Christmas_Evil

Genre : Horreur, gore, trash, slasher (interdit aux - 16 ans en France, interdit aux - 18 ans dans certains pays)
Année : 1980
Durée : 1h40

Synopsis : Un homme, obsédé par le Père Noël, devient un serial killer en puissance qui détermine qui n'a "pas été sage"...  

La critique :

Lorsque l'on invoque le slasher, on songe invariablement aux sagas Vendredi 13, Halloween, Massacre à la Tronçonneuse, Chucky et A nightmare on Elm Street. Si la genèse de ce registre cinématographique acte et officialise sa naissance via Black Christmas (Bob Clark, 1974), on décèle déjà les tous premiers rudiments et les linéaments avec Le Voyeur (Michael Powell, 1960) et Psychose (Alfred Hitchcock, 1960). Mais c'est bien Black Christmas qui impose et érige la figure sociopathique du croquemitaine en amalgamant huis clos, horreur et home invasion anxiogène.
Narquois, John Carpenter réitérera peu ou prou le même syllogisme analogique via Halloween, la nuit des masques (1978). Seule dissimilitude et pas des moindres, le croquemitaine n'a pas vraiment de faciès et incarne le mal absolu.

Factieux et turpide, Michael Myers préfigure cette menace indicible qui vient subrepticement occire et assaillir des étudiants peu farouches. Seule la jolie Laurie Strode, une adulescente pudibonde, échappe de justesse au courroux du psychopathe écervelé. On retrouve également cette pruderie ostentatoire à travers A Nightmare on Elm Street et Vendredi 13. Dans le cas de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), les animosités se déroulent à la lisière de Crystal Lake. Cette fois-ci, le croquemitaine étrille et estampe des étudiants gouailleurs et ripailleurs.
Narquois, Sean S. Cunningham s'échine à mettre en exergue un tueur en série indicible et énigmatique. Ce dernier n'est autre que Madame Voorhees, une matriarche sévèrement courroucée depuis le décès de son fils Jason.

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Le corps de l'adulescent monstrueux git quelque part dans les tréfonds de Crystal Lake. Suite au succès pharaonique du premier Vendredi 13, il était logique que le jouvenceau revienne d'entre les morts pour étriller - à son tour - la caste estudiantine. Tel sera, par ailleurs, le principal apanage des chapitres consécutifs. Jason Voorhees devient une figure iconique du cinéma d'horreur. Et peu importe si le célèbre boogeyman est empalé, démembré, écartelé, anatomisé ou encore tuméfié. Durant les années 1980, le slasher est au faîte de sa gloire. 
A leur tour, Michael Myers, Freddy Krueger et autres Leatherface se délectent de jeunes éphèbes qu'ils estampent et étrillent avec une jubilation à peine dissimulée. Corrélativement, le public commence déjà se lasser de ces pellicules peu ou prou analogiques.

Dès la fin des années 1980, le slasher est en berne et peine à retrouver ses lettres de noblesse de naguère. Et c'est ce qu'a parfaitement compris Wes Craven. Plus personne ne semble en mesure de raviver un genre en désuétude. Alors autant s'ébaudir de ces mêmes préceptes qui ont marqué la quintessence du slasher entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980. C'est dans cette nouvelle dialectique que s'inscrit Scream (Wes Craven, 1996), un film d'épouvante qui fait voeu d'obédience à Halloween, la nuit des masques et autres Vendredi 13
La recette se révèle fructueuse, à tel point que Scream se transmute à son tour en saga opulente via trois nouveaux chapitres consécutifs. Mieux, le long-métrage de Wes Craven se décline en slasher prépubère via les succès concomitants d'Urban Legend (Jamie Blanks, 1999) et de Souviens-toi... L'été dernier (Jim Gillespie, 1997).

