Genre : horreur, gore, trash, thriller (interdit aux - 12 ans en France, interdit aux - 18 ans au Royaume-Uni)
Année : 2007
Durée : 1h55
Synopsis : Comment un petit garçon comme les autres est-il devenu l'un des criminels les plus fascinant qui soit ? Au travers du parcours atypique d'un adolescent meurtri par les atrocités vécues pendant la Seconde Guerre Mondiale, suivez la naissance de l'incarnation absolue du mal... Hannibal Lecter.
La critique :
A tort, Le Silence des Agneaux (Jonathan Demme, 1991) est souvent considéré comme le tout premier chapitre de la saga Hannibal Lecter. En vérité, le film de Jonathan Demme est le second volet d'une pentalogie et est précédé par Manhunter - Le Sixième Sens (Michael Mann, 1986), qui suivait déjà les pérégrinations criminelles du Docteur Hannibal Lecter. Au moment de sa sortie, Le Silence des Agneaux se solde par un succès triomphal au box-office américain. Formellement, Le Silence des Agneaux s'approxime à une relecture - très personnelle de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). A l'instar du chef d'oeuvre putride de Tobe Hooper, Le Silence des Agneaux se polarise sur les activités méphitiques d'un tueur en série, Buffalo Bill.
Fallacieux, cauteleux et turpide, le psychopathe n'est - in fine - qu'un avatar d'Ed Gein, le boucher de Plainfield.
Grisés par le succès pharaonique de Le Silence des Agneaux, les producteurs mercantiles annoncent déjà un troisième chapitre. Ce sera Hannibal, un troisième opus cornaqué par les soins de Ridley Scott, l'illustre démiurge d'Alien, le huitième passager (1979). A l'instar de Le Silence des Agneaux, le film est aussi l'adaptation d'un roman homonyme de Thomas Harris. Mais rapidement, Jodie Foster, qui interprète Clarice Starling, un agent du FBI, émet de sérieux doutes sur sa participation. Sur ce dernier point, le producteur d'Hannibal, Dino de Laurentiis, fait preuve de médiumnité. Ce dernier est persuadé que l'actrice n'endossera pas à nouveau les oripeaux de cette jeune femme vaillante et opiniâtre. Jodie Foster accepte de participer au tournage contre la "modique" somme (rires...) de vingt millions de dollars, et à condition de toucher un bénéfice de 15% sur les recettes du film (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannibal_(film).
Evidemment, l'interprète essuie un véritable camouflet et les remerciements courtois d'un Dino de Laurentiis ulcéré par autant d'âcreté. Plusieurs actrices seront envisagées pour incarner l'agent Clarice Starling, notamment Cate Blanchett, Angelina Jolie, Michelle Pfeiffer, Gillian Anderson, Ashley Judd ou encore Helen Hunt... Mais sans succès. Seul le choix de Julianne Moore fait l'unanimité et satisfait pleinement Anthony Hopkins. Le tournage d'Hannibal peut enfin débuter. Hélas, la nouvelle comédienne souffre inévitablement de la métaphore avec Jodie Foster. En sus, Hannibal se solde par un fiasco commercial. Que soit. Nonobstant ce désagrément, les producteurs financent encore un quatrième volet, Dragon Rouge (Brett Ratner, 2002).
En outre, cette ixième segmentation connaît le même fatum qu'Hannibal via des scores peu probants lors de son exploitation dans les salles obscures.
Même les critiques se montrent dubitatives et s'interrogent sur les véritables appétences d'une franchise redondante. De surcroît, Dragon Rouge n'est qu'un remake frelaté de Manhunter - Le Sixième Sens. En résumé, rien de neuf sous le soleil, si ce n'est qu'Hollywood s'échine à produire des longs-métrages et des suites aseptisées. Malgré les déboires de Dragon Rouge, les financeurs se montrent pugnaces et prodiguent - de nouveau - leurs précieuses prébendes pour un cinquième chapitre. Ce sera Hannibal Lecter - Les Origines du Mal, réalisé par la diligence de Peter Webber en 2007. A la fois éditeur, cinéaste, scénariste et producteur, Peter Webber démarre sa carrière vers l'orée des années 1990 via The Zebra Man (1992), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales.
A posteriori, il enchaînera avec A To Z of Wagner (1995), Underground (1999), Men Only (2001), La jeune fille à la perle (2003), ou encore Crimes de Guerre (2012).
