Genre : dark mixtape, horreur, pornographique, trash, extrême (interdit aux - 18 ans/ Darknet)
Année : 2014
Durée : 54 minutes
Synopsis : En moins d'une heure chrono, le monstrueux F.U.B.A.R pulvérise la quasi-totalité des shockumentaries et dark mixtapes disponibles sur le "marché" pourtant de plus en plus florissant des death movies. Rarement une vidéo aura été aussi loin dans l'ignominie et la décadence. Au-delà de toutes limites morales, au-delà de toute barrières éthiques, cet engin visuel innommable défie l'entendement. Prêts à en prendre plein la tronche ? Alors, enfilez vos casques et ajustez vos protège-dents, c'est parti...
La critique :
Pour son avant dernière chronique, votre serviteur a comme souvent voulu mettre les petits plats dans les grands. Vous me connaissez, je ne viens plus beaucoup (enfin beaucoup moins qu'avant) sur Cinéma Choc mais lorsque je fais le voyage, c'est rarement en touriste. Et aujourd'hui, je ne suis pas venu seul. Je me suis donc permis d'amener un ami avec moi. Et celui-ci est très très méchant. Attention, ne vous approchez pas trop : vous pourriez le regretter amèrement ! Autant vous le dire de suite, F.U.B.A.R évolue dans les plus hautes sphères des infamies cinématographiques, en compagnie des sempiternelles "références" que nous connaissons tous bien à présent. Dans sa conception, le film, d'une durée limitée à 54 minutes, est une mixtape. Et non un shockumentary.
La différence entre les deux, que l'on a souvent tendance à confondre dans un même genre (le Death Movie), tient à ce que les shockumentaries se veulent "instructifs" (enfin tout du moins, au début de leur éclosion) et consacrent la durée de leurs métrages à l'étude des moeurs, us et coutumes d'un homme ou d'un pays. Parce qu'il fascine autant qu'il révulse, le genre de prédilection de ces films est bien sûr, la mort.
Filmée sous toutes les coutures, la fin de vie a été maintes fois le sujet d'un shockumentary célèbre. Mondo Cane (1962) le précurseur, Des Morts (1979), Orozco The Embalmer (2001), la trilogie Death Files et consorts sont des shockumentaries. Bien au contraire, nulle logique dans la mixtape qui elle, se contente d'aligner des saynètes outrageantes sans aucun rapport les unes avec les autres. Les trilogies MDPOPE (2013-2019) et Registros Fatais (2012), ou encore les infâmes diptyques Fetus Munchers (2016) et PornGore (2018) sont des mixtapes. Ou plutôt des Dark Mixtapes au vu leurs ignobles contenus. C'est aussi le cas qui nous intéresse aujourd'hui, à savoir le très énigmatique F.U.B.A.R dont le concepteur reste inconnu à ce jour. L'objet visuel qui lui serait le plus comparable serait sans nul doute The Whore Church. Mais ici s'arrête net la comparaison.
Là où The Whore Church (une merveille d'inventivité par ailleurs) jouait à fond sur le décalage entre humour décomplexé et ultra violence, F.U.B.A.R lui, ne joue pas : il fracasse, il massacre, il défonce tout sur son passage, éparpillant façon puzzle le peu de résistance et de moralité qu'il reste au spectateur ; s'il lui en reste. Ici, pas une once d'humour, pas une seconde de répit dans l'ignominie. C'est un déluge ininterrompu d'images toutes plus scabreuses les unes que les autres qui déferle sans nous laisser le temps de respirer.
Aussi facile à trouver que la combinaison gagnante de l'Euro Million, c'est peu dire que F.U.B.A.R ne court pas les sites même les plus improbables. Le Darknet est son royaume et c'est en priorité dans les profondeurs du Web qu'il vous faudra vous aventurer pour éventuellement, le déterrer de son ultra confidentialité. C'est donc un énième événement sur Cinéma Choc que cette chronique d'un film dont il n'a jamais été fait mention nulle part sur le Net. Au bout de cinq ans, vous commencez à en avoir l'habitude ! Mais que peut donc signifier l'acronyme F.U.B.A.R ? Trois explications s'offrent à nous. La première est un terme militaire provenant tout droit la Seconde Guerre Mondiale. Lorsque les GI's américains se retrouvaient dans un bourbier inextricable, à cours de solutions pour contrer l'ennemi, ils envoyaient à leurs commandements le message "FUBAR" soit "Fouled Up Beyond All Recognition". Ce qui signifiait littéralement "Détruits au-delà de toute identification".
