Genre : Horreur, gore, trash, torture porn, slasher, home invasion (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h24
Synopsis : Pendant une perquisition, l'agent Frank Williams et son collègue découvrent dans la maison en question une femme sans yeux. L'un se fait violemment couper le bras, tandis que l'autre se fait tuer à la hache. Williams à juste le temps de tirer une balle dans la tête du tueur, avant d'être hospitalisé. Trois ans après les faits, Williams organise avec sa collègue, Hannah, un projet avec plusieurs délinquants, dans le but d'alléger leur peine. Le boulot paraît simple : restaurer l'hôtel Blackwell. Mais ils sont loin d'imaginer que l'individu ayant blessé Williams trois ans auparavant a élu domicile dans les murs de l'hôtel. Quand l'un des membres du groupe disparaît, tous les autres partent à sa recherche. Et un à un, tous se mettent à disparaître...
La critique :
Comme une évidence, presque une pantalonnade. Lorsque l'on invoque le néologisme du "torture porn", on songe invariablement à Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). Dans le cas du premier film susdénommé, James Wan adapte un court-métrage éponyme qu'il avait lui-même réalisé. Dixit les propres aveux de l'auteur démiurgique, Saw n'avait pas pour velléité de toiser les firmaments des oriflammes. A l'origine, il s'agit d'une série B impécunieuse qui amalgame sans fard huis clos, torture porn, thriller, horreur et une enquête policière conçue comme une sorte de puzzle démoniaque, avec ses pièges, ses supplices et ses multiples collatérales.
Pourtant, cette formule surannée flagorne les thuriféraires du cinéma gore. Paradoxalement, Saw n'a rien inventé et réitère les recettes éculées de naguère.
James Wan n'a jamais caché sa dilection pour Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977), ou encore La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972). Toujours la même antienne... Saw défie tous les pronostics et caracole en tête de peloton lors de sa sortie en salles. Aux yeux des producteurs, Saw constitue la nouvelle manne providentielle. Ces derniers exhortent James Wan à signer de nouvelles suites consécutives. Mais le metteur en scène n'a cure des instigations, voire des objurgations de ses financeurs.
James Wan affectionne davantage l'épouvante de jadis. Impression corroborée par ses longs-métrages suivants, notamment Dead Silence (2007), Insidious (2011), Insidious - Chapitre 2 (2013), Conjuring - Les Dossiers Warren (2013) et Conjuring - Le Cas Endfield (2016).
Que soit. En raison de son succès pharaonique, Saw premier du nom va se transmuter en une franchise lucrative et opportuniste, hélas cornaquée par toute une série de tâcherons patentés. En l'occurrence, Hostel obliquera - peu ou prou - vers la même trajectoire. Dans le film d'Eli Roth, c'est une étrange organisation qui s'adonne à la capture, puis à la torture de touristes dans un pays d'Europe de l'Est. Hostel signe donc la résurgence des tortures de l'Inquisition, toutefois sous l'angle du capitalisme et du consumérisme à tous crins.
Si le premier chapitre s'approxime à un film d'horreur potache et égrillard, le second volet, sobrement intitulé Hostel - Chapitre 2 (2007), affine davantage son syllogisme morbide. La franchise échoit alors entre les mains de Scott Spiegel via un inévitable Hostel - Chapitre 3 (2011).
Ce sera l'opus de trop. Le long-métrage ne sortira même pas au cinéma et écumera les bacs via le support vidéo. Mais peu importe, Saw et Hostel relancent la mode galvaudeuse du torture porn. En résulte toute une panoplie de productions peu ou prou analogiques. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que The Collector (Marcus Dunstan, 2009), Excision (Richard Bates Jr., 2012), Pernicious (James Cullen Bressack, 2015), Perseveration (Adam Sotelo, 2012), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), Living Death (Erin Berry, 2006), Captivity (Roland Joffé, 2007), Borderland (Zev Berman, 2008), The Torturer (Lamberto Bava, 2006), ou encore Seed (Uwe Boll, 2007) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner See No Evil, réalisé par la diligence de Gregory Dark en 2006. En outre, See No Evil marque la première incursion du metteur en scène sur le circuit courant. Auparavant, Gregory Dark a essentiellement officié dans l'industrie pornographique. Des oeuvres telles que Le Diable par la Queue (1985), The Devil In Miss Jones 3 (1986) et The Devil In Miss Jones 4 (1986) sont les principaux maîtres étalons (si j'ose dire...) d'une filmographie transie par le stupre et les bacchanales. Opportuniste, Gregory Dark mise sur le torture porn, une vague lucrative et mercantiliste qui toise le firmament des oriflammes depuis Saw et Hostel. Bis repetita...
Mais See No Evil n'affectionne pas seulement le torture porn, puisque le long-métrage amalgame aussi huis clos, slasher et même un peu le home invasion.
Aux Etats-Unis, le film connaîtra une distribution élusive dans les salles, ainsi qu'une petite carrière en vidéo dans nos contrées hexagonales. Il faut croire que See No Evil a amassé suffisamment de capitaux et de pécunes, puisqu'une suite, See No Evil 2 (Jen et Sylvia Soska, 2014), sortira quelques années plus tard. Reste à savoir si ce premier chapitre justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution de See No Evil se compose de Kane, Christina Vidal, Samantha Noble, Luke Pegler, Michael J. Pagan, Rachael Taylor, Penny McNamee, Craig Horner et Cecily Polson. Attention, SPOILERS !
Pendant une perquisition, l'agent Frank Williams et son collègue découvrent dans la maison en question une femme sans yeux.
L'un se fait violemment couper le bras, tandis que l'autre se fait tuer à la hache. Williams à juste le temps de tirer une balle dans la tête du tueur, avant d'être hospitalisé. Trois ans après les faits, Williams organise avec sa collègue, Hannah, un projet avec plusieurs délinquants, dans le but d'alléger leur peine. Le boulot paraît simple : restaurer l'hôtel Blackwell. Mais ils sont loin d'imaginer que l'individu ayant blessé Williams trois ans auparavant a élu domicile dans les murs de l'hôtel. Quand l'un des membres du groupe disparaît, tous les autres partent à sa recherche. Et un à un, tous se mettent à disparaître... Autant l'annoncer sans ambages. Non, See No Evil ne rivalise aucunement avec Saw, Hostel et sa litanie d'avatars. Non, See No Evil ne peut même pas s'enhardir d'une mise en scène soyeuse ni cérémonieuse. Et oui, derechef, les principaux protagonistes répondent toujours aux bons vieux archétypes habituels.
Avec de telles carences et défectuosités, See No Evil n'a évidemment aucune chance de rester dans les annales, surtout à l'aune d'une concurrence apoplectique en matière de slashers et de tortures porn. Mais... Car oui... Il y a un "Mais"... See No Evil peut au moins s'enorgueillir d'un boogeyman robuste et charismatique. C'est un certain Kane, un ancien champion du monde de catch, qui prête ses traits rugueux et abominables au croquemitaine atrabilaire. Et le renégat ne fait pas de prisonnier. Pis, il torture, lamine et estropie à la chaîne (c'est le cas de le dire !), multipliant les exactions, les mutilations, les démembrements, les amputations et autres énucléations avec une véritable jubilation ! Rien que pour la présence magnétique de Kane, See No Evil justifie son visionnage et se situe légèrement (mais vraiment très légèrement...) au-dessus de la moyenne habituelle.
En l'état, See No Evil ne flagornera que les plus fervents admirateurs de slashers et de torture porn. C'est à eux et seulement à eux que s'adresse See No Evil, mais guère davantage. Les autres maronneront et clabauderont à raison contre la vacuité de cette production conventionnelle. Que dire de plus ? Ah si... Le film est interdit aux moins de 16 ans !
Note : 10.5/20