Genre : Thriller, policier, giallo (interdit aux - 12 ans)
Année : 1972
Durée : 1h33
Synopsis :
La police italienne vit au rythme d'un tueur en série, qui laisse un étrange talisman sur ses victimes féminines, une lune argentée. Une femme va s'en sortir. Avec la complicité de la police et des médias, qui la font passer pour morte pour ne pas éveiller les soupçons de l'assassin, elle prend les choses en main.
La critique :
Quelle surprise ! Encore un giallo pour votre plus grand bonheur. Je sais que vous pouvez allègrement m'insulter de participer à une overdose du genre à en parler fréquemment et que vous commencez à en avoir un peu (beaucoup) marre de ce programme. Mais si c'est le cas, qu'est-ce que ça sera dans un mois, voire plus ? Les esprits chagrins peuvent tout de même se rassurer car il n'y a plus du tout d'arrivage à mon vaste programme déjà suffisamment bien fourni. Deux gialli auraient pu s'enorgueillir de rallonger la liste quand je me suis rendu compte qu'ils étaient de qualité vraiment dégueulasse. Je n'ai rien contre massacrer de temps en temps un petit film en chronique mais là du peu que j'avais vu, le tout conjugué à un visuel plus que discutable, c'en était de trop pour moi.
Haut les coeurs certains diront ! Dans tous les cas, il y aura encore à faire et vous n'êtes pas au bout de vos peines. Je jugerai opportun de vous annoncer la fin quand je serai sûr d'y être. M'étant fait avoir plus d'une fois tout en vous donnant de faux espoirs, je ne tiens pas à réitérer cela, indépendamment de ma volonté, entendons-nous bien.
Le giallo est un genre que vous connaissez désormais par coeur pour ceux qui ont eu la (mal)chance de nous connaître avant. Il peut se définir comme le thriller policier à l'italienne et a connu son âge d'or dans les années 70 où le marché fut littéralement envahi par une innombrable quantité de pellicules aussi bien recommandables que bonnes à jeter à la poubelle. Mario Bava en est l'instigateur lorsqu'il sortit La Fille qui en savait trop qui sera considéré comme l'oeuvre fondatrice du giallo. L'année suivante, Six Femmes pour l'Assassin introduisit le célébrissime meurtrier masqué tenant une arme blanche dans sa main gantée de noir. Tous les ingrédients étaient là pour que démiurges comme tâcherons tentent leur chance. Certains y arrivèrent avec succès, allant jusqu'à s'internationaliser.
Dario Argento et Sergio Martino sont les exemples les plus connus. D'autres, en dépit de leur professionnalisme, restèrent dans une injuste confidentialité. C'est le cas de Massimo Dallamano qui n'arrivait pas à quitter ses frontières alors qu'il a pourtant signé deux grands classiques que Cinéma Choc vous présenta avec les dithyrambes de circonstance. Aujourd'hui, nous passons le flambeau à une autre figure qui est Umberto Lenzi. Ce personnage ayant été en son temps l'un des plus prolifiques du cinéma d'exploitation n'est pas un illustre inconnu sur le site puisque Cannibal Ferox et L'Avion de l'Apocalypse furent chroniqués il y a un bout de temps. Comme vous vous en doutez, le registre sera tout autre ici avec Le Tueur à l'Orchidée.
ATTENTION SPOILERS : La police italienne vit au rythme d'un tueur en série, qui laisse un étrange talisman sur ses victimes féminines, une lune argentée. Une femme va s'en sortir. Avec la complicité de la police et des médias, qui la font passer pour morte pour ne pas éveiller les soupçons de l'assassin, elle prend les choses en main.
Le Tueur à l'Orchidée fait partie des plus célèbres créations de son auteur qui ratissa un peu dans tous les styles entre le western, le péplum, le film de super-héros, le film de zombies et même le film de guerre. Je savais à quoi m'attendre face à une icône du cinéma bis qui déchaîna et déchaîne encore les passions. La très belle pochette kitsch attira mon attention et fut suffisante pour outrepasser des critiques guère satisfaites. Le scénario est de facture classique : un tueur au visage caché et habillé de cuir, un programme sadique consistant à se débarrasser de femmes frêles et inoffensives. Ce n'est pas un critère éliminatoire car beaucoup de gialli n'ont pas une trame fascinante au premier abord. C'est seulement après qu'ils révèlent tout leur potentiel. Et ce que l'on peut dire ici est que le tout démarre sur les chapeaux de roue durant le premier quart d'heure où nous assistons aux meurtres sauvages de deux femmes et d'une tentative d'assassinat sur la dernière.
Le premier est peut-être le plus spectaculaire avec cette prostituée dénudée le crâne fracassé à coup de barre de fer. Au préalable, la caméra sera passée en vue subjective pour accentuer le malaise. Nous sommes comblés après ces quinze minutes, plaçant beaucoup d'espoir dans la suite du récit sauf que ce fut une grave erreur de le faire.
