cradle of fear

Genre : Horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 16 ans en France, interdit aux - 18 ans aux Etats-Unis)
Année : 2001
Durée : 2 heures

Synopsis : Un homme enfermé enfant dans un asile psychiatrique alors qu'on l'accusait de satanisme cherche à se venger par l'intermédiaire de son fils. 

 

La critique :

Le satanisme influence ponctuellement le noble Septième Art. Il suffit de se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.vodkaster.com/listes-de-films/satan-le-diable-et-son-culte/1367695) pour s'en rendre compte. Depuis des temps immémoriaux, certains individus apostats ont prêté allégeance aux forces du mal via de multiples imprécations démoniaques. Dans ce sous-registre cinématographique, les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que The Brotherhood of Satan (Bernard McEveety, 1971), Lucifer Rising (), Satan, mon amour (Paul Wendkos, 1971), La pluie du Diable (Robert Fuest, 1975), Satan's Cheerleaders (Greydon Clark, 1977), Necromancy (Bert I. Gordon, 1972), Satan's Slave (Norman J. Warren, 1976), Rosemary's Baby (Roman Polanski, 1968), ou encore Nurse Cherri (Al Adamson, 1978) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.

D'une façon générale, et à l'exception de quelques oeuvres somptuaires (par exemple, le génial et terrifiant Rosemary's Baby), tous ces films sont issus du cinéma indépendant. D'une qualité relative (voire erratique) ces susdits métrages ont à leur tour influencé le cinéma gore, trash et extrême. Le réalisateur, Lucifer Valentine, n'a jamais caché ses appétences, voire sa dilection pour Lucifer Rising à travers sa tétralogie infernale (Slaughtered Vomit Dolls, ReGOREgitated Sacrifice, Slow Torture Puke Chamber et Black Mass of the Nazi Sex Wizard). Et puis, il y a aussi le cas d'Alex Chandon qui, lui aussi, a fait voeu d'obédience au mal et à ses démons incubes.
Preuve en est avec Cradle of Fear, sorti en 2001, et qui jouit d'une réputation plutôt flatteuse dans le cinéma underground.

787515_backdrop_scale_1280xauto

 

La carrière cinématographique d'Alex Chandon démarre vers l'orée des années 1980 via Nightmare (1982). A postériori, le metteur en scène enchaînera avec Chainsaw Scumfuck Yes (1988), Bad Manor (1989), Bad Karma (1991), Night Pastor (1997), Siamese Cop (1998), Witchcraft X : Mistress of the Craft (1998), Peaches (2000), Borderline (2006), Neon Killer (2008), ou encore Inbred (2011), soit sa dernière oeuvre en date. A l'aune de cette filmographie, pas besoin d'être omniscient ni extralucide pour subodorer les accointances matoises entre le réalisateur et le cinéma horrifique, en particulier le cinéma underground. Dixit les propres aveux d'Alex Chandon lui-même, Cradle of Fear n'est pas seulement un film satanique, mais avant tout une élégie aux productions Amicus ; une firme indépendante autrefois spécialisée dans les films à sketches.

Quant à la pseudo servitude aux forces du mal et aux rites sataniques, cette dévotion est vraiment à minorer, voire à euphémiser. Certes, en raison de sa morgue et de sa virulence, Cradle of Fear a écopé de l'ultime réprobation, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans lors de sa sortie (en vidéo) aux Etats-Unis. En France, le long-métrage d'Alex Chandon est "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 16 ans. Comme nous l'avons déjà notifié, Cradle of Fear possède son armada de laudateurs patentés en raison, notamment, de la présence de Dani Filth en tête de casting.
Pour souvenance, l'artiste est le chanteur de Cradle of Filth, un groupe qui s'est érigé une réputation dithyrambique au fil des décennies, notamment pour ses stridulations disharmonieuses et extrêmes. Reste à savoir si Cradle of Fear mérite - ou non - de telles flagorneries.

b635aa2cbbcaad3f0ffebab2186fc427a824d83a_hq

Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Hormis Dani Filth, la distribution du film se compose de David McEwen, Eileen Daly, Emily Booth, Stuart Laing, Edmund Dehn, Barry Lee-Thomas, Rebecca Eden, Louie Brownsell et Emma Rice. Attention, SPOILERS ! (1) L'inspecteur Neilon enquête sur une série de meurtres plus violents les uns que les autres. Le principal suspect n'est autre que Kemper, un psychopathe enfermé pourtant dans un hôpital psychiatrique. Kemper, adepte de l'hypnotisme assassin, tueur d'enfants, a décidé de se venger de ceux qui l'ont envoyé derrière les barreaux, et ce, grâce à l'intermédiaire de son "fils" (1). 
Certes, par son contenu (quatre segmentations différentes, donc quatre sketches), Cradle Of Fear se veut être une révérence aux productions Amicus (bis repetita).

Pourtant, formellement, le métrage d'Alex Chandon s'approxime davantage à un hommage - à peine déguisé - au cinéma trash germanique. On songe davantage au cinéma satanique et érubescent d'Olaf Ittenbach (Black Past, The Burning Moon, Premutos - The Fallen Angel et Dard Divorce). A l'instar de Black Past et de ses sectateurs, Cradle of Fear n'offre aucun scénario, ou alors une bribe de trame de narrative, dans laquelle il est question de meurtres abominables et étranges et d'une enquête policière en filigrane. Mais, aux yeux d'Alex Chandon, le scénario n'a aucune prépondérance. Ce qui compte, dans Cradle of Fear, c'est cette munificence qui se dégage.
Indubitablement, nonobstant sa porosité, Cradle of Fear possède sa propre personnalité, ainsi qu'un charme ineffable. 

unnamed

En outre, les aficionados du cinéma underground seront en terrain connu et quasiment conquis. C'est à eux (et uniquement à eux) que s'adresse Cradle of Fear. Pour le reste, n'ayez crainte. Nonobstant ses aspérités mutines, Cradle of Fear n'a pas vraiment pour velléité de sacraliser et d'adouber le satanisme. On pourrait presque légitimement invoquer un satanisme guilleret, voire même un satanisme de "carte postale". Bien conscient des écueils de son budget, le film a au moins le mérite de ne jamais péter plus haut que son derrière. Si Cradle of Fear ne rivalise guère avec les productions les plus ignominieuses de tous les temps, le film ne badine pas avec la barbaque ni la tripaille.
Au menu des tristes réjouissances, nous assisterons, hébétés, à une énucléation, à une édentation, un coeur et des boyaux extirpés et autres équarrissages circonstanciés. Sur ce dernier point, Alex Chandon se montre particulièrement magnanime. Cependant, en dépit de sa mansuétude, Cradle Of Fear n'est pas exempt de tout grief. Pour apprécier le film dans ses rudiments et linéaments, prière de phagocyter la qualité (la médiocrité...) de l'interprétation, ainsi qu'une mise en scène au mieux soporifique. Il sera donc nécessaire de visionner Cradle of Fear pour ce qu'il est, à savoir une série B trash et extrême, mais tout à fait honorable et recommandable.

 

Note : 12/20

(1) Synopsis du film sur : https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/857-cradle-of-fear

sparklehorse2 Alice In Oliver