Vigilante_justice_sans_sommation

Genre : policier, vigilante movie (interdit aux - 16 ans)
Année : 1983
Durée : 1h30

Synopsis : Rendu fou de rage par le meurtre de son fils, l’agression de sa femme et une justice laxiste et incompétente, Eddie un ouvrier de New York rejoint la milice créée par son ami et collègue Nick. Dès lors, il n’aura qu’une obsession : la vengeance… 

La critique :

Si le vigilante movie signe ses tous premiers balbutiements via la sortie de L'Inspecteur Harry (Don Siegel, 1971), ce sous-genre cinématographique acte véritablement sa naissance quelques années plus tard avec Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974). Le long-métrage de Michael Winner se polarise sur les pérégrinations criminelles de Paul Kersey, un vulgaire quidam sévèrement courroucé suite au meurtre de sa femme et au viol de sa fille. La nuit, le justicier effarouché arpente les rues sordides et étriquées de New York pour nettoyer la ville de la racaille et d'une violence inextricable.
Hélas, sa quête de vengeance reste aléatoire et finalement chimérique. Si Paul Kersey abat sommairement quelques crapules subsidiaires, il ne retrouve pas ceux qui ont rudoyé, molesté et massacré sa famille. Les fêlures sont profondes, intarissables et même incoercibles.

Néanmoins, cette vengeance inexpugnable et expéditive alerte immédiatement la presse et les journaux télévisés. L'arrivée inopinée de ce justicier énigmatique interroge sur l'incapacité de la justice et de la société à réfréner le crime et les ardeurs sociopathiques. Succès pharaonique oblige, Un Justicier dans la Ville engendre et inspire de nombreux épigones. Les thuriféraires du genre citeront aisément des films tels qu'Exterminator - Le Droit de Tuer (James Glickenhaus, 1980), Death Sentence (James Wan, 2007), Justice Sauvage (John Flynn, 1991), Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976), ou encore Légitime Violence (Serge Leroy, 1982).
A son tour, Un Justicier dans la Ville (Death Wish dans l'idiome de Shakespeare) se transmute en une pentalogie lucrative et mercantiliste.

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Un Justicier dans la Ville 2 (Michael Winner, 1982), Le Justicier de New York (Michael Winner, 1985), Le Justicier Braque les Dealers (J.Lee Thompson, 1987) et Le Justicier : L'Ultime Combat (Allan A. Goldstein, 1994) se chargeront de soudoyer une franchise amorphe et en déliquescence. Que soit. Nonobstant ses désagréments, la série des Death Wish reste l'une des références les plus proéminentes. Preuve en est avec Vigilante - Justice Sans Sommation, réalisé par la diligence de William Lustig en 1983. A la fois acteur, cinéaste, producteur et scénariste américain, William Lustig est un "pur produit" (si j'ose dire...) du cinéma bis.
Pourtant, le metteur en scène démiurgique démarre sa carrière cinématographique par l'entremise de l'industrie pornographique.

Ainsi, Hot Honey (1977) et The Violation of Claudia (1978) lui permettent d'haranguer le noble Septième Art sous les angles du stupre et de l'obscénité. A l'époque, William Lustig sévit sous le pseudonyme de Billy Bagg. Puis, le réalisateur se tourne vers le cinéma horrifique et polémique via Maniac (1980), un thriller glauque et putride qui s'octroie rapidement le statut de film culte. A posteriori, William Lustig enchaînera avec Maniac Cop (1988), Hit List (1989), Psycho Killer (1989), Maniac Cop 2 (1990), Maniac Cop 3 (1993), The Expert (1995) et Uncle Sam (1996). Avec Vigilante - Justice Sans Sommation, William Lustig s'inscrit dans le sillage et le continuum de Death Wish, une franchise à laquelle le cinéaste semble faire voeu d'allégeance.
Oui, Vigilante - Justice Sans Sommation est un ixième film de vengeance qui prône (s'interroge ?) sur la notion de vindicte personnelle.