Car si Lenzi nous aura fait rêver l'espace d'un instant, notre entrain finit par être pulvérisé au fur et à mesure de l'avancée de ce couple bien décidé à coincer cet étrange sadique. Et nous en arrivons au fait que le giallo commence à perdre dangereusement de sa substance pour sombrer dans une enquête policière des plus banales. Enfin "policier" est un bien grand mot car on se demande justement à quoi ils servent. Tournés en ridicule, ils donnent l'impression de se foutre ouvertement de l'affaire mais pour ce que ça change... Les rares fois où ils entreront dans la danse, ils seront de toute façon à côté de la plaque. Mario et la rescapée Giulia sont donc seuls pour faire la lumière sur toute cette affaire qui les entraîneront à gauche et à droite sans que la narration ne donne des soubresauts pour galvaniser l'intérêt du cinéphile qui suit le tout avec un ennui, au mieux, poli.
Lenzi dissimule çà et là quelques indices pour tenter de revigorer cette action très éthérée. Il claque quelques rebondissements bien vaseux pour essayer de redynamiser le film. Peine perdue vu que la dimension giallesque s'évapore pour laisser place à une intrigue où il s'agit de donner une explication aux meurtres qui s'accumulent.
En soi, ce n'est pas un tort. Il est logique de réfléchir sur le pourquoi d'une demi-lune sur chacun des cadavres mais quand ça part dans de longues facondes avec interrogations de divers personnages l'un à la suite de l'autre qui n'apporteront pour beaucoup aucune utilité, eh bien ça commence à nous gaver sérieusement. Histoire de parachever le tableau d'un scénario inintéressant aux finalités assez quelconques, Lenzi se plaît d'utiliser des raccourcis de boeuf pour faire avancer l'histoire (l'artiste se ramenant directement vers lui sur la place en disant qu'il connaît l'homme dont Mario en a fait l'autoportrait). Les incohérences dignes des plus mauvaises séries B sont aussi de la partie. Quel dommage qu'un camion bloque au beau milieu de la nuit sur une petite route la voiture de Mario parti pour sauver sa dulcinée ! Et alors que nous sommes toujours dans un flou désagréable, les deux dernières minutes permettront de claquer l'identité du tueur, ses motivations bidons, le combat contre Giulia, suivi du combat contre Mario dans la piscine où le criminel sera tué très bizarrement. Voilà, c'est fini ! Merci d'être passé et au revoir pour un prochain foutage de gueule !
Là où la remontada est de mise est surtout sur le visuel plutôt joli et varié car Lenzi a la décence de nous balader dans divers endroits parfois insolites comme ce repère d'artistes hippies drogués (un poil cliché). Les plans sont assez travaillés, de même que les lumières et la colorimétrie. Il y a un sens du détail qui fait plaisir et qui fait de Le Tueur à l'Orchidée un bon élève sur ce plan. Après, on pourra tiquer devant des abus intermittents de rapides zooms. Enfin, ça relève plus d'un sentiment personnel car je n'ai jamais été fan de ce procédé. Une belle gommette à attribuer à la remarquable bande son qui fait bien le taf pour créer une petite ambiance, mais juste quand elle est présente, vu le classicisme pesant. Et pour clôturer cet habituel paragraphe, on retombe dans la négativité avec des acteurs aussi charismatiques qu'une casserole rouillée. Donnant l'impression de s'en battre l'aile du projet, ils ne traduisent aucune émotion à l'écran. La prouesse des dialoguistes vaut son pesant d'or tant leurs paroles sont bancales et inutiles. D'ailleurs, je vous conseille d'éviter la VF car c'est encore pire vu la tronche du doublage, sauf si vous avez envie de rire un bon coup. Remarque que vous en aurez besoin pour stimuler un peu le visionnage. Dans mon infinie mansuétude, je vais quand même en citer quelques-uns : Antonio Sabato, Uschi Glas, Pier Paolo Capponi, Rossella Falk, Marina Malfatti, Renato Romano, Claudio Gora et Gabriela Giorgelli.
Je crois que tout a été dit sur ce fiasco qu'est Le Tueur à l'Orchidée. Nous faisant miroiter une petite pépite au début, la désillusion est de mise avant de verser dans l'agacement de tous les instants tant rien ne nous tient en laisse pour connaître le fin mot d'une histoire tout ce qu'il y a de plus générique. Alors oui, sur la question des meurtres, il n'y a rien à redire. Ceux-ci sont bien mis en scène et ne répondent pas toujours, et heureusement, au même modus operandi. Toutefois, c'est bien bien peu pour que l'on puisse dire avoir aimé un cru aussi fumeux. Soyons honnête, Le Tueur à l'Orchidée n'est pas une purge, n'est pas non plus un navet mais il n'est pas non plus un sympathique nanar.
C'est l'un de ces nombreux giallos insipides qui a déferlé en masse dans les années 70, soit ce genre de produit que je craignais rencontrer. Seulement, il fallait bien se douter que ça arriverait tôt ou tard dans un cycle de bien bonne taille. Pour une première entrée dans la filmo d'Umberto Lenzi, on ne peut pas dire que ça se soit fait de la meilleure des manières. On verra pour les suivants.
Note : 08,5/20