Puis, au fil des décennies, cet acronyme argotique guerrier garda son appellation mais dévia trivialement de son sens initial pour s'appliquer aux problèmes informatiques. "FUBAR" signifiait à présent "Bousillé au-delà de toute réparation". Lorsque votre ordinateur avait chopé un méchant virus, par exemple. Mais dans la situation qui nous intéresse et pour en revenir au film lui-même, le terme F.U.B.A.R va encore accentuer son côté anormal en se déclinant en "Fucked Up Beyond All Repairs", c'est-à-dire "Dérangé au-delà de toute imagination". Et c'est bien de cela dont il s'agit dans cette monstrueuse mixtape.
Du dérangement mental d'êtres humains qui n'ont d'humain que l'apparence, et qui s'adonnent à des actes d'une ignoble perversité en prenant une délectation non dissimulée à se salir (au sens propre comme au figuré) dans une immoralité sans bornes. Bienvenue dans le monde dégénéré de F.U.B.A.R... Attention spoilers : Commençons par le point négatif du métrage : sur 54 minutes, un bon quart d'heure est consacré à des passages que les "Hard Viewers" (c'est-à-dire les accrocs des films extrêmes) connaissent bien. Ainsi, la scatologie est en grande partie représentée par des insertions de "MASD-004" et des "Gusomilk", la zoophilie aquatique, par de nombreuses fulgurances du "Genki 18" de Daikichi Amano, les performances mortifères par des extraits du documentaire "Sick the life and death of Bob Flanagan Supermasochist" et l'émétophilie nous est présentée au travers la "célèbre" Vomit Trilogy de Lucifer Valentine. Autre "faiblesse" : ceux qui s'attendraient à un déluge de gore, de massacres en règle et de décapitations à la chaîne en seront pour leurs frais.
Peu d'effusions d'hémoglobine. Seuls quelques passages rougissent la pellicule mais ils sont gratinés. Non, dans F.U.B.A.R on ne patauge pas dans des marécages de sang, c'est plutôt l'âme que l'on souille de tout son vice. Et vicieuse, cette péloche du diable l'est au-delà de l'imaginable ! Commençons doucement le programme des festivités : taillades de prépuce aux lames de rasoir suivies d'une éjaculation faciale sanglante, "lesbiannisme" entre une jouvencelle nippone et une femelle lévrier (extrait du méga rarissime "Genki 01 Love By The Scalpel Dog"), pipe à crack introduite dans l'anus, couture de vagin au fil d'acier puis suspension de la victime clouée à des planches de bois, autre suspension et extension maximale d'un homme par toutes les parties de son corps (paupières, joues, torse, testicules et molets) au moyen de petits crocs de boucher, orgies familiales etc.
Le métrage passe au niveau supérieur lorsqu'il présente des séquences que l'on ne peut décemment voir que sur le Darknet. Ainsi, les rares personnes qui ont pu voir Mortuary of The Dead, le premier segment de Ensuring Your Place In Hell, seront surpris que les deux lascars qui s'étaient introduits par effraction dans cette mystérieuse morgue brésilienne, aient continué leurs profanations de cadavres bien au-delà de la diffusion "officielle" proposée dans EYPIH. L'un d'eux saisit le visage découpé d'un vieillard et lui impose une fellation post mortem. Atroce ! L'ignominie se poursuit quand il s'empare d'une main squelettique pour se pratiquer une masturbation venue d'outre-tombe. De la nécrophilie en bonne et due forme ! Après un passage dans les "Red Rooms" du Deep Web où nous assisterons aux réelles énucléations et décapitations d'un homme fraîchement décédé, nous aurons droit à la visite du fameux goulag où les russes se sont soi-disant livrés à des expériences sur le sommeil (ou le manque de sommeil, plutôt) par l'intermédiaire d'un gaz psychotrope. Au bout de quelques jours, les cobayes auraient muté en monstres qui n'avaient plus rien d'humains (voir photo).
