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Genre : shockumentary, "Mondo", death movie, documentaire, "documenteur", horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans) 
Année : 1999
Durée : 1h29 

Synopsis : Death Farm nous entraîne dans plusieurs coins éculés du Japon. Ce death movie, d'un réalisme inouï, nous présente toute une salve de cadavres victimes - au choix - d'un accident de la route ou encore d'assassinats expéditifs. 

 

La critique :

Oui, je sais ce que vous devez songer, gloser, pérorer et déclamer à juste titre... Encore un "Mondo" dans les colonnes éparses de Cinéma Choc ! Toujours la même antienne... Pourtant, votre blog favori (rires !) n'avait plus évoqué de "Mondo", de shockumentary ni de death movie depuis quelques semaines. Il était donc temps de rectifier cette carence. Oui, il est encore question de Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962), puisqu'il s'agit - derechef - d'un long-métrage novateur et avant-gardiste dans le shockumentary en général et dans le "Mondo" en particulier. 
Présenté en compétition au festival de Cannes, Mondo Cane révulse et estourbit les persistances rétiniennes. Formellement, ce "documenteur" repose sur un panorama de l'horreur. En l'occurrence, il s'agit de sonder, d'analyser et de scruter les us et les coutumes de peuplades séculaires à travers le monde. 

Tantôt virulentes, tantôt truculentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes licencieuses se centralisent sur les prismes de l'ethnologie et de l'anthropologie. En résumé, l'humanité est à la fois turpide, fielleuse et obséquieuse. Ce n'est pas aléatoire si l'intitulé du long-métrage, donc Mondo Cane (au cas où vous n'auriez pas suivi...) signifie, traduit de l'italien, "un monde de chiens". Pourtant, tout est faux, factice, falsifié et savamment fomenté par Gualtiero Jacopetti et ses prosélytes. Les séquences brutales et iconoclastes sont en réalité interprétées par des comédiens amateurs et anonymes. 
Les trois journalistes se parent des précieux atours de cinéastes pour signer le tout premier "Mondo" de l'histoire du noble Septième Art. En ce sens, Mondo Cane fait donc office de documentaire d'avant-garde (bis repetita). 

A raison, Gualtiero Jacopetti et ses ouailles jubilent. L'année suivante, ils réitèrent le même syllogisme fatidique via Mondo Cane 2 - L'incroyable vérité (1963). A l'instar de son auguste antécesseur, cette suite est présentée au festival de Cannes. Nouveau scandale sur la Croisette. Désormais, c'est le diptyque formé par Mondo Cane et Mondo Cane 2 qui fait référence et voeu d'obédience dans le cinéma underground. Que soit. Ce diptyque devient la nouvelle égérie du cinéma trash et influence toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma d'exploitation n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Shocking Asia (Rolf Olsen, 1974), L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977), Africa Ama (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1971), Mondo Magic (Alfredo et Angelo Castoglioni, 1975), Addio Ultimo Uomo (Alfredo et Angelo Castiglioni, 1978), ou encore The Killing of America (Leonard Schrader et Sheldon Renan, 1982) parmi les shockumentaries les plus notables et éventuellement notoires. 

De leur côté, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi rempilent en se centrant sur la paupérisation du continent africain. Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971) franchissent un palier supplémentaire dans l'obscénité et l'indécence. Cette fois-ci, le "Mondo" oblique vers le snuff animalier et la pornographie ad nauseam. Puis, quelques années plus tard, le "Mondo" se transmute en périple mortuaire via Faces of Death (John Alan Schwartz, 1978), soit Face à la Mort dans l'idiome de Molière. Sur la forme comme sur le fond, Faces of Death fait office de digne donataire de Mondo Cane, dont il reprend - peu ou prou - la même rhétorique. 
L'horreur, l'abjection et les abominations ont rendez-vous avec la mort et la putréfaction. Ainsi, la saga Arquivos Da Morte, Traces of Death (Damon Fox, 1993), Inhumanities (Harvey Keith, 1989), Faces of Gore (Todd Tjersland, 1999), True Gore (M. Dixon Causey, 1987), ou encore Orozco The Embalmer (Kiyotaka Tsurisaki, 2001) s'inscrivent dans le sillage et le continuum de Faces of Death, avec néanmoins plus d'outrecuidance et de scabrosité.

