un élève doué

Genre : drame (interdit aux - 16 ans)
Année : 1998
Durée : 1h51

Synopsis : Fasciné par le cours de son professeur de sociologie à propos de l'Holocauste, Todd Bowden 16 ans et élève particulièrement brillant, se consacre à des recherches sur le sujet. Un jour il croise un vieil homme en qui il croit reconnaître l'ancien directeur du camp de Patin, recherché pour crimes contre l'Humanité, Kurt Dussander. Entre l'élève curieux et l'ancien nazi, d'étranges relations de pouvoir vont se nouer. 

La critique :

En l'espace de deux décennies, le nom de Bryan Singer s'est imposé comme l'une des nouvelles références du cinéma hollywoodien. A la fois cinéaste, scénariste et producteur, Bryan Singer a toujours besogné pour le noble Septième Art. Depuis sa tendre enfance, il bricole des courts-métrages et poursuit sa formation dans de prestigieuses universités américaines. Son premier court-métrage se nomme Lion's Den (1993), un essai qui lui permet déjà d'être repéré par l'intelligentsia hollywoodienne. Puis, vers le milieu des années 1990, Bryan Singer signe son tout premier long-métrage, Ennemi Public (1998). Si le film ne soulève pas spécialement les foules dans les salles obscures, il s'octroie - à contrario - tout une pléthore de récompenses, notamment le Grand Prix du Jury et le Prix de la critique lors des festivals de Deauville et de Sundance. Après avoir adapté un célèbre opuscule de Stephen King, Un Elève Doué (1998), Bryan Singer suscite les appétences de l'oligarchie américaine.

Le metteur en scène peut désormais couler des jours pérennes. De petits films indépendants, il passe subrepticement à la réalisation de blockbusters opulents (pléonasme !). X-Men (2000), X-Men 2 (2003), Superman Returns (2006), Walkyrie (2009), X-Men - Le Commencement (2011), Jack le chasseur de géants (2013), X-Men - Days of Future Past (2014), X-Men - Apocalypse (2016), ou encore Bohemina Rhapsody (2018) lui permettent d'asseoir sa notoriété. Indubitablement, avec Bryan Singer, le sérail hollywoodien tient son nouvel auteur proéminent. Seul bémol et pas des moindre, cette nouvelle égérie n'a pas toujours toisé les firmaments du box-office américain.
Par exemple, Walkyrie, Superman Returns et Jack le chasseur de géants n'ont pas forcément laissé de réminiscences impérissables.  

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Mais, parfois, entre deux blockbusters inconséquents, Bryan Singer s'affaire à des productions plus indépendantes et/ou personnelles. C'est par exemple le cas du projet Trick'r Treat (2007), un film d'épouvante qu'il produit sous l'entremise de Michael Dougherty. Mais revenons à Un Elève Doué, soit Apt Pupil dans l'idiome de Shakespeare, et aussi le film qui nous intéresse aujourd'hui. A l'origine, ce long-métrage dramatique est l'adaptation d'une nouvelle éponyme de Stephen King. Est-il absolument opportun de s'appesantir la carrière du célèbre grimaud ? Pas vraiment... Si ce n'est que le cryptonyme de Stephen King continue d'enjôler le noble et Septième Art.
Ainsi, son substantif voluptuaire s'est expatrié sur la scène internationale et donc en dehors de ses frontières américaines.

Les thuriféraires du cacographe n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Carrie au bal du Diable (Brian de Palma, 1976), Creepshow (George A. Romero, 1982), Shining (Stanley Kubrick, 1980), Les démons du maïs (Fritz Kiersch, 1984), Dead Zone (David Cronenberg, 1987), Les Evadés (Frand Darabont, 1994), Stand By Me (Rob Reiner, 1986), Christine (John Carpenter, 1983), The Mist (Frank Darabont, 2007), Misery (Rob Reiner, 1990), ou encore La Ligne Verte (Frank Darabont, 1999) parmi les adaptations les plus probantes. Récemment encore, Ca (Andrés Muschietti, 2017) et Ca - Chapitre 2 (Andrés Muschietti, 2019) ont encore ameuté les foules dans les salles obscures. Mais parmi toutes ces adaptations, on relève tout de même quelques productions un peu plus obscures. Indubitablement, Un Elève Doué s'inscrit dans cette susdite catégorie.

