mosquito 1994

Genre : horreur, science-fiction
Année : 1995
Durée : 1h33

Synopsis : Une mystérieuse capsule extraterrestre s’écrase de la forêt du Michigan et génère une étrange mutation génétique. Dans toute la région, les habitants sont sauvagement attaqués par des moustiques géants de 2 mètres d’envergure en quête de sang humain. 

La critique :

 

Vous l'avez sans doute constaté, renâclé et même subodoré. De temps à autre, Cinéma Choc aime se polariser sur le genre "agression animale". Que les adulateurs du blog (mais enfin, qui sont-ils ?) se rassérènent. Via cette chronique, nous ne commettrons pas l'offense d'itérer la genèse et l'historique de ce sous-registre du cinéma bis et d'exploitation. En l'occurrence, c'est le succès pharaonique de Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) qui va attribuer ses lettres de noblesse à un genre à la fois carnassier et rutilant. Ainsi, requins, crocodiliens, piranhas, poissons voraces et autres crotales affamés vont devenir les principaux leitmotivs du cinéma horrifique. 
Impression corroborée par les sorties de Piranhas (Joe Dante, 1978), La Mort au large (Enzo G. Castellari, 1981), la saga Lake Placid (initiée par Steve Miner en 1999), Orca (Michael Anderson, 1977), Frankenfish (Mark A.Z. Dippé, 2004), ou encore Peur Bleue (Renny Harlin, 1999).

Du statut de blockbuster, l'agression animale va subrepticement se transmuter en série B impécunieuse. Bientôt, l'océan doit s'évincer et se phagocyter pour laisser sa place à une menace diligentée sur notre bon sol terrestre. Nos amis les insectes seront évidemment les précieux convives de ce genre iconoclaste et tout d'abord sous le joug des radiations atomiques et nucléaires. Ainsi, Them ! Des Monstres Attaquent la Ville (Gordon Douglas, 1954), La Chose surgit des Ténèbres (Nathan Juran, 1957) et Beginning of the End (Bert I. Gordon, 1957) annoncent des temps peu cléments et assujettis à la menace radioactive. Parfois même, nos chers insectes sont les victimes infortunées des expériences humaines. Preuve en est avec les sorties concomitantes de La Mouche Noire (Kurt Neumann, 1958), Le Retour de la Mouche (Edward Bernds, 1959) et La Malédiction de la Mouche (Don Sharp, 1965).

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Que ce soit les cafards hideux et miteux (Voyage au bout de l'horreur, Terence H. Winckless, 1988), les abeilles tueuses et venimeuses (L'inévitable catastrophe, Irwin Allen, 1978), les guêpes hargneuses (Deadly Swarm, Paul Andresen, 2003), ou encore les moustiques gloutons et plantureux (l'inénarrable Skeeter, Clark Brandon, 1993), toutes ces productions adventices expriment cette peur indicible de la fin du monde. Un jour ou l'autre, l'espèce humaine sera éradiquée et supplantée par une nouvelle espèce dominante. Bon gré mal gré, l'agression animale est corrélée avec la dialectique darwinienne. Et nos amis les moustiques dans tout ça ?
En l'occurrence, ces derniers sont plutôt rarissimes dans le cinéma. Hormis Skeeter, précédemment susdénommé, nos maringouins se sont montrés plutôt timorés...

A l'exception peut-être de Mosquito, réalisé par la diligence de Gary Jones en 1995. Pour l'anecdote superfétatoire, les Culicidés forment une famille d'insectes appelée Calidae. Plus d'une centaine d'espèces (111 pour être précis) seraient répertoriées à travers le monde. Voilà, ça c'était pour le petit cours d'entomologie ! Quant à Gary Jones, j'avoue avoir trouvé très peu d'informations sur ce cinéaste polymathique. A fortiori, selon nos sources, plutôt pingres pour l'occasion, Gary Jones serait un expert chevronné de la série B.
Hormis Mosquito, le metteur en scène a également supervisé les tournages de Spiders (2000), Boogeyman 3 (2008), Jolly Roger - Massacre at Cutter's Crove (2005), Ballista (2009), The Dead Matter (2009), ou encore Axe Giant - The Wrath of Paul Bunyan (2013).

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Evidemment, en raison de son statut de série B désargentée, Mosquito n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. A contrario, le métrage s'est rapidement octroyé le statut de film culte auprès des aficionados de "nanars". En outre, Mosquito a trouvé une place privilégiée dans les coursives truculentes du site Nanarland (Source : https://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-mosquito-mosquito.html). Reste à savoir si Mosquito mérite - ou non - qu'on s'y attarde, nonobstant son statut de facétie sur pellicule. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution de cette série B risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Tim Lovelace, Rachel Loiselle, Steve Dixon, Ron Asheton, Gunnar Hansen, Mike Hard, Kenny Mugwump, John Reneaud, Josh Becker, Margaret Gomoll et Guy Sanville ; mais j'en doute...

Attention, SPOILERS ! Une mystérieuse capsule extraterrestre s’écrase de la forêt du Michigan et génère une étrange mutation génétique. Dans toute la région, les habitants sont sauvagement attaqués par des moustiques géants de 2 mètres d’envergure en quête de sang humain. Autant l'annoncer sans ambages. Mosquito n'a pas usurpé son statut de nanar écervelé. Oui, nos moustiques plantureux sont issus de l'espace intersidéral. Nos chers insectes dolichocéphales sont donc de vils extraterrestres ! Tel est le préambule farfelu de Mosquito.
Mais il convient tout de même de souligner la vacuité des dialogues. Deux amis percutent malencontreusement un volatile de plus de deux mètres. 
Première réflexion et pas des moindres : "Qu'est-ce que c'était comme oiseau ?". 

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Il est vrai qu'il n'est pas rare de renverser un oiseau aussi opulent, surtout au volant de son automobile ! A ces discussions oiseuses, viennent également se ramifier quelques persiflages triviaux. D'après vous, quelle est la fourrure préférée de la gente féminine ? Réponse : la chatte, s'écrie un bibendum avant de se faire occire, puis darder par un moustique de passage. Contre toute attente, cette série B potache a une vraie connotation lubrique et sexuelle. Ainsi, les moustiques mâles et femelles assaillent leurs victimes dans des tentes de camping. Gare à ne pas exposer votre arrière-train, encore moins votre cavité anale, sous peine d'être transpercé par le dard du moustique satyriasique !
Vous l'avez donc compris et même probablement subodoré. Avec Mosquito, Gary Jones ne recule derrière aucune excentricité. Pour concevoir nos chers volatiles, l'ancien technicien des effets spéciaux a recours, soit à la stop-motion, soit aux bons vieux câbles mécaniques, hélas probablement activés par des spécialistes avinés. Tout un programme ! Paradoxalement, force est de constater que l'on ne s'ennuie jamais. A chaque saynète éhontée, s'adjoint une nouvelle séquence encore plus loufoque et calamiteuse. Indubitablement, nous voici en présence d'un nanar haut de gamme. Mais attention, tout de même, cette série B obsolète estourbit durablement les persistances rétiniennes !

 

Côte : Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver