Genre : Horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1979
Durée : 1h42
Synopsis : Un monstre d'une taille gigantesque, enfanté par des produits toxiques, apporte la terreur et la mort sur la campagne du Maine aux Etats-Unis.
La critique :
Vous l'avez sans doute constaté, renâclé et même subodoré. De temps à autre, Cinéma Choc aime se polariser sur le genre "agression animale". Que les adulateurs du blog (mais enfin, qui sont-ils ?) se rassérènent. Via cette chronique, nous ne commettrons pas l'offense d'itérer la genèse et l'historique de ce sous-registre du cinéma bis et d'exploitation. En l'occurrence, c'est le succès pharaonique de Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) qui va attribuer ses lettres de noblesse à un genre à la fois carnassier et rutilant. Ainsi, requins, crocodiliens, piranhas, poissons voraces et autres crotales affamés vont devenir les principaux leitmotivs du cinéma horrifique.
Impression corroborée par les sorties de Piranhas (Joe Dante, 1978), La Mort au large (Enzo G. Castellari, 1981), la saga Lake Placid (initiée par Steve Miner en 1999), Orca (Michael Anderson, 1977), Frankenfish (Mark A.Z. Dippé, 2004), ou encore Peur Bleue (Renny Harlin, 1999).
Du statut de blockbuster, l'agression animale va subrepticement se transmuter en série B impécunieuse. Bientôt, l'océan doit s'évincer et se phagocyter pour laisser sa place à une menace diligentée sur notre bon sol terrestre. Nos amis les insectes seront évidemment les précieux convives de ce genre iconoclaste et tout d'abord sous le joug des radiations atomiques et nucléaires. Ainsi, Them ! Des Monstres Attaquent la Ville (Gordon Douglas, 1954), La Chose surgit des Ténèbres (Nathan Juran, 1957) et Beginning of the End (Bert I. Gordon, 1957) annoncent des temps peu cléments et assujettis à la menace radioactive. Parfois même, nos chers insectes sont les victimes infortunées des expériences humaines. Preuve en est avec les sorties concomitantes de La Mouche Noire (Kurt Neumann, 1958), Le Retour de la Mouche (Edward Bernds, 1959) et La Malédiction de la Mouche (Don Sharp, 1965).
Que ce soit les cafards hideux et miteux (Voyage au bout de l'horreur, Terence H. Winckless, 1988), les abeilles tueuses et venimeuses (L'inévitable catastrophe, Irwin Allen, 1978), les guêpes hargneuses (Deadly Swarm, Paul Andresen, 2003), ou encore les moustiques gloutons et plantureux (l'inénarrable Mosquito, Gary Jones, 1995), toutes ces productions adventices expriment cette peur indicible de la fin du monde. Un jour ou l'autre, l'espèce humaine sera éradiquée et supplantée par une nouvelle espèce dominante. Bon gré mal gré, l'agression animale est corrélée avec la dialectique darwinienne. Et nos amis les ours dans tout ça ?
Pour l'anecdote superfétatoire, cet animal aux étonnantes rotondités appartient à la famille des ursidés. En l'occurrence, rares sont les films à mettre en exergue un grizzly furibond et qui assaille l'espèce humaine.
Hormis Prophecy - Le Monstre, j'avoue ne pas avoir trouvé la moindre trace d'un ursidé vengeur dans le cinéma d'horreur, en particulier dans le registre de l'agression animale. A fortiori, Prophecy - Le Monstre ferait office d'exception. Le long-métrage est cornaqué par les soins de John Frankenheimer en 1979. Sa carrière cinématographique débute vers le milieu des années 1950 avec Mon père, cet étranger (1957). A posteriori, il enchaînera avec Le temps du châtiment (1961), Le prisonnier d'Alcatraz (1962), Le Train (1964), L'homme de Kiev (1968), Les parachutistes arrivent (1969), Le pays de la violence (1970), L'impossible Objet (1973), French Connection 2 (1975), A armes égales (1982), Paiement Cash (1986), Year of the Gun, l'année de plomb (1992), Les révoltés d'Attica (1996), L'Île du docteur Moreau (1996), Ronin (1998) ou encore Piège Fatal (2000).