Un jour ou l'autre, le death movie devait tangenter vers les oraisons funèbres, en particulier dans les coursives de la morgue et de l'odontologie médicale. Preuve en est avec Death Farm, sorti en 1999. Non, ce death movie adventice n'entretient aucune accointance matoise avec l'opuscule de George Orwell (La ferme des animaux), ni même avec Animal Farm, un long-métrage pornographique zoophile et polémique. En outre, Death Farm fait office de long-métrage introuvable et rarissime. Ne cherchez pas ! Il n'existe aucune trace - même élusive - de ce shockumentary sur la Toile, ni même aucune image. Cet OFNI (objet filmique non identifié) émane de la cave de notre cher chroniqueur orfèvre et polymathique, Inthemoodforgore (Inthemood pour les intimes).
Quant au réalisateur de cette ignoble forfaiture, il n'est même pas stipulé.

Evidemment, un tel arrivage ne pouvait pas escarper à l'oeil avisé de Cinéma Choc et de ses fidèles convives ! Surtout, Death Farm possède une autre particularité. Pour les collectionneurs chevronnés, il représente la quintessence du death movie. Il est souvent répertorié parmi les shockumentaries les abominables de sa génération ! Rien que ça ! Sur ces entrefaites, inutile de préciser que ce programme putrescent a évidemment écopé de l'ultime réprobation, soit d'une interdiction aux moins de 18 ans. Reste à savoir si Death Farm mérite - ou non - cette réputation sulfureuse.
Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Mais trêve de palabres et de verbiages, et passons à l'exégèse de ce death movie ! Attention, SPOILERS ! Death Farm nous entraîne dans plusieurs coins éculés du Japon.

Ce death movie, d'un réalisme inouï, nous présente toute une salve de cadavres victimes - au choix - d'un accident de la route ou encore d'assassinats expéditifs. Certes, Death Farm n'a pas usurpé sa réputation ignominieuse. Pourtant, formellement, il s'inscrit dans le sillage de Faces of Gore et surtout Arquivos Da Morte, une autre série de shockumentaries auxquels Death Farm semble avoir fait voeu d'obédience. Certes, les laudateurs de death movies seront ici en terrain connu et quasiment conquis. De facto, Death Farm s'ouvre sur une saynète de putréfaction. La dépouille tuméfiée d'un homme gît sur le sol ensanglanté. Apparemment, l'infortuné est décédé d'une balle dans la tête.
Sur place, les médicastres procèdent à l'extraction chirurgicale de l'objet, l'ablation laissant apparaître le cervelet. En outre et surtout dans la même lignée, les mêmes Faces of Gore et Arquivos Da Morte (bis repetita) nous avait déjà asséné de telles impudicités. 
A l'instar de ses sinistres antécesseurs, Death Farm nous invective - peu ou prou - des mêmes impudicités. Toutefois, la séquence la plus impressionnante reste sans doute celle de cet homme entièrement calciné, le corps ayant été retrouvé plusieurs jours après l'incendie. Pour le reste, est-il absolument opportun de s'appesantir davantage sur ces séries de scabrosités ? Non... Pas vraiment (pas du tout...).
A raison, les contempteurs maronneront et clabauderont contre l'inanité et la vacuité de cette forfaiture sur pellicule. A contrario, les adulateurs du cinéma underground encenseront ce programme méphitique et à réserver à un public extrêmement averti.

Note : 10/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver

N.B. = Merci à Inthemoodforgore pour avoir réussi à dénicher le film. Sans la dextérité de son chroniqueur fétiche, Cinéma Choc n'aurait jamais pu publier cette chronique !