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Toutefois, rien de neuf à l'horizon si ce n'est que le slasher se contente de psalmodier les bonnes vieilles recettes de jadis. Mais, parfois, on décèle quelques productions dénotatives. C'est par exemple le cas de Christmas Evil, réalisé par la diligence de Lewis Jackson en 1980. Il faut se rendre sur le site IMDb et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.imdb.com/name/nm0413781/?ref_=tt_ov_dr) pour glaner quelques informations sur ce cinéaste américain. En l'occurrence, Lewis Jackson est un "pur produit" (si j'ose dire...) du cinéma indépendant. Sa filmographie se résume en quatre longs-métrages (Christmas Evil y compris) : The Deviates (1970), The Transformation - A Sandwich of Nightmares (1974) et You Better Watch Out (1980), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. A ce jour, Christmas Evil reste donc son long-métrage le plus proverbial.

Pourtant, le film reste une série B extrêmement confidentielle. A l'époque, Christmas Evil est totalement évaporé par les succès concomitants d'Halloween, la nuit des Masques et de Vendredi 13 premier du nom. Certes, Christmas Evil connaîtra une distribution élusive dans les salles obscures, puis disparaîtra subrepticement des écrans-radars, avant d'atterrir - dare-dare - dans les bacs vidéo. Paradoxalement, en dépit de cette confidentialité, Christmas Evil parvient à se tailler une réputation plutôt flatteuse auprès des thuriféraires de slashers. Le métrage de Lewis Jackson écope carrément de l'ultime réprobation dans certains pays, notamment en Ukraine.
Aux yeux de certaines contrées pudibondes, Christmas Evil est jugé obscène. Le film est donc victime de la censure.

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En France, le film est "seulement" interdit aux moins de 16 ans. La distribution de ce slasher risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Brandon Maggart, Jeffrey DeMunn, Dianne Hull, Andy Fenwick, Brian Neville, Joe Jamrog, Wally Moran et Gus Salud ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! (1) Harry Stadling, la quarantaine, travaille pour Jolly Dream, un fabricant de jouets. En cette période de fêtes de fin d’année, la cadence devient infernale et la qualité des produits s’en ressent. Cette situation chagrine énormément Harry mais personne d’autre dans la boîte ne partage son sentiment, la plupart se contentant de faire machinalement leur travail quand certains n’avouent pas carrément leur aversion pour Noël.
Pour Harry, c’est le coup de grâce. Lui qui place l’esprit de Noël au-dessus de tout décide de prendre le taureau par les cornes et de leur inculquer lui-même certaines valeurs.

L’ennui, c’est qu’il perd progressivement pied avec la réalité et que ses méthodes peuvent se montrer radicales (1). Formellement, Christmas Evil n'est pas vraiment un slasher dans la grande tradition du genre. En vérité, le long-métrage de Lewis Jackson s'approxime davantage à une relecture de Maniac (William Lustig, 1980). Seule dissimilitude et pas des moindres, Christmas Evil grime son serial killer en Père Noël sociopathe. D'ailleurs, le préambule du film s'appesantit sur le passé dissonant du criminel. Un traumatisme originel qui aura des conséquences rédhibitoires sur la psyché de Harry. Sur ces entrefaites, Christmas Evil se polarise essentiellement sur les labilités émotionnelles de son boogeyman. Il ne s'agit donc pas d'un slasher habituel dans lequel le croquemitaine assaille et étrille la caste estudiantine. En l'état, difficile de comprendre l'interdiction aux moins de 18 ans, tout du moins dans certains pays de l'Europe de l'Est. Si on relève, çà et là, quelques saynètes érubescentes, Christmas Evil s'inscrit dans le sillage et le continuum d'un Maniac (bis repetita).
Si ce slasher possède quelques arguties dans sa besace, il reste néanmoins victime de sa mise en scène sommaire et surtout de son casting soporifique. Dans le rôle de l'écervelé de service, Brandon Maggart se contente de psalmodier le jeu de Joe Spinell (le forcené de Maniac), toutefois avec beaucoup moins d'entregent et de sobriété. Christmas Evil reste donc un slasher iconoclaste et déconcertant. Pas forcément calamiteuse, cette production adventice ne restera pas non plus dans les annales et s'adresse, in fine, aux amateurs patentés de slashers.

Note : 10.5/20

(1) Synopsis du film sur : https://tortillapolis.com/critique-film-christmas-evil-lewis-jackson-1980/



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