Jim rose circus sideshow

Genre : spectacle, cirque, shockumentary, expérimental, inclassable (interdit aux - 18 ans)
Année : 1993
Durée : 34 minutes

Synopsis : Une suite de performances extrêmes dans un cirque américain contemporain.  

 

La critique :

Je sais ce que vous devez songer et même ce que vous devez déclamer, gloser, pérorer et décrier : encore un shockumentary sur Cinéma Choc ! Oui, je corrobore vos irascibilités et vos pondérations circonstanciées. Dans son outrecuidance, son indécence et son incompétence crasse, le blog vous assène un nouveau shockumentary dans ses colonnes éparses. En outre, le dernier shockumentary chroniqué remonte au moins à plusieurs semaines. Presque une première pour votre blog favori (rires !). Lors d'un billet spécial, intitulé "Les mondo, les shockumentaries et les death movies : ceux qu'il faut retenir", (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/06/16/37426599.html), Cinéma Choc se polarisait sur ces prétendus documentaires, transis d'authenticité et de véracité. 
Contre toute attente, ces registres souvent rutilants se sont pas toujours synonymes d'impudicité, de barbarisme à tous crins, ni de décadence.

Par exemple, si le "Mondo" acte et officialise sa naissance via le bien nommé Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Max Cavalari et Franco Prosperi, 1962), en se centrant sur les us et les coutumes de peuplades séculaires, il peut aussi revêtir les oripeaux de long-métrage préventif. Ainsi, dans le cas de La Bombe - The War Game (Peter Watkins, 1962), le shockumentary devient un outil politique, idéologique, eschatologique et funeste contre les effets délétères de la radioactivité, et en particulier sur les conséquences pernicieuses d'une Troisième Guerre mondiale putative. 
Impression corroborée par la sortie de Threads (Mick Davis, 1984), un autre shockumentary qui se focalise lui aussi sur les jours post-atomiques, en suivant le triste fatum d'une matriarche et de sa nouvelle progéniture.

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Dans le même sillage et continuum, German Concentration Camps Factual Survey (Alfred Hitchcock et Sidney Bernstein, 1944/2014) explore certaines facettes cachées de la Seconde Guerre Mondiale et plus précisément l'ouverture de certains camps de concentration allemands. Dans un tout autre style, Black Metal Veins (Lucifer Valentine, 2012) scrute et analyse les effets néfastes de la cocaïne et de l'héroïne, ainsi que cette accoutumance qui finit par voir agonir et dépérir quelques individus lambda dans un appartement vétuste. Après avoir sondé la mort, la déréliction (Faces of Death, John Alan Schwartz, 1978), la toxicomanie, une hypothétique Troisième Guerre mondiale, un monde radioactif, ainsi que les écueils et les corollaires de la Seconde Guerre Mondiale, le shockumentary ne s'était pas encore polarisé, tout du moins à notre connaissance, sur le monde du cirque et du spectacle.

Evidemment, avec de tels apparats facétieux, The Jim Rose Circus Sideshow, sorti en 1993, ne pouvait qu'attiser les appétences de Cinéma Choc. Oui, pour la première fois dans l'histoire du blog et probablement dans l'histoire de la blogosphère française, un cirque fait l'objet d'une critique ciné ! Mais enfin, que vient foutre l'univers du cirque dans les colonnes diffuses de Cinéma Choc ? A priori, rien ni aucun élément ne justifie la présence d'un tel programme dans les rubriques du site. Car oui, le cirque rime avec les rires, les clowns, les saltimbanques, bouffonneries et autres rodomontades.
Evidemment, et vous en doutez, The Jim Rose Circus Sideshow n'obéit pas vraiment (du tout...) aux doxas et aux préceptes du cirque traditionnel. Non, là en l'occurrence, on navigue davantage vers les performances extrêmes, avec une véritable polarisation pour les piercings, le sadisme, l'amphigourie et même une once de bondage.

