ses nombreuses scènes de bacchanales et de nudité, Hard Sensation écopera de l'ultime réprobation, à savoir d'une interdiction aux moins de 18 ans.
Hormis la présence de George Eastman, la distribution du film se compose de Dirce Funari, Mark Shannon, Lucia Ramirez et Annj Goren. En l'occurrence, les saynètes de copulation ne sont pas simulées. C'est sûrement la raison pour laquelle Joe d'Amato requiert l'omniscience de véritables vedettes du porno, à l'exception de George Eastman (toujours lui...) et de Dirce Furnari, seulement présents dans les scènes "soft".

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Attention, SPOILERS ! (1) Deux jeunes filles de bonne famille, chaperonnées par leur professeur Susan, s'embarquent à destination des plages blanches d'une île des caraïbes. Arrivées sur l'île, les jeunes femmes délaissent rapidement les joies du farniente pour des jeux plus sensuels. Trois malfaiteurs évadés font soudainement irruption dans la villa. Ils prennent les jeunes femmes en otage après s'être débarrassé des deux marins qui les accompagnaient. Clyde, le « bon » du groupe, essaye de refréner les ardeurs de Bobo, le chef de bande, particulièrement sensible au charme se Susan et bien décider à profiter de la situation. En guise de punition, Clyde est contraint par ses co-évadés d'avoir une relation sexuelle avec Corinne. Il est ensuite abattu en essayant d'aider les filles à s'évader. Mais celles-ci ont pu s'emparer d'une arme et parviennent finalement à tuer leurs bourreaux (1).  

Certes, en scrutant plus sourcilleusement la filmographie de Joe d'Amato, on peut aisément repérer quelques bons films, mais jamais (ou rarement) dans son cercle érotique, voire pornographique. Hélas, Hard Sensation ne déroge pas à la règle. En termes de lascivités, le film de Joe d'Amato remplit doctement son office, tout du moins pour une production très ancrée dans la décennie 1980. Candaulisme, saphisme, triolisme, anulingus, fellation et onanisme (au féminin) font partie des activités luxurieuses. Toutefois, dans l'ensemble, l'intitulé du film est plutôt mensonger. On ne relève rien de "hard" ni de virulent dans ce rape and revenge fastidieux, mais qui peut au moins s'enhardir de coaliser de jolies comédiennes, notamment la belle Lucia Ramirez en fidèle égérie.
Mais dans ce casting de bras cassés, c'est bien George Eastman qui sauve le film du naufrage intégral. En outre, l'horreur est curieusement absente, à l'instar de cette dynamique vengeresse qui interviendra beaucoup trop tard, soit à 10 ou 15 minutes du générique final. Hard Sensation reste un cru mineur dans la filmographie de Joe d'Amato. En gros, comprenez que l'on tient là un vrai mauvais film, à la lisière du navet patenté. Sans mon affection pour George Eastman et Joe d'Amato, le film n'aurait pas échappé à mes acrimonies circonstanciées.

 

Note : 06/20

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hard_Sensation

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