Genre : Animation, horreur, fantastique, trash, pornographie (interdit aux - 18 ans)
Année : 1994
Durée : 2h15 (film décliné en 3 OAV)
Synopsis :
Le seigneur Eruth et son mystérieux frère règnent en maître sur une société où des enfants aux pouvoirs terrifiants vivent dans la peur permanente de grandir. Dans ce monde, Buju et ses poursuivants arrivent pour affronter le Chojin à Osaka. Ils seront faits prisonniers après s'être rendu compte, trop tard, que les enfants du jardin secret ne sont pas aussi avenants qu'ils ne le paraissent... La légende du Démon arrive à son terme ! Vivez la conclusion du plus grand classique de l'animation érotico-gore jamais réalisé...
La critique :
Pour les 2,5 fidèles qui nous suivent, ce n’est pas un secret pour eux que le film d’animation n’a jamais été vraiment plébiscité par Cinéma Choc. Comme son nom l’indique, le choc n’est pas ce qui sera souvent rencontré dans un format généralement destiné aux enfants. Mais se limiter à ce simple état de fait pour le moins primaire occulte des œuvres résolument tournées vers un public plus mature et in fine déconseillées à nos chères petites têtes blondes qui ressortiraient de là pour le moins bredouille. J’ai encore en mémoire certaines séquences désagréables de Boogiepop Phantom et Elfen Lied que je regardais beaucoup plus jeune, sans respecter l’interdiction, et qui auront pour effet d’occasionner quelques nuits agitées. Il va de soi que l’Occident n’a pas vraiment la palme de la démocratisation de la violence dans ses dessins animés. Il faudra alors se tourner vers le Japon, sans grande surprise, pour s’enorgueillir d’œuvres plus adaptées à un vieux public. Il va sans dire que les deux séries d’animation susmentionnées sont, bien évidemment, japonaises. Et parmi tout ce conglomérat de taille plus qu’honorable, nous retrouvons les hentai.
Concrètement, le hentai désigne les films d’animation à caractère pornographique, écopant de fait de l’ultime animadversion, soit une interdiction aux moins de 18 ans. Les égéries du genre ne manquent pas mais nul doute que Urotsukidoji y tient une place prépondérante. Avec Hideki Takayama, le monde du hentai changea. Alors que beaucoup ne se contentaient que de servir de pellicules masturbatoires, Urotsukidoji intégrait un véritable scénario avec un important budget alloué à la clef. S’inspirant librement du manga papier, Takayama mêlait fantastique, violence, horreur, sadisme et pornographie déviante pour accoucher d’un produit absolument inouï pour l’époque. La prise de risque sera payante vu que l’anime se pare d’un gigantesque succès autant national qu’international, acquérant vite le statut d’œuvre culte. Toujours actuellement, sa réputation n’a en rien changé et il reste un must-have pour tout thuriféraire du style. Avec une telle reconnaissance, il était évident que ce hentai n’allait pas en rester là. Takayama a saisi le bon filon, tenant à développer toujours plus l’épopée d'Amano.
Hélas, si la célébrité est toujours de mise, ses prochains crus ne réitéreront pas les fulgurances de La Légende du Démon. Moins aboutis scénaristiquement et avec la tendance au sexe facile, ils comptaient sur un public peu exigeant. Urotsukidoji 3 ayant été chroniqué récemment, il était logique de finir tôt ou tard l’histoire sur le blog avec Urotsukidoji 4 : Inferno Road.
ATTENTION SPOILERS : Le seigneur Eruth et son mystérieux frère règnent en maître sur une société où des enfants aux pouvoirs terrifiants vivent dans la peur permanente de grandir. Dans ce monde, Buju et ses poursuivants arrivent pour affronter le Chojin à Osaka. Ils seront faits prisonniers après s'être rendu compte, trop tard, que les enfants du jardin secret ne sont pas aussi avenants qu'ils ne le paraissent... La légende du Démon arrive à son terme ! Vivez la conclusion du plus grand classique de l'animation érotico-gore jamais réalisé...
Enfin, finir l’histoire est un terme somme toute relatif. Un Urotsukidoji 5 : Le Chapitre Final ayant été réalisé dans la foulée, sauf que le projet sera abandonné avec un seul épisode partiellement réalisé. Le concept était de représenter le quatrième épisode avec le point de vue des anciens personnages emblématiques. Bref, on ne rate rien. Pour en revenir à Urotsukidoji 4, celui-ci démarre juste après la fin des événements du 3 qui voyait Buju et son équipe embarquer vers Osaka pour se confronter au Chojin, celui qui est chargé de réunifier les trois mondes (celui des humains, des démons et des hommes-bêtes) pour en faire un nouveau où tous coexisteraient. Néanmoins, cette réunification a eu pour effet de plonger le monde dans le chaos et la désolation où ne règne maintenant plus que l’anarchie. Une époque de terreur naquit sur les cendres d’un Japon exsangue.
Vingt ans après le désastre, il ne restait plus rien sauf la violence. L’unique espoir réside dans le périple de nos héros ayant à leur côté une jeune fille capable de mettre fin au plan machiavélique du Chojin en le détruisant. La confrontation sera inévitable. Divisé en 3 OAV, Urotsukidoji 4 peut se fragmenter en deux parties bien distinctes.