A ce jour, Hannibal Lecter - Les origines du mal reste donc son métrage le plus proverbial. Paradoxalement, ce long-métrage n'échappera pas aux anathèmes. Hannibal Lecter - Les Origines du Mal est unanimement décrié et brocardé par la presse. Certains fustigateurs considèrent même ce cinquième volet comme le pire film de la franchise. D'autres, un peu moins dogmatiques, estiment qu'Hannibal Lecter s'apparente à une sorte de torture porn, déguisé en thriller. Autant l'annoncer sans ambages. Cinéma Choc se situe clairement dans cette seconde catégorie. Ce n'est pas aléatoire si le film a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans au Royaume-Uni.
Curieusement, le métrage sera "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 16 ans. Reste à savoir si ce thriller (torture porn) mérite - ou non - de telles acrimonies.
Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution du film se compose de Gaspard Ulliel, Gong Li, Dominic West, Rhys Ifans, Helena-Lia Tachovska, Kevin McKidd, Richard Brake et Stephen Walters. Attention, SPOILERS ! (1) En 1941, en Lituanie. Hannibal Lecter, 8 ans, doit quitter précipitamment le château familial avec sa mère, son père et sa petite sœur Mischa. Les troupes allemandes envahissent l'Union soviétique. La région est plongée dans le chaos et les massacre. Trois ans plus tard, la région est finalement occupée par les Soviétiques. Les parents d'Hannibal sont tués lors d'un raid aérien. Hannibal se retrouve alors seul avec sa sœur.
Il se cachent dans un petit chalet. Mais ils sont capturés par des soldats. Alors que la faim se fait ressentir, les soldats décident de tuer, puis de manger Mischa.
Hannibal parvient à s'enfuir dans la neige. En 1949, le château Lecter est devenu un orphelinat dans lequel a été placé Hannibal. Devenu adolescent, Hannibal reste un solitaire. L'adulescent n'est pas en paix. Il rêve chaque nuit de la soirée du meurtre et du repas totémique de sa sœur. Hannibal entreprend de venger sa sœur, ce qui le mène à exercer une série de meurtres sanguinolents où son goût pour la chair humaine commence à se manifester. Mais les hommes qu'il veut tuer sont également sur ses traces (1). Evidemment, la circonspection était de mise à l'aune de cette cinquième segmentation. En outre, on pouvait légitimement s'interroger sur cette nécessité (impérieuse) de s'épancher sur la jeunesse et la genèse du Docteur Hannibal Lecter, déjà épris de cannibalisme dès sa période juvénile.
Déjà dans Hannibal, on pouvait regretter une absence de solennité, voire de raffinement, ne serait-ce que dans cette relation qui se segmente, puis se désagrège entre Clarice Starling et le psychopathe anthropophage.
Avec Hannibal Lecter - Les Origines du Mal, l'oaristys amoureux entre Hannibal et sa nouvelle énamourée (Gong Li) est, au mieux, soporative. Bien conscient que le film lui échappe, et le scénario avec, Peter Weber transmute son thriller sauvage en un torture porn archétypal. A aucun moment, ce cinquième épisode ne justifie la genèse du cannibalisme et préfère se polariser sur une histoire de vengeance futile. Dès le préambule, on se doute que le forcené va étriller ceux qui ont dévoré sa soeur sous ses yeux. Non, Hannibal Lecter - Les Origines du Mal n'est pas un thriller, contrairement à ce que le synopsis préfigure, mais bel et bien un film gore, dans la grande tradition d'un Saw ou d'un Hostel. La surenchère est de mise et consiste à flagorner uniquement les laudateurs du cinéma trash.
Sur ce dernier point, Hannibal Lecter remplit doctement son office. Mais sur ce qu'il gagne en âpreté, le film le perd aussitôt en sagacité. Quid de la psyché complexé de ce personnage torturé et alambiqué ? Seule l'interprétation - il est vrai magnétique - de Gaspard Ulliel sauve le film de la déconvenue artistique. Mais c'est tout, vraiment tout ce qu'il y a à retenir de ce cinquième volet.
Note : 08/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannibal_Lecter_:_Les_Origines_du_mal_(film)
Alice In Oliver
... Sinon 08/20 me paraît effectivement un note juste !