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Bienvenue dans The Jim Rose Circus Sideshow ! Bien sûr, une telle impudence, surtout concentrée en vidéo, ne pouvait pas échapper à l'ultime réprobation, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans. Par ailleurs, The Jim Rose Circus Sideshow n'est pas vraiment un shockumentary même s'il en possède certains rudiment et linéaments, notamment via cette intempérance pour le trash et l'extrême. Pour l'anecdote superfétatoire, ce n'est pas la première fois que le shockumentary se centre sur les phénomènes ubuesques et rocambolesques. Pour souvenance, Cinéma Choc avait déjà abordé The Strange and the Gruesome (1999, Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/05/04/37223813.html), un shockumentary qui dénotait par sa virulence.
Mais revenons à nos moutons (si j'ose dire...) ! Pour Jim Rose, l'aventure débute après ses années estudiantines.

L'artiste épouse Bébé, une française qui l'attire immédiatement dans le monde du cirque. Ensemble, les deux énamourés se découvrent une dilection pour les spectacles underground. Les représentations de Jim Rose et de sa bande de joyeux lurons suscitent prestement les convoitises. Ce "show" devient même un phénomène extrêmement populaire aux Etats-Unis. Toutefois, cet épiphénomène ne parvient pas vraiment à s'expatrier en dehors de ses frontières américaines. A contrario, un certain nombre de groupes et d'artistes, essentiellement issus de la scène metal (entre autres, Korn et Marilyn Manson) encensent et divinisent les extravagances de Jim Rose.
Reste à savoir si The Jim Rose Circus Sideshow justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique...

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En raison de ce qu'il est et surtout de ce qu'il montre, il serait parfaitement futile de procéder à l'exégèse de ce spectacle rutilant. Toujours est-il que The Jim Rose Circus Sideshow n'a pas usurpé sa réputation sulfureuse. Indubitablement, ce phénomène condescendant a sans doute inspiré toute une pléthore d'épigones. On songe notamment à Jackass et à sa propension pour multiplier les pitreries. Mais, au moins, The Jim Rose Circus Sideshow a la convenance d'éluder les miasmes, les trivialités et autres pestilences. Cependant, dans ce spectacle, les artistes prisent et déifient ce goût immodéré pour le risque. Ainsi, un homme s'enchevêtre de piercings et d'aiguilles.
Toutes les parties du corps sont scrutées, pourfendues et ébrasées, en passant de la cavité abdominale jusqu'à la gorge.

Bien sûr, les esprits les plus pudibonds sont priés de s'abstenir et de quitter hâtivement leur siège. Les blessures et autres excoriations immanentes sont également de rigueur. Par exemple, le spectacle se conclut sur le crâne de Jim Rose, scrupuleusement fracassé par le pied d'une femme aux étonnantes rotondités. La tête de l'infortuné rebondit carrément sur du verre émietté. Heureusement, plus de peur que de mal ! Dans cette frénésie assourdissante, d'autres performances s'enchaînent, comme par exemple ces fers à repasser qui lévitent sur le bout des oreilles ! Mais, au-delà de ses érubescences, The Jim Rose Circus Sideshow impressionne surtout par ses réelles velléités.
Plus qu'un cirque, qu'un spectacle ou un shockumentary supplétif, The Jim Rose Circus Sideshow s'approxime - in fine - à une révérence au "freak show". 
On songe évidemment au chef d'oeuvre de Tod Browning (Freaks - la Monstrueuse Parade, 1932) via cette résurgence de l'absurde et de l'ésotérisme égrillard. Seul grief et pas des moindres, The Jim Rose Circus Sideshow se montre curieusement parcimonieux. Pour ceux (et celles) qui désireraient se procurer le DVD, la vidéo s'achemine sur une durée de 34 minutes, générique y compris. Clairement, un tel spectacle aurait mérité un bien meilleur étayage...

 

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver