Genre : horreur, gore, trash, torture porn (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h29
Synopsis : Un groupe de jeunes touristes est victime d'un accident d'autocar au beau milieu du Brésil. Fidèles à leur réputation, ils décident de faire la fête sur une plage voisine plutôt que d'attendre de l'aide. Cette décision s'avère catastrophique lorsque le lendemain matin, le groupe se réveille après s'être fait droguer et piller ! Face à leur vulnérabilité, un dénommé Kiko leur offre de les héberger dans la maison de son oncle le temps d'éclaircir cette histoire. Or, il s'avère que le bon samaritain les mène droit dans la gueule du loup : un docteur adepte du trafic d'organes.
La critique :
Comme une évidence, presque une pantalonnade. Lorsque l'on invoque le néologisme du "torture porn", on songe invariablement à Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). Dans le cas du premier film susdénommé, James Wan adapte un court-métrage éponyme qu'il avait lui-même réalisé. Dixit les propres aveux de l'auteur démiurgique, Saw n'avait pas pour velléité de toiser les firmaments des oriflammes. A l'origine, il s'agit d'une série B impécunieuse qui amalgame sans fard huis clos, torture porn, thriller, horreur et une enquête policière conçue comme une sorte de puzzle démoniaque, avec ses pièges, ses supplices et ses multiples collatérales.
Pourtant, cette formule surannée flagorne les thuriféraires du cinéma gore. Paradoxalement, Saw n'a rien inventé et réitère les recettes éculées de naguère.
James Wan n'a jamais caché sa dilection pour Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977), ou encore La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972). Toujours la même antienne... Saw défie tous les pronostics et caracole en tête de peloton lors de sa sortie en salles. Aux yeux des producteurs, Saw constitue la nouvelle manne providentielle. Ces derniers exhortent James Wan à signer de nouvelles suites consécutives. Mais le metteur en scène n'a cure des instigations, voire des objurgations de ses financeurs.
James Wan affectionne davantage l'épouvante de jadis. Impression corroborée par ses longs-métrages suivants, notamment Dead Silence (2007), Insidious (2011), Insidious - Chapitre 2 (2013), Conjuring - Les Dossiers Warren (2013) et Conjuring - Le Cas Endfield (2016).
Que soit. En raison de son succès pharaonique, Saw premier du nom va se transmuter en une franchise lucrative et opportuniste, hélas cornaquée par toute une série de tâcherons patentés. En l'occurrence, Hostel obliquera - peu ou prou - vers la même trajectoire. Dans le film d'Eli Roth, c'est une étrange organisation qui s'adonne à la capture, puis à la torture de touristes dans un pays d'Europe de l'Est. Hostel signe donc la résurgence des tortures de l'Inquisition, toutefois sous l'angle du capitalisme et du consumérisme à tous crins.
Si le premier chapitre s'approxime à un film d'horreur potache et égrillard, le second volet, sobrement intitulé Hostel - Chapitre 2 (2007), affine davantage son syllogisme morbide. La franchise échoit alors entre les mains de Scott Spiegel via un inévitable Hostel - Chapitre 3 (2011).
Ce sera l'opus de trop. Le long-métrage ne sortira même pas au cinéma et écumera les bacs via le support vidéo. Mais peu importe, Saw et Hostel relancent la mode galvaudeuse du torture porn. En résulte toute une panoplie de productions peu ou prou analogiques. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que The Collector (Marcus Dunstan, 2009), Excision (Richard Bates Jr., 2012), Pernicious (James Cullen Bressack, 2015), Perseveration (Adam Sotelo, 2012), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), Living Death (Erin Berry, 2006), Captivity (Roland Joffé, 2007), Borderland (Zev Berman, 2008), The Torturer (Lamberto Bava, 2006), Seed (Uwe Boll, 2007), ou encore See No Evil (Gregory Dark, 2006) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner Turistas, réalisé par la diligence de John Stockwell en 2006. Pour l'anecdote superfétatoire, le film est également connu sous le cryptonyme de Paradise Lost. A la fois acteur, scénariste, cinéaste et producteur, John Stockwell démarre sa carrière - en tant que metteur en scène - vers le milieu des années 1980 via Under Cover (1987), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. A postériori, il enchaînera avec Tricheurs ! (2000), Blue Crush (2002), Bleu d'enfer (2005), Middle of Nowhere (2008), Cat Run (2011), Dark Tide (2012), In The Blood (2014), Kickboxer - Vengeance (2016), Countdown (2016), ou encore Riposte Armée (2017). Pas besoin d'être omniscient ni extralucide pour subodorer les accointances entre John Stockwell et le cinéma bis. En l'état, l'artiste éclectique reste un honnête artisan de la production adventice.
