La_Tarentule_au_ventre_noir

Genre : Thriller, policier, giallo (interdit aux - 12 ans)

Année : 1971

Durée : 1h36

 

Synopsis :

L'inspecteur Tellini enquête sur des meurtres en série où les victimes sont retrouvées paralysées, tout en étant poignardées au niveau du ventre avec un couteau tranchant. Alors que les suspects continuent de mourir, l'inspecteur dirige son attention vers un spa avec lequel toutes les victimes avaient un lien.

 

La critique :

En fin de compte, je pense que tous ces mois de chroniques successives de mon interminable rétrospective de gialli ont fini par ne plus vous donner un aller simple à la pharmacie avec une ordonnance de Zyrtec. Avec le temps, il est tout à fait probable que vous soyez rentrés dans un état de fatalité, de passivité, à vous dire que de toute façon une de plus ou une de moins pour ce que ça change. N'ayez crainte qu'il n'y en aura plus pour très longtemps, ayant décidé de faire un gros rush pour vous soulager et même un peu me soulager aussi car je ne vous cache pas que je ne serai pas mécontent quand ce cycle transalpin se clôturera. Non pas que je me force à en voir mais qu'il ne faut tout simplement jamais abuser des bonnes choses, que ça soit nourriture, alcool ou films.
Ainsi donc, nous n'en sommes maintenant plus qu'à quatre gialli restants après ce nouveau billet énervant du jour pour certains et attrayant pour les deux personnes restantes, et qui auraient toujours autant de fascination pour ce cinéma d'exploitation d'origine italienne qui prend sa source chez Mario Bava avec... (roulement de tambour) La Fille qui en savait trop. Avec ce film considéré comme fondateur peut se rajouter Six Femmes pour l'Assassin qui introduira le célèbre croquemitaine du giallo. 
D'abord timide comme style, Dario Argento lancera véritablement cette mode avec sa fameuse Trilogie Animale constituée d'un oiseau, de quatre mouches et d'un chat.

Le tout début des années 70 est sans précédent, faisant du giallo pas seulement une mode mais un phénomène de société passionnant les foules en quête d'adrénaline. Le giallo vit son apogée, voyant toute une litanie de cinéastes se bousculer au portillon pour eux aussi marquer de leur empreinte un genre finalement très limité dans ses intentions et nécessitant un grand professionnalisme pour parvenir à le sublimer. Si Bava et Argento demeurent le duo le plus célèbre à travers le monde, d'autres, plus connus des aficionados, n'ont pas démérité pour rivaliser avec les deux titans susmentionnés. Sergio Martino, Massimo Dallamano, Aldo Lado, Tonino Valerii ou Emilio Miraglia ont marqué de leur empreinte le giallo. Hélas pour moi, ces derniers temps n'ont pas été au beau fixe en m'étant aventuré dans la filmographie assez fade de Duccio Tessari. Content d'être passé à autre chose, mon attention se répercuta cette fois-ci sur Paolo Cavara qui n'est ni plus ni moins qu'une véritable vedette sur Cinéma Choc qui n'a jamais caché son amour des mondo/death movie/shockumentary.
En effet, il fut l'un des artisans qui réalisa le fameux Mondo Cane qui acte la naissance de ce genre outrecuidant et à réserver à un public particulièrement averti. Il s'éloignera par la suite des fulgurances engendrées par le premier mondo pour se diriger vers la création de sa seule et unique incursion dans le giallo qui est La Tarentule au Ventre Noir

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ATTENTION SPOILERS : L'inspecteur Tellini enquête sur des meurtres en série où les victimes sont retrouvées paralysées, tout en étant poignardées au niveau du ventre avec un couteau tranchant. Alors que les suspects continuent de mourir, l'inspecteur dirige son attention vers un spa avec lequel toutes les victimes avaient un lien.

Si le synopsis de beaucoup de gialli ne prêtaient qu'à un engouement poli et dénué de tout extatisme, celui de La Tarentule au ventre noir a de quoi mobiliser notre intérêt pour un visionnage imminent. Malgré tout, l'intrigue n'en est pas moins d'une simplicité enfantine démarrant tout en beauté avec une sensuelle séance de massage. Un couple bourgeois se dispute violemment, la femme est reprochée d'être nymphomane. Avec preuves compromettantes à l'appui, son mari assureur a peur que cette affaire ne s'ébruite et ternisse son image. Cette problématique sera très vite résolue par le meurtre sauvage de son épouse brillamment mis en scène. Une aiguille plantée à l'arrière du cou pour la paralyser suivie ensuite de trois coups de couteaux au niveau du ventre. Retrouvée morte le lendemain, l'inspecteur Tellini est sollicité pour faire toute la lumière sur cette sombre affaire.
Autant dire que le film démarre sur les chapeaux de roue avec un premier assassinat géré de main de maître. Quel ne fut pas mon plaisir de pouvoir regoûter à tout ceci après les pseudo-gialli de Tessari. Comme beaucoup de ses contemporains, Cavara va faire de la bourgeoisie l'épicentre de son histoire. Mais plutôt que de filmer sa dépravation et son immoralité, il va la faire passer comme victime impuissante face à cet homme vêtu de noir et portant des gants en latex brun. 

La caste sociale aisée a définitivement perdue son influence et sa source de pouvoir en se révélant être aussi fragile et atteignable que tous les autres milieux socio-économiques plus défavorisés. Toutes les victimes sont de belles femmes et celles-ci trépasseront sans le moindre état d'âme face à ce maniaque de l'aiguille qui, dans une analogie entomologiste, fera comme la guêpe exotique paralysant la tarentule grâce à son puissant venin avant de la condamner à une mort atroce. De son côté, Tellini n'est pas représenté comme un héros et la police non plus qui patauge plus qu'autre chose dans la mouise. Malicieux, le réalisateur va s'attarder sur ses états d'âme et ses ressentis face à une affaire qui le dépassera très vite. Peu confiant en lui, en proie constamment aux doutes, on le voit un peu comme un chien abandonné qui ne peut compter uniquement que sur sa femme pour l'empêcher de s'enfoncer encore plus.
A plusieurs reprises, il se demandera s'il est finalement fait pour ce métier qui exige beaucoup de sang-froid. Mais il ne peut rebrousser chemin au fur et à mesure que des femmes se retrouvent tuées les unes après les autres. Sur ce coup, on peut dire que le film est assez généreux en exécutions toutes de qualité.

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On freinera néanmoins les laudateurs de gore car le sang ne coule pas en quantité abondante. La section érotisme peut compter sur de superbes actrices aux formes langoureuses. Le cahier de charges de La Tarentule au ventre noir est respecté. Sauf que tout n'est pas parfait, loin de là. Et soyons clair, si l'euphorie est maîtresse des lieux durant les trente premières minutes, le film finit par péricliter dangereusement en qualité. La plus grande faute est à imputer à un manque de rythme flagrant et à une mollesse d'action qui contrastent totalement avec le début, comme si Cavara avait décidé de passer le relai à un autre réalisateur. Il faut voir à quel point la longue poursuite, outre sa redondance, manque de punch. Ce cocktail négativement détonnant aboutit à ce que l'on finisse par regarder sa montre à une ou deux reprises pour accoucher d'un final qui aurait pu être potentiellement génial de noirceur. Manque de pot, Cavara opte pour l'incohérence en choisissant la légèreté du finish.
D'ailleurs, en chipotant un peu, on aurait aimé aussi savoir comment avec une simple seringue, l'on en vient à paralyser aussi rapidement quelqu'un. Pour une personne qui n'a que peu de connaissances médicales, ne comptez pas sur Cavara pour vous le faire savoir.

En revanche, on pourra féliciter La Tarentule au ventre noir d'être un très bon élève sur la question du beau visuel et d'un parti-pris esthétique très intéressant. Le meurtre dans une pièce insolite remplie de mannequins est l'une (si ce n'est LA) des plus belles scènes du film. Jouant avec adresse sur les éclairages, les gros plans et les divers effets de cadres, Cavara réussit haut la main. Attention à ne pas croire que l'on tient le sacro-saint giallo esthétique. Il ne se hisse pas au niveau des incontournables mais se défend tout à fait correctement. Les amoureux patentés de Ennio Morricone (paix à son âme) seront ravis d'une composition musicale qui, si elle n'est pas aussi mémorable que ses grands crus, est tout à fait correcte. La chanson du générique de début mérite le coup d'oeil. Finalisons par un casting assez correct qui, comme dit avant, fait la part belle aux belles femmes.
C'est d'ailleurs grâce à ça qu'il a pu se forger une petite notoriété. Nous citerons Giancarlo Giannini, Claudine Auger, Barbara Bouchet, Silvano Tranquilli, Rossella Falk, Annabella Incontrera, Stefania Sandrelli et Barbara Bach.

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C'est vraiment dommage de se dire que La Tarentule au ventre noir avait tous les arguments et un potentiel aisé pour s'immiscer parmi les gialli incontournables. Il n'en est malheureusement rien mais ce n'est pas pour autant qu'il est mauvais. Visuellement admirable, il est aussi généreux en crimes, certes un peu répétitifs, mais d'une beauté macabre dans leur mise en scène qui en séduira plus d'un. Cependant, notre petite tarentule s'est emmêlée son petit corps dans sa propre toile en ayant tout le mal du monde à épouser le suspense et l'intensité. La platitude est souvent de mise et ne se voit être reléguée au second plan que lorsque les aiguilles et couteaux se plantent ou que les corps nus de ces belles nymphes ne se dévoilent tout en finesse devant la caméra.
On en arrive à se dire que La Tarentule au ventre noir relève plus de la poudre aux yeux qu'autre chose. Au générique de fin, c'est la circonspection qui est de mise. En gros, tout ça pour ça ! 

 

Gialli restants : 4

 

Note : 12/20

 

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