Certes, Prophecy - Le Monstre n'est pas l'adaptation d'un opuscule ou d'une nouvelle de Stephen King, mais il en porte les rudiments et les linéaments, déjà parce que l'histoire est censée se dérouler dans le Maine. Or, il n'y a pas d'ours ou de grizzly dans le Maine, une carence qui n'échappera pas aux critiques, sévèrement effarouchées pour l'occasion. Au mieux, Prophecy - Le Monstre serait une série B lambda et inconséquente. Au pire, le long-métrage de John Frankenheimer serait un nanar et une série Z sévèrement frelatée. Reste à savoir si Prophecy - Le Monstre mérite - ou non - de tels anathèmes. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique...
Toujours est-il que le film fait acte et voeu d'allégeance à l'univers de Stephen King via de multiples clins d'oeil et références.
A contrario, Prophecy - Le Monstre possède son armada de thuriféraires. Pour certains panégyristes, Prophecy - Le monstre serait un pur produit du cinéma bis, donc un métrage à la fois affable et sympathique. La distribution du film se compose de Talia Shire, Robert Foxworth, Armand Assante, Richard Dysart, Victoria Racimo, George Clutesi, Tom McFadden, Graham Jarvis, Charles H. Gray et Evans Evans. Attention, SPOILERS ! (1) Le docteur Robert Verne, qui exerce sa profession de médecin dans un quartier pauvre de Washington, est engagé par l'Agence de Protection Gouvernementale pour enquêter sur d'éventuelles conséquences écologiques d'une usine de pâtes et papier sur une forêt située près d'Androscoggin dans le Maine.
Dès son arrivée, avec sa femme Maggie, il perçoit la tension existante entre les employés de l'usine et les Indiens de la région, qui accusent l'industrie d'empoisonner la forêt.
Dans leur village, naissent occasionnellement des enfants avec des malformations congénitales. Robert Verne s'aperçoit bientôt qu'il y a du mercure dans l'eau de la rivière qui alimente l'usine. C'est lui qui sert d'agent mutagène à l'origine des malformations congénitales des nouveau-nés. De plus, Verne et les autres doivent tout à coup affronter un énorme ours mutant, surnommé Kathadin par les Indiens, qui hante la forêt et y sème la mort et la terreur (1). Autrefois, le cinéma d'épouvante et de science-fiction montrait des animaux mutants et protéiformes issus de l'ère atomique et/ou de la radioactivité. A l'époque, le cinéma d'horreur s'apparentait à une métaphore sur la peur engendrée par la guerre froide. Toutefois, au fil des décennies, cette anxiété s'amenuise pour se transmuter en une crise écologique. Cette dernière n'est pas sans conséquence.
A l'instar des radiations atomiques, cette catastrophe écologique engendre des mutations, des cas de nanisme et de gigantisme animal. Autant l'annoncer sans ambages. Prophecy - Le Monstre n'est pas ce fiasco décrié et rabroué par des critiques ulcérées. Le métrage de John Frankenheimer aborde toute une pléthore de thématiques, évidemment la crise écologique, mais aussi la déforestation, ainsi que l'exode des populations indigènes chassées par les capitalistes et autres promoteurs cupides et véreux. En résumé, Prophecy - Le Monstre se suit sans déplaisir.
Cependant, le film n'est pas exempt de tout grief. La principale défectuosité réside dans la caducité des effets spéciaux en animatronique. Faute de pouvoir recourir à la technique de la stop-motion (image par image), Prophecy - Le Monstre requiert la célérité d'un cascadeur affublé d'un costume d'ours dégingandé. De facto, difficile d'être tétanisé par les séquences de frousse, pour le moins obsolètes. Indubitablement, Prophecy - Le Monstre ne restera pas dans les annales. Mais au moins, le film ravira les adulateurs du cinéma bis. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Note : 10/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Prophecy_:_Le_Monstre
Alice In Oliver
J'aime bien ce film, mais clairement, c'est un bon gros nanar !