Rien de génial ni de réellement catastrophique dans cette filmographie erratique. A l'instar de Hostel, Turistas s'inspire lui aussi (et prétendument...) de faits réels, une information toutefois à minorer. Toujours est-il que ce torture porn n'éludera pas le couperet de la polémique. Selon les autorités brésiliennes, Turistas serait un film profondément xénophobe. A contrario, le long-métrage ne fait pas spécialement l'apologie de ses principaux protagonistes. Tous sont issus du territoire américain et sont unanimement semoncés comme des consuméristes patentés. En l'occurrence, Turistas apparaît comme un torture porn assez mineur aux yeux des spécialistes chevronnés.
Pis, pour certains contempteurs, Paradise Lost ne serait qu'un ixième succédané d'Hostel, à la seule différence que les inimitiés ne se déroulent plus dans un pays d'Europe de l'Est, mais sur les terres brésiliennes.
Reste à savoir si Turistas mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution du film se compose de Josh Duhamel, Melissa George, Olivia Wilde, Desmond Askew, Beau Garrett, Max Brown, Agles Steib, Miguel Lunardi, Lucy Ramos, Andrés Leal et Diego Santiago. Attention, SPOILERS ! Un groupe de jeunes touristes est victime d'un accident d'autocar au beau milieu du Brésil. Fidèles à leur réputation, ils décident de faire la fête sur une plage voisine plutôt que d'attendre de l'aide. Cette décision s'avère catastrophique lorsque le lendemain matin, le groupe se réveille après s'être fait droguer et piller !
Face à leur vulnérabilité, un dénommé Kiko leur offre de les héberger dans la maison de son oncle le temps d'éclaircir cette histoire.
Or, il s'avère que le bon samaritain les mène droit dans la gueule du loup : un docteur adepte du trafic d'organes. Certes, on n'attendait pas spécialement grand-chose, ou alors peu ou prou, de ce torture porn subsidiaire. Autant l'annoncer sans ambages. Ce n'est pas Turistas qui risque de faire ciller l'hégémonie rogue de Saw et Hostel. Le préambule nous promet un torture porn âpre et sanguinolent via une séquence de bistouri et d'anatomie chirurgicale pour amorcer les inimitiés. Puis, subrepticement, le métrage prend son temps pour planter le décor et ses personnages. Pour une fois, nos touristes infortunés sont plutôt crédibles. La principale carence incombe à une mise en scène indolente et soporative. Il faudra donc faire preuve de longanimité et patienter un long moment avant d'assister à de nouvelles belligérances. Face à une concurrence apoplectique et plutôt munificente en termes de scabrosités, Turistas se montre beaucoup trop pingre et parcimonieux.
Contre toute attente, ce n'est pas sur les supplications et les tortures que Turistas dénote, mais bel et bien lors de sa segmentation "survival". Pour le reste, pas grand-chose à signaler au menu des tristes réjouissances, si ce n'est une énucléation de circonstance et une autre séance d'équarrissage à coeur ouvert. Mais c'est trop peu, vraiment trop peu pour sauver ce torture porn falot et plutôt indigeste sur la durée.
Note : 08.5/20
Alice In Oliver