Mais cet événement n'est rien de plus qu'une légende urbaine, une pure invitation du Net. Autre légende mais véridique celle-ci, la fameuse VHS maudite "Animal Farm" dont le mythe remonte aux débuts des années 80 et qui met en scène une hardeuse copulant avec toutes sortes d'animaux fermiers. Jusqu'à preuve du contraire, F.U.B.A.R est la seule anthologie à présenter un extrait de cet objet absolument introuvable.
Véritable clou du spectacle et point d'orgue du métrage : la fabuleuse mais horrible performance de l'actrice porno danoise Bodil Joensen (décédée à 41 ans à cause de son style de vie très particulier) qui prodiguera une longue gâterie à un énorme cochon avant que l'animal ne s'introduise en elle. Dites donc, c'est vrai qu'ils ont le sexe en tire-bouchon, ces bestiaux-là ! Face à de telles déviances, je préfère terminer les spoilers par un peu d'humour afin de dédramatiser ces situations scandaleuses car franchement, il y aurait plutôt plus de quoi pleurer devant une telle déferlante de boue et d'immoralité. Voici donc F.U.B.A.R, une des dernières aberrations filmiques que j'ai pu dénicher par l'intermédiaire de mon fidèle correspondant et ami Ronald Klein, dont on ne soulignera jamais assez l'importance qu'il a eu pour nous à Cinéma Choc, dans l'apport de films extrêmes. Cette dark mixtape nous fait, en tout cas, comprendre deux choses. La première est que la mode des compilations dégueulasses est loin d'être terminée, bien au contraire. Et autant vous prévenir de suite, vous en subirez une autre (et d'un tout autre calibre que celui-ci) lors de ma prochaine et toute dernière chronique.
La deuxième est comme je l'avais noté dans mon précédent article sur Sander Cage, que ces pellicules ordurières, à priori sans autre raison d'existence que de surpasser la concurrence en termes de salapories, représentent le côté sombre d'une époque où tout va à veau-l'eau, où toutes notions de dignité, de morale et d'humanité ont disparu peu à peu.
Nous en revenons encore et toujours au fameux "Quart d'heure de célébrité" d'Andy Warhol. Lorsque de parfaits inconnus à la santé mentale défaillante, pour ne pas dire de lourds cas pathologiques, se mettent en scène en accomplissant des actions insensées pour mieux se faire mousser aux yeux d'un hypothétique public. Faut-il être abruti au dernier degré pour croire que l'on va s'extasier sur un quidam qui se cloue les testicules ou qui dépèce un chien vivant (NB : cet acte monstrueux ne se déroule pas dans F.U.B.A.R mais dans Registros Fatais 3) ? Tout cela démontre une fois de plus le dysfonctionnement intellectuel qui s'est insidieusement immiscé dans les cerveaux. Hormis la dégénérescence des protagonistes qui y participent, pourquoi donc des péloches incendiaires comme F.U.B.A.R existent-elles et se multiplient-elles ? J'aurais tendance à émettre l'hypothèse de la cocotte-minute.
Quézaco ? C'est simple : la société actuelle dirigée par des technocrates coincés du fion s'est considérablement aseptisée depuis deux bonnes décennies. Entre les fameux "Fumer Tue", "À Consommer Avec Modération" et tant d'autres niaiseries, nos dirigeants nous infantilisent et nous maintiennent engoncés dans un politiquement correct auquel il nous faudrait adhérer à tout prix.
Ajoutez à cela, les cohortes d'associations bien-pensantes prêtent à se jeter sur tout individu qui ne trouve pas grâce à leurs yeux. Et la cocotte-minute explose ! Il arrive donc que certains n'en pouvant plus de cet ordre moralisateur, prennent l'exact contre-pied et lâchent les chevaux de l'amoralité. C'est aussi bien sûr, le cas dans le cinéma. Répondant aux comédies fadasses, aux blockbusters foireux et aux oeuvres d'auteur où l'on entrave que tchi, certains énergumènes pètent les plombs et traduisent leur colère dans leurs euh... films. F.U.B.A.R est un parfait exemple de l'abjection à l'état pur conçu dans le but de choquer mais aussi qui sait, pour faire un gros doigt d'honneur à ce monde de zombies où chacun a perdu ses repères et dont nos dirigeants s'acharnent à nous faire croire qu'il y fait encore bon vivre. F.U.B.A.R ou la démonstration jusqu'au-boutiste de la fureur des hommes qui gerbent à la face de la bienséance. Et ça putain, ça fait du bien par les temps qui courent !
Note : WTF/20