La première concerne les deux premiers OAV axés sur une étape intermédiaire avant Osaka. Et qu’on se le dise, il s’agit là de la meilleure partie vu qu’il est question de pénétrer sur une ville en ruine où les adultes ont été réduits en esclavage par des enfants aux pouvoirs démoniaques capables de télékinésie ou encore de rendre fou ceux qui oseraient s’opposer à eux. Avec eux, un monstre dévolu et nymphomane de surcroît. Après tout, nous sommes dans un hentai. Dans un premier temps, la confiance est de mise pour un Buju qui s’acoquinera d’une gigantesque orgie perpétrée par les enfants influençant la psyché de leurs prisonniers. Takayama poussera même le vice en filmant des scènes de pédophilie très explicites. Malgré leur visage tout mignon, ils ne font montre d’aucune pitié, quitte à aller jusqu’au viol et même au meurtre. Baignant dans une ambiance inquiétante, dérangeante et inspirée du sulfureux Emperor Tomato Ketchup, ce quatrième volet démarre correctement, à défaut de ne rien approfondir du tout. Comment ses enfants ont développé ces capacités ? Comment s’est déroulé leur révolution et pourquoi ? Autant de questions sur lesquelles vous pourrez vous asseoir. L’arrière-goût à la fin ne peut être réfréné même avec toute la volonté du monde.
Et c’est là que la chose va finir par devenir amusante. Un troisième OAV consacré à l’arrivée à Osaka, un combat contre des personnes avides de mettre la main sur la jeune fille capable d’anéantir les desseins du Chojin et finalement la fin de ce réunificateur des trois mondes. Et tout ça en 43 minutes montre en main ! Vous commencez à comprendre le délire ? Et vous avez bien raison de rester pantois car le mot "escroquerie" serait encore un euphémisme. Filant à vitesse grand V, Takayama se fout ouvertement d’une trame à laquelle il aurait été indispensable d’intégrer un quatrième OAV de durée similaire. C’est un véritable compte à rebours que nous suivons, comme s’il fallait tout clôturer au plus vite et passer à autre chose. Ca ne pouvait décemment fonctionner. D’ailleurs, n’espérez pas quelconque combat contre le démon destructeur ! N’espérez en fin de compte rien du tout car il n’y aura rien, juste un final tellement surréaliste qu’il faut le voir pour le croire. Et je vous jure que je pèse encore mes mots ! On ressort de là tout bonnement estomaqués, l’impression de croire qu’il manque un fragment de l’histoire tant c’est bâclé à un point que cela relève plus de l’œuvre d’art de mauvais goût qu’autre chose.
Que sont devenus Buju et ses acolytes ? On ne sait pas. Comment le Chojin a été vaincu ? On ne sait pas. Que sont devenus Nagumo et Akemi ? On ne sait pas. Pourquoi le monde est redevenu comme avant ? On ne sait pas. Que va-t-il advenir de ce nouveau monde ? On ne sait pas. Qu'en est-il du monde des démons et des makai ? On ne sait pas. En fait, on ne sait RIEN DU TOUT.
Tout n’est pas non plus désespéré. La qualité de l’animation est toujours aussi belle avec une maîtrise des scènes pornographiques du plus bel effet. Pas de pixellisation ou autre. Urotsukidoji 4 fait honneur à ses grands frères avec des dessins admirables en tout point et une mise en scène travaillée. Un bon point aussi à attribuer sur la partition musicale qui tient la route. Enfin, il a souvent été rapporté que Buju et sa team ont été boudés par les fans qui préféraient Nagumo, Akemi et Megumi, toujours aussi pathétiquement absents. Seul Amano est toujours en lice, s’étant allié avec Buju et ses potes. Toutefois, on a bien du mal à ne pas les trouver attachants.
Précisons que si les dialogues étaient d’un niveau pitoyable dans le film précédent, le niveau a été sensiblement relevé ici, s’éloignant d’un travail adapté aux séries d’animation pour jeunes prépubères.
On le sentait venir depuis L’Enfant Errant que cette saga allait se vautrer dans les abysses du mercantilisme. Alors que la force du premier était de rendre chacune de ses scènes de sexe "utiles", les épisodes suivants ont opté pour une facilité déplaisante et même presque indécente, comme s’il fallait respecter un cahier de charges indiquant qu’il faut X minutes de cul pour que ça soit ok. Après, on ne va pas se mentir que Inferno Road est sadique et ne lésine pas sur la violence et le sexe. Les viols avec tentacules sont un classique avec double voire triple pénétration. On ne va pas non plus dire le contraire que l'univers est toujours aussi intéressant. On peut féliciter Takayama d’être magnanime là-dessus mais pour quel résultat derrière ? Un super démarrage se finissant sur du néant. Une fin torchée que n’aurait pas osé les pires tâcherons. Pourquoi diable en finir le plus vite possible en 43 minutes ? Telle est la question qui restera la plus importante de cette odyssée, parmi les 15 000 en suspens auxquelles jamais nous n’aurons de réponse claire.
Note : 07/20