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Par ailleurs, le long-métrage connaîtra une exploitation élusive dans les salles de cinéma. Vigilante - Justice Sans Sommation écope carrément d'une interdiction aux moins de 16 ans. Mais, à l'époque, William Lustig est précédé d'une sulfureuse réputation, surtout trois ans après la sortie de Maniac. En l'occurrence, les critiques font montre de pondération. Pour certains aficionados, Vigilante serait un pur produit d'exploitation. Il convient donc de prendre en compte son statut de série B impécunieuse et décérébrée. Pour d'autres, beaucoup plus dogmatiques, Vigilante ne serait qu'un ixième succédané d'Un Justicier dans la Ville, une référence que Vigilante psalmodierait à satiété. Reste à savoir si ce vigilante movie justifie - ou non - son visionnage.
Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique...

La distribution du film se compose de Robert Forster, Fred Williamson, Richard Bright, Rutanya Alda, Don Blakely, Joseph Carberry, Willie Colon, Joe Spinell, Carol Lynley, Woody Strode, Vincent Beck et Peter Savage. Attention, SPOILERS ! (1) Eddie Marino est un modeste électricien vivant paisiblement à New York avec son épouse Vicki et son fils Scott. Il a pour ami et collègue Nick, qui a formé avec d'autres personnes un groupe d'auto-défense qui pourchasse proxénètes, gangs et trafiquants de drogue et se substitue à une police qui échoue à protéger les victimes. Mais la vie d'Eddie va basculer quand le gang mené par un certain Rico s'introduit chez lui, agresse brutalement Vickie et tue Scott d'un coup de fusil, après que cette dernière ait giflé Rico, qui agressait un pompiste.
Le chef du gang est arrêté peu après le drame et doit passer en jugement pour le meurtre du garçonnet ainsi que l'agression de Vickie.

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Mais à cause d'un système judiciaire corrompu, Rico plaide coupable uniquement pour l'agression et obtient une peine de deux années de prison avec sursis. Eddie, qui jusque-là croyait en la justice, est fou de rage et tente de s'en prendre au juge Sinclair, qui a instruit le procès. Ayant pris trente jours de prison pour outrage à magistrat, Eddie parvient à survivre à l'univers carcéral grâce à Rake, un détenu qui le sauve d'une agression sexuelle de la part d'autres prisonniers. À sa sortie, bien qu'ayant auparavant refusé d'entrer dans le groupe d'auto-défense, Eddie décide finalement de se joindre à eux afin de traquer Rico, ainsi que Prago le meurtrier de son fils, et Sinclair, le juge corrompu (1).
Autant l'annoncer sans ambages. Vigilante - Justice Sans Sommation reste un cru relativement mineur dans la filmographie de William Lustig.

Les thuriféraires préféreront stipuler Maniac et évidemment la trilogie Maniac Cop parmi les films les plus probants du cinéaste. Aujourd'hui, Vigilante fait office de vigilante movie curieusement désuet... Ou presque... Puisque la loi du Talion fait régulièrement acte de résurgence dans le cinéma américain. Formellement, Vigilante respecte, à la lettre, tous les codes et les préceptes du vigilante movie. A l'instar de Paul Kersey dans Death Wish, le héros de Vigilante, Eddie Marino, appartient à la plèbe et plus précisément à la middle class américaine. Ainsi, dans Vigilante, la violence est brutale, viscérale et sommaire... Ainsi, le meurtre (horrible) du fils d'Eddie Marino est davantage suggéré. Evidemment, dans cette série de déprédations et de belligérances, le principal protagoniste ne pourra pas escompter sur l'empathie ni l'impartialité de la justice.
Il devra se défendre seul... Ou presque... Puisque d'autres citoyens américains ont décidé de s'insurger contre ce réseau de sycophantes. En tant que simple film d'action, Vigilante remplit doctement son office. Oui, on décèle quelques pointes d'introspection sur la loi du Talion, mais guère davantage. Seul bémol et pas des moindres, le métrage de William Lustig reste beaucoup trop classique et conventionnel pour susciter nos appétences sur la durée. Par exemple, le pauvre Robert Forster ne possède pas le charisme ni la prestance d'un Charles Bronson. Vous l'avez donc compris. Vigilante - Justice Sans Sommation s'adresse aux amateurs patentés du genre. Les autres maronneront et clabauderont - à raison - contre l'inanité de cette production. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...

 

Note : 10.5/20

 

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