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A contrario, nonobstant son échec cinglant au box-office, le film n'élude pas les acrimonies. D'un côté, les contempteurs invoquent une adaptation calamiteuse et peu fidèle au matériel d'origine. De l'autre, les laudateurs apprécient le travail de Bryan Singer. Reste à savoir si ce drame justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... En l'occurrence, Bryan Singer n'a jamais caché son appétence pour la nouvelle originelle. Mieux, le cinéaste refusera poliment quelques offres alléchantes, notamment les réalisations de The Truman Show et Ennemis Rapprochés. La genèse de cette adaptation cinématographique remonte à l'orée des années 1990.
Impressionné par la nouvelle, Bryan Singer requiert l'érudition de Brandon Boyce pour griffonner le scénario d'Un Elève Doué.

Entre temps, l'artiste démiurgique sollicite aussi l'assentiment de Stephen King lui-même. L'écrivain retrouve la principale thématique de son livre, à savoir cette parabole sur la cruauté. C'est probablement pour cette raison qu'Un Elève Doué écope d'une interdiction aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles. La distribution du film se compose de Brad Renfro, Ian McKellen, David Schwimmer, Ann Dowd, Bruce Davison, Elias Koteas, Joe Morton, Jan Triska, Michael Byrne et Heather McComb. Attention, SPOILERS ! Fasciné par le cours de son professeur de sociologie à propos de l'Holocauste, Todd Bowden 16 ans et élève particulièrement brillant, se consacre à des recherches sur le sujet. Un jour il croise un vieil homme en qui il croit reconnaître l'ancien directeur du camp de Patin, recherché pour crimes contre l'Humanité, Kurt Dussander.

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Entre l'élève curieux et l'ancien nazi, d'étranges relations de pouvoir vont se nouer. Plus qu'une parabole sur la turpitude et son inoculation, voire son atavisme, Un Elève Doué s'approxime surtout à une allégorie sur cette fascination indicible pour le sadisme, et en particulier pour le nazisme. Sur ces entrefaites, on comprend mieux les anathèmes qui ont nimbé la sortie du film. Non, Un Elève Doué n'est pas un film d'horreur, mais s'apparente davantage à un film "sur" l'horreur". Tout d'abord, il sied de rappeler la précellence des acteurs. Mention particulière à Ian McKellen, magnifique (si j'ose dire) en ancien nazi pernicieux. Et comment ne pas mentionner l'omniscience de Brad Renfro, un étudiant épris de félonie et de tartufferie ? Evidemment, certains fustigateurs notifieront quelques digressions matoises avec la nouvelle de base.

Mais, dans l'ensemble, cette adaptation fait montre de déférence à l'esprit de Stephen King. Indiscutablement, la filiation (la collusion...) qui s'agence et se pérennise entre l'ex-tortionnaire "nazillard" et son nouveau prosélyte suscite l'effroi, ainsi que quelques tremolos dans la voix. Cependant, ce drame, assez austère, ne méritait sans doute pas une telle réprobation (une interdiction aux moins de 16 ans, je le rappelle). On peut même regretter l'inverse, à savoir que cette dramaturgie soit aussi timorée et policée. On aurait apprécié encore davantage de roueries, de bassesses et de vilenies. Contre toute attente, le tandem, formé par Brad Renfro et Ian McKellen, fonctionne à merveille.
Dans Un Elève Doué, la violence n'est pas physique, mais s'approxime surtout à une lutte psychologique interne. Avec davantage d'âpreté et de virulence, notamment dans les thématiques qu'il aborde, Un Elève Doué aurait pu aisément s'ériger dans le haut du panier. En l'état, cette adaptation reste un drame choc, probant et honorable. C'est déjà pas mal...

 

Note : 14/20 

sparklehorse2 